Aussi bien dans les petits que dans les grands clubs, l'entraîneur a du mal à trouver sa place et sa protection n'est plus assurée. C'est un grand problème car il y a de plus en plus de gens pour intervenir dans des registres qui ne sont pas de leur ressort et dont ils ignorent souvent les éléments de base Le football, le sport en général, représente un formidable moyen pour favoriser l'intégration. C'est un magnifique outil pour la jeunesse, la meilleure école pour véhiculer des valeurs saines, la discipline, l'esprit collectif. La fidélité, aussi et surtout. Mais face aux contraintes et obligations des temps modernes, le quotidien des équipes est devenu plus important que la stratégie pure. L'entraîneur est le premier à en payer les frais. Plus encore : il est devenu le bouc émissaire à travers lequel on essaie de camoufler les problèmes et de survivre à ses défaillances et à ses faiblesses. Il faut dire que le statut et la vocation de président de club, désormais seul maître à bord, n'ont plus aujourd'hui la même signification. Au fait, ce dernier est-il devenu l'homme le plus important du club? Cela ne dépend plus du contexte, mais surtout d'un mode de fonctionnement assez particulier puisqu'il est désormais omniprésent et intervient souvent et sans la moindre retenue parce que le football exerce un charme et une force d'attraction extraordinaires. Aussi bien dans les petits que dans les grands clubs, l'entraîneur a du mal à trouver sa place et sa protection n'est plus assurée. C'est un grand problème car il y a de plus en plus de gens pour intervenir dans des registres qui ne sont pas de leur ressort et dont ils ignorent souvent les éléments de base. On connaît toujours l'argument. Mais force est de constater que le football est devenu non seulement un tremplin pour des ambitions personnelles, mais qu'il est aussi utilisé de façon négative. Un produit de consommation qui ne donne plus l'impression de pouvoir remplir un rôle éducatif et préventif. Serait-il pour ainsi dire moins moral qu'auparavant? On ne veut pas jouer à l'ancien combattant et en appeler sans cesse au bon vieux temps. On a toutefois l'impression qu'il y a davantage de débordement, de dénaturation. La faute est partagée. En fait, les défaites, les déceptions n'incombent pas seulement aux joueurs et à leurs entraîneurs. Le football semble aujourd'hui subir les excès des différents intervenants, qui se multiplient et dont la présence est due à l'extrême médiatisation d'un sport et d'une activité pas comme les autres. Il y a justement trop de matches diffusés à la télévision où, à force de tout décortiquer, de rentrer dans les vestiaires, on fait perdre au football une part de son mystère et de son charme. Trop souvent, les analyses des consultants sont superficielles. Un sur dix sait ce qu'il raconte, les autres trompent le public et font du mal au football. Face à tout cela, aux présidents de clubs, aux critiques de tout bord, l'entraîneur peut voir son autorité affaiblie, y compris d'ailleurs face à des joueurs qui gagnent souvent plus que lui. Même si c'est toujours lui qui commande, il n'est pas souvent écouté. La relation président-entraîneur est essentielle dans la réussite du club. L'entraîneur doit bénéficier d'une véritable liberté, celle qu'il mérite pour exercer pleinement son travail. Mais le métier d'entraîneur serait devenu de nos jours plus dur à gérer à cause de la pression. Être entraîneur, c'est aussi savoir maîtriser la communication, éviter de ressentir la pression et penser qu'il serait préférable de mourir pour ses idées que de se renier. Herrera, Michels, Cruyff, Capello, Mourinho et tant d'autres noms se ressemblent. Mais ils ont au fait un point commun: l'amour du football. La passion les guide. Après, chacun a sa vision, sa propre philosophie. Ce qui valorise un technicien, c'est avant tout l'amour de son métier, ses connaissances et ses résultats. Il faut dire que quand on se lance dans la profession, le vécu est important. Beckenbauer, Cruyff ont dominé autant comme joueurs que comme entraîneurs, ou sélectionneurs. Ils ont dominé parce qu'ils étaient aussi respectés pour ce qu'ils étaient et pour ce qu'ils sont aussi censés devenir. Cela veut-il dire qu'un grand joueur fait obligatoirement un grand entraîneur? Pas forcément. Mais d'une manière générale, de grands anciens joueurs sont plus enclins au succès que d'autres qui n'ont jamais été de grands footballeurs.