Le ministère des Finances a prolongé d'un mois les délais de la vignette auto. Les propriétaires de voitures avec séries d'immatriculation paires devront se présenter à la recette des finances avant le 5 avril 2011, tandis que ceux possédant des véhicules à numéros de série impairs devront retirer leurs vignettes avant le 5 mai prochain. Et si tout le monde payait la vignette ! Plusieurs propriétaires de véhicules échappent à cette obligation : police, magistrats et avocats. Il va sans dire que cette «faveur» illégale laisse la porte ouverte à tous les excès, à commencer par la tendance à en faire profiter des proches ou des amis. Il suffit de se procurer un badge au nom d'un corps étatique ou d'une institution officielle pour circuler sans problème. Cette irrégularité révolte car personne n'est au-dessus de la loi. Et un Etat qui ne respecte pas ses lois ne mérite aucun respect. Cela nous rappelle une période où le régime politique se permettait tous les dépassements, toutes les entorses possibles et imaginables à la loi. Désormais, la révolution a pour objectif de rebâtir notre société sur la base de réglementations et d'institutions ayant un sens structurant à même de générer des comportements citoyens et responsables. Dorénavant, plus rien ne doit être comme avant : plus jamais de passe-droits, plus jamais d'impunité, plus jamais d'injustice… Une source de financement A propos de cette taxe à la circulation, nous sommes tentés d'avancer une suggestion, dans la perspective de la décentralisation administrative, semble-t-il à l'ordre du jour. Pourquoi ne pas envisager une planification beaucoup plus directe: permettre aux régions de profiter des recettes de la vignette auto… Imaginons les dizaines de millions de cette taxe confiées à la gestion de l'administration régionale, sous l'autorité du département des Finances et sur la base des besoins réels. Il y aura moyen non seulement de favoriser la création de petits et moyens projets pour l'emploi des diplômés chômeurs dans chaque région mais aussi d'améliorer les infrastructures et les services dans chaque gouvernorat. La répartition des moyens sur l'ensemble des régions est déjà un premier pas vers un équilibre socioéconomique. L'amélioration de l'infrastructure de base dans les régions attire les investisseurs, améliore la productivité et servirait à fixer les populations dans leurs villes ou villages, allégeant ainsi l'énorme pression sur le Grand-Tunis et sa périphérie. Pression traduite par un boom démographique qui pose de sérieux problèmes et de coûteuses solutions comme ces grands projets urbains budgétivores destinés non seulement à loger les nouveaux arrivants mais aussi à décongestionner la circulation dans la capitale et ses entrées.