On annonçait un test pour Obama, les attentats ont refait surface. Les élections irakiennes font parler d'elles douloureusement. Pas plus tard qu'hier, les attentats se sont multipliés en Irak, semant mort et désolation à tout bout de champ. Pis, les groupes armés menacent de mort tous ceux qui votent ce dimanche. La branche irakienne d'Al Qaïda a lancé ses menaces dès avant-hier dans un communiqué : "Quiconque participera au scrutin s'expose à la colère de Dieu". La veille et l'avant-veille, des attentats ont ensanglanté Bagdad et Baqouba, plus au nord, faisant plus de 50 morts. Certes, pour parer aux violences, des mesures de sécurité exceptionnelles sont prises. Ainsi, à Bagdad, 200.000 membres des services de sécurité sont-ils déployés. De même, la circulation automobile est interdite dans l'ensemble des villes. Mais partout, les préventions et antagonismes se font jour. Pour les observateurs, cela n'augure rien de bon au moment où les Américains s'apprêtent à quitter l'Irak. En effet, la situation actuelle préfigure celle à venir. Divisions, folies meurtrières et réglements de compte ponctuent les échanges entre les Irakiens. En fait, c'est tout le modus operandi américain qui se retrouve sur la sellette. Encore une fois, ledit modèle politique irakien se retrouve au cœur de la sanglante dérive. Il ne faut pas se leurrer : les Américains en ont marre de gérer au quotidien un équilibre catastrophique ponctué de flambées de violences dévastatrices. Ils en accusent eux-mêmes de considérables prix. Que ce soit en termes de pertes humaines, financières ou logistiques, les Américains paient le prix fort en Irak. Sans que cela soit au moins synonyme de stabilisation du pays. Les Irakiens, eux, semblent pris dans les interstices d'une désolante fatalité. Quoiqu'on dise, les cycles infernaux reviennent au galop. L'ancien tissu économique et social irakien a été détruit. Le nouvel édifice politique peine à prendre définitivement forme et s'imposer. Cela devient un véritable nœud gordien dont tous les partenaires irakiens et régionaux pâtissent. Il va de soi qu'il est de l'intérêt de tout le monde que l'Irak se stabilise. Un Irak livré aux violences et à l'anarchie est un sujet de préoccupation sérieuse et une source de déstabilisations potentielles pour tous, personne ne cultive d'illusions ou de faux espoirs là-dessus. Il est quand même permis d'espérer que les Irakiens, toutes tendances confondues, sauront faire montre du sursaut salvateur. Auquel cas il faudra faire aussi avec les groupes non irakiens opérant eux aussi d'une manière ou d'une autre dans l'échiquier politique et militaire irakien. En fait, l'occupation américaine de l'Irak a été une occasion propice pour l'introduction de divers loups dans la bergerie. C'est désolant mais c'est effectif. Hier encore — avant l'invasion américaine en 2003 — pays hors d'atteinte des réseaux d'Al Qaïda qu'il combattait farouchement, l'Irak se retrouve aujourd'hui comme base opérationnelle de la nébuleuse armée intégriste. Idem des Iraniens et des Israéliens qui ont investi la place politique, confessionnelle et régionaliste irakienne à divers titres et niveaux. Il sera bien difficile de s'en débarrasser d'un coup de baguette magique. Plus qu'Obama en fait, les élections irakiennes sont un challenge pour ladite communauté internationale dans son ensemble. Personne ne sera à l'abri des contrecoups pervers d'une situation irakienne qui, au lendemain du retrait des troupes américaines, menacerait de dégénérer dangereusement à tout moment. Aujourd'hui, les élections irakiennes semblent préfigurer de ce qu'on ne sait pas encore dans le détail. Il faudra attendre quelques mois pour savoir si les attributs du renouveau institutionnel mis en place seront à même de contenir les ingrédients de la grande discorde irakienne en gestation depuis quelques années. Entre-temps, le jeu des illusions, de l'être et du paraître n'en finira pas de brouiller les pistes irakiennes.