La colère grondait hier dans l'entrepôt de la Transtu de la Charguia, fruit du malaise dans l'entreprise. Chauffeurs, receveurs et employés administratifs ont occupé les lieux, en signe de protestation contre leurs conditions de travail et les abus de l'administration. Sur les murs, on pouvait lire, écrit en gros caractères " Sassi Yahia, dehors" , allusion faite au P.-d.g. jugé indésirable au sein de la société. Aucun bus n'a quitté hier l'entrepôt tout au long de la matinée. A l'intérieur, les véhicules jaunes stationnaient, silencieux, en file continue. Pour témoigner leur colère, des chauffeurs sont montés sur le toit des véhicules. D'autres n'ont pas quitté leur siège de chauffeur, refusant de mettre le contact. Les revendications sont nombreuses. Cela fait un certain temps que les employés cherchaient à faire entendre leur voix auprès de la direction générale. Mais cette dernière n'a, semble-t-il, jamais voulu écouter leurs doléances. Parmi ces doléances, autoriser les employés licenciés de façon « abusive » de réintégrer la société. Les grévistes exigent, par ailleurs, que le recrutement soit automatique après une année d'exercice, ce qui n'est pas le cas actuellement, le recrutement se faisant après quatre ans de vacation. Les employés de la société déplorent également leurs mauvaises conditions de travail et reprochent à la direction générale de refuser toute forme de dialogue. « Je vous cite un exemple. Nous ignorons le règlement interne de la société. Nous n'avons trouvé personne avec qui communiquer sur nos droits », relève un employé de la société. Parmi les autres doléances: la société devrait acquérir de nouveaux bus, ce qui permettrait d'augmenter les dessertes et d'augmenter le nombre d'usagers . « Dans la mesure où il n'y a pas un nombre suffisant de bus qui assure la desserte de certaines lignes, nous sommes obligés pour ne pas laisser nos usagers attendre trop longtemps et de faire monter le plus grand nombre. Par conséquent, il y a surcharge des bus la plupart du temps ». Par ailleurs, des employés ont insisté sur le fait que certains véhicules devaient être mis hors service car leur mauvais état représentait un réel danger pour le personnel et les usagers. « En cas d'accident, on accuse toujours le chauffeur mais il faut voir aussi l'état d'entretien du véhicule ». Certains dénoncent également ce qu'ils considèrent comme des formes « d'abus » de la part du premier responsable en matière de congés, de compensation, de payement des heures supplémentaires. « Nous avons droit à 24 jours de congé par an. Réellement, nous ne pouvons prendre que neuf jours de congé. Par ailleurs, nous travaillons six heures quarante par jour. Lorsque nous faisons des heures supplémentaires, nous somme payés deux cents millimes l'heure. Or nous demandons que l'heure supplémentaire soit alignée au tarif de l'heure normale ». Enfin, les deux doléances qui auront fait l'unanimité concernent l'augmentation des salaires et le fait de permettre aux employés et à leurs familles de pouvoir prendre gratuitement le bus à partir de n'importe quelle région du territoire. ------------------------------------------------------------------------ La branche bus dans le collimateur Les habitants du Grand-Tunis se plaignent de l'absence des bus. Afin d'en savoir plus, nous avons contacté, hier, M. Elyes Soukah, directeur conseiller au sein de la Transtu, qui nous a fait la déclaration suivante : « La société fait face ces derniers jours à une grève menée par ses employés travaillant dans la branche des bus, ce qui n'est pas le cas pour la branche du métro qui continue de tourner convenablement. En effet, les grévistes ont organisé une marche depuis notre entrepôt de la Charguia jusqu'à notre siège situé à Montplaisir. Les grévistes ont demandé le départ du P-d.g., M. Sassi Yahia, parce qu'il est membre du comité central du RCD et la démission du secrétaire général de l'Ugtt, M. Abdesslam Jrad. Il reste à signaler que les employés de la branche bus ont voulu interdire la circulation du métro et appeler leur collègue de cette branche à rejoindre leur mouvement, ce qui nous a contraint à prendre la décision de faire revenir les métros à notre entrepôt de Tunis-Marine vers 13h00 et de les remettre en circulation vers 15h00. Enfin, notre direction tient à préciser à l'opinion publique qu'elle est prête pour toute négociation avec les grévistes. Mais il faut que ces derniers choisissent un ou deux interlocuteurs pour bien mener les négociations et déboucher sur une solution». Avec un retour à la normale, la semaine prochaine, pour nos écoles et nos universités, il est conseillé d'être plus responsable dans de tels moments. Car qu'on le veuille ou non, sans transport public, on ne peut pas parler de retour à la normale de l'activité dans le pays. Abdel Aziz HALI