Les mots, en la circonstance, ne sont que des mots, et la réalité du CA sur le terrain de jeu, diverse, âpre, joyeuse, farceuse, rebondissante, est la seule qui compte Une particularité assez étrange au CA : souvent, très souvent, le moindre faux pas et même les petits accidents de parcours remettaient tout en cause et finissaient par compromettre tout ce qui a été entrepris et même acquis. On pensait tellement aux titres et l'on s'y acharnait sans parvenir vraiment à en assurer les moyens. On sait que pour résoudre un problème, il faut poser les bonnes questions. Or, au CA, il y a trop d'écart entre ce que l'on voit et ce que l'on entend. Entre ce qui est nécessaire et ce que l'on propose. Si l'équipe est appelée, aujourd'hui, à réinventer son football et sa manière de s'exprimer sur le terrain, le club devrait faire autant dans les bureaux, dans son entourage et au sein de tout un environnement. Dans le registre où il se revendique, il se doit d'être réaliste, solidaire, tout en réduisant les débordements et en s'autorisant aux adaptations les plus et les mieux indiquées. Au risque de surprendre certains, nous pensons que ce que l'équipe laisse entrevoir à travers ses différentes prestations, ne manque ni de classe ni d'allure. Cela n'a pas manqué, du reste, de mettre en évidence un vainqueur de rang d'une épreuve qui, quoi que l'on dise, a de quoi forcer le respect. Pour ce qu'il est et pour ce qu'il symbolise, le CA a aussi le privilège de compter tant de passionnés,un public rivé sur son équipe, un public qui a toujours le sentiment exceptionnel de vivre un moment magique. Un vaste brassage de pulsions, d'audaces et de folies. On peut discourir en permanence sur les concepts, les approches technico-tactiques, la gestion des hommes, d'autres sornettes de ce type, mais il y a toujours, en démonstration de rare plénitude et de façon éclatante, une équipe, une vraie. La culture de jeu, l'originalité technique, la personnalité collective, la qualité supérieure des individualités, la façon à la fois simple et insolente de maîtriser le ballon, le goût prononcé pour le mouvement. Autant de qualités, qui ont leur raison d'être, même sporadiquement. Peut-on apprécier, même à une petite échelle, ce que Mahjoub tient à mettre en œuvre avec son équipe ? C'est une question à laquelle les amoureux du club devraient réfléchir, tout en pensant à une réponse irréfutable. Les mots, en la circonstance, ne sont que des mots, et la réalité du terrain de jeu, diverse, âpre, joyeuse, farceuse, rebondissante, est la seule qui compte. On se fait ainsi le crédit de penser qu'il y a encore et toujours quelque chose à retenir chez l'équipe clubiste. A promouvoir aussi. Quelque chose de neuf et d'intéressant. Mais oserons-nous avouer que les clichés de plus en plus déplacés par rapport à la réalité et aux véritables besoins de l'équipe ne semblent point disparaître. A vrai dire, ce qui se passe actuellement nous paraît comme le plus extérieur, sinon le plus étranger au club. C'est un peu dommage car, à chaque fois qu'on attend sa résurrection, le CA risque souvent de retomber dans ses travers. Il aurait pu certainement bénéficier de tout ce dont il aurait besoin pour s'affirmer et pour s'épanouir, mais à force d'accumuler des éléments négatifs dans un environnement défavorisant où il y a forcément moins de patience à son égard. Pourtant, il aurait pu faire ses preuves en étant moins traqué et plus loin du centre de la pression. Les exigences clubistes sont certainement différentes des autres équipes. La situation actuelle de l'équipe impose une stratégie, des pensées, des considérations de jeu adaptées, dans tous les cas suffisamment assumées. De par les aptitudes de ses joueurs, elle reste capable de mieux et de plus. Et si elle ne parvient pas encore à dégager en permanence un mélange de sérénité et de confiance, il lui faut encore apprendre à maîtriser l'art de la patience. Entre accomplissement et défaillances, au niveau technique et celui de la discipline de jeu, c'est sur le comportement collectif de l'équipe qu'il faut miser.