AL QODS OCCUPEE (Reuters) — Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est monté au créneau hier pour tenter d'apaiser les tensions, sans précédent depuis trente-cinq ans, entre les Etats-Unis et Israël. La crise entre les deux alliés a éclaté au grand jour le 9 mars lorsque le ministère israélien de l'Intérieur a annoncé un projet de construction de 1.600 nouveaux logements juifs dans une partie Cisjordanie annexée par Israël à Al Qods. Cette annonce, au beau milieu d'une visite du vice-président américain Joe Biden pour tenter de raviver le processus de paix, a été jugée «insultante» par la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Celle-ci a sommé le chef du Likoud de prouver concrètement qu'il était réellement désireux d'aboutir à la paix et, selon la presse israélienne, elle aurait demandé à Netanyahu de revenir sur la décision de lancer de nouveaux chantiers à Al-Qods-Est. Clinton a contrebalancé mardi ses propos en rappelant que les Etats-Unis étaient indéfectiblement attachés à la sécurité d'Israël, mais le département d'Etat a rappelé qu'elle attendait rapidement une réponse d'Israël à sa mise en demeure. Netanyahu, qui n'a reconnu qu'une «erreur de timing» dans l'annonce de ces nouveaux chantiers, s'en est excusé auprès de Biden lors de sa visite, puis a eu de nouveau une conversation téléphonique avec lui mardi, mais il n'a pas renié le projet et assuré que la colonisation d'Al Qods se poursuivrait. Netanyahu se dissocie de son beau-frère Cette attitude a poussé le Président palestinien Mahmoud Abbas à revenir sur son acceptation de pourparlers indirects avec Israël par le truchement de l'émissaire du Président Barack Obama au Proche-Orient, l'ancien sénateur George Mitchell. Celui-ci, qui devait revenir dans la région cette semaine, a reporté sine die sa nouvelle mission, le Président palestinien réaffirmant pour sa part hier son exigence de voir Israël non seulement revenir sur son initiative mais également geler totalement ses activités de colonisation. De son côté, Netanyahu a dû jouer les pompiers dans les relations israélo-américaines en désavouant des propos du frère de sa femme Sara, qui avait taxé Obama d'antisémitisme mardi au micro de la radio israélienne. «J'apprécie profondément l'attachement du Président Obama en faveur de la sécurité d'Israël, qu'il a exprimé à de nombreuses reprises», a fait savoir Netanyahu, dans un communiqué visant à se démarquer de son beau frère ultra-nationaliste Hagaï Ben-Artzi. La crise dans les relations américano-israéliennes suscite à Al Qods la crainte qu'en pâtisse la coopération entre les deux pays face à ce qu'ils perçoivent comme la menace nucléaire de l'Iran. A Washington, où Netanyahu doit s'adresser lundi à l'Aipac, le principal lobby pro-israélien, certains parlementaires critiquent la Maison-Blanche pour son intransigeance vis-à-vis d'Israël, des critiques à l'origine de la réaffirmation mardi par Clinton du «lien inébranlable» entre les deux pays. Lors de sa visite lundi à Washington, il n'est pas prévu que le Premier ministre israélien soit reçu à la Maison-Blanche, d'autant que le Président Obama sera au même moment en déplacement à l'étranger.