N'a-t-on pas dit un jour: «Après la pluie, le beau temps» ? En fait, meurtri dans sa chair et dans son âme 23 ans durant, le pays est en train de se reconstruire, y compris ses secteurs économiques stratégiques, bien évidemment. C'est le cas du tourisme, plus particulièrement le tourisme saharien, qui devrait être repensé pour une véritable amélioration. Dans cette optique, la reconstruction d'un produit national de valeur implique aujourd'hui l'adhésion franche, effective et convaincue de toutes les parties prenantes. D'ailleurs, malgré ses dunes sublimes, ses oasis rêveuses, l'hospitalité de ses populations résidente et nomade et son histoire particulière, faisant de lui un territoire original, le désert tunisien n'a accueilli que 219.359 touristes en 2010, avec 353.767 nuitées, selon les statistiques du ministère du Tourisme. Des taux pratiquement en deçà des objectifs escomptés. Ce qui implique, sans aucun doute, une révision globale et minutieuse des stratégies et démarches adoptées, lesquelles devraient être, désormais, à la page d'une concurrence internationale de plus en plus grandissante. Toujours est-il que la mise en place d'une stratégie nationale à moyen et à long termes serait, à vrai dire, la clef de voûte pour améliorer l'activité touristique du côté du désert et doper, par la suite, les recettes du secteur. Notamment une stratégie qui devrait allier le matériel et l'immatériel. Autrement dit, où l'on prendra en considération la qualité de l'infrastructure (hôtels, restaurants, espaces d'animation…), la dynamisation des rites populaires et la multiplication des activités culturelles. Car un touriste qui choisit de se rendre dans les plaines désertiques mène, après tout, une quête de dépaysement, sans pour autant sacrifier la qualité des prestations. Dans ce sens, il faut reconnaître que notre tourisme saharien souffre de certaines défaillances, au niveau de l'infrastructure d'accueil, de l'insuffisance des structures d'encadrement touristique et des potentialités sous-valorisées. D'où la nécessité d'une mise à niveau susceptible de redonner à ce secteur la place qui lui est due. La diversification, un enjeu majeur Le Sud tunisien est doté justement d'une riche palette de sites touristiques d'un intérêt avéré comme les grottes de Matmata, les ruines de Guermassa, à l'ouest de Tataouine et la mosquée des sept dormants à Chenini, pour n'en citer que ceux-ci. Ces sites historiques pourraient constituer un circuit culturel susceptible d'attirer les férus du tourisme culturel et les curieux en quête de vestiges historiques. De ce fait, la présence de guides culturels chevronnés est aussi nécessaire que profitable à ce genre de tourisme. De surcroît, l'un des principaux atouts du Sud est qu'il regorge d'une importante richesse faunistique dont des espèces endémiques de gazelles, d'hyènes, d'oiseaux et de dromadaires. Un atout qui ne semble pas être bien exploité, puisque ni les campagnes publicitaires sur la Toile ni celles organisées dans les pays cibles n'en parlent suffisamment. L'autre préoccupation serait, également, les méharées dénuées de leur charme d'autrefois, vu que les circuits sont de plus en plus réduits et ne relèvent pas, pour la plupart du temps, de sites historiques et archéologiques. Ajoutons que les randonnées organisées n'offrent plus aux touristes le spectacle du vécu quotidien du désert, où se marient authenticité et simplicité. Tout autant que le cheptel des dromadaires est en nette régression, du fait de la commercialisation de cet animal, emblème du désert tunisien, dans des pays voisins. Ce qui contribuera à un certain appauvrissement faunistique de notre désert et affectera l'attractivité de ces zones touristques. En outre, en comparaison avec une destination voisine, les principaux sites tunisiens présentent une densité touristique faible, avec un taux de dépenses réduit par touriste. Et ce, faute d'une bonne valorisation des atouts du Sud tunisien, en plus de la modestie des gammes ciblées. De là, pour un produit tunisien compétitif sur le plan international, un coup de lifting allant progressif s'avère insurmontable. A commencer par la valorisation des ressources naturelles et rurales et leur préservation. Puis, veiller au respect de l'authenticité socioculturelle des communautés d'accueil, en leur offrant des avantages socioéconomiques, comme l'encouragement de la production d'articles artisanaux typiques, à commercialiser auprès des touristes. Ainsi, l'on parvient non seulement à valoriser le patrimoine et à préserver l'identité culturelle du Sud, mais aussi, à créer une dynamique de développement régional sur des bases fiables et durables. Plus encore, la valorisation de la destination Tunisie-Sud pourra, également, passer par la programmation de grands évènements sportifs authentiques. On pense surtout aux courses de dromadaires et de chevaux pur-sang arabe, lesquelles devraient s'étendre sur toute l'année pour au moins une fois par saison. Sachant que dans le même contexte et pour créer une offre d'animation riche, variée et complémentaire aux infrastructures de base, on pourra doter la ville de Tamaghza d'un grand festival de cinéma auquel on convierait des vedettes mondiales de la musique et du 7e art, afin de mieux faire connaître la destination tunisienne tout en ciblant le haut de gamme.