La fédération est-elle là seulement pour gérer les calendriers? N'a-t-elle pas ressenti le besoin de prendre en main ces dossiers de fond ayant trait au "professionnalisme raté" dont les clubs n'arrivent pas à se sortir? Doute et craintes à propos de la reprise des compétitions, demandes de subventions de soutien, impossibilité d'honorer des engagements de parties contractuelles, audiences et doléances des joueurs qui viennent contredire la cacophonie des présidents de clubs, projet de création d'un syndicat des joueurs "professionnels", silence de rigueur de la part des pourvoyeurs de fonds potentiels, déclarations contradictoires de présidents de clubs aux abois, démission à la carte annoncée, mais qui "cherche encore le bon moment" (?!) et bien d'autres choses encore, viennent confirmer le désarroi des instances fédérales et la frilosité de nos clubs. On navigue à vue… Dans ces conditions, alors que la reprise des compétitions semble bien hypothétique, les dossiers de fond restent le dernier des soucis de tous. Nous pensons que nous avons plus que jamais besoin de savoir où nous en sommes, tout en sachant où aller. En l'état actuel des choses, ni les clubs ni la fédération ne semblent engagés sur la voie passante. On perd du temps et on temporise pour ne pas prendre de décision, par peur d'enclencher un processus risquant de capoter à n'importe quel moment. Nos clubs pensent-ils qu'ils auront les mêmes accès, les mêmes facilités, les mêmes passe-droits? Pensent-ils qu'ils pourront dorénavant se comporter comme ils l'ont toujours fait jusque-là? Ont-ils déja ressenti le besoin d'instaurer un minimum d'ordre, de discipline et de régulation pour mettre fin aux abus dévastateurs pour ces entités mal en point? Considérant les contraintes imposées par une période plus ou moins longue de remise à flot, au niveau de la situation économique et financière, les...mécénes regarderont à deux fois pour débourser de l'argent. De toutes les façons, avec des clubs déjà mal en point, à la limite de la viabilité, en cette période délicate, nous avons besoin d'être aussi prudents que raisonnables. Certains dirigeants semblent n'avoir rien compris à cette situation et nous sommes bien surpris par leur dangereux déphasage par rapport à la réalité. C'est ainsi, par exemple, qu'alors que l'on se plaint d'être à court d'argent et qu'on s'efforce par tous les moyens à employer nos diplômés, certains s'évertuent sans vergogne à chercher à recruter des techniciens étrangers dont l'apport reste plus que jamais douteux, et que nous serons obligés de payer en devises. Donnons la chance à nos cadres et ils sont compétents, à nos jeunes, encadrons- les, fixons des objectifs et demandons des comptes. N'est-il pas plus opportun de former nos jeunes joueurs civiquement, techniquement et psychologiquement, accordons-leur le minimum d'espace, de crénaux horaires appropriés, de matériels et d'équipements spécialisés pour qu'ils puissent évoluer, tout en fournissant au personnel d'encadrement tunisien ce qu'on serait disposé à accorder à un étranger. Sachons que de nos jours, les Fabio, Kristic, Nagy ne courent pas les rues et qu'aucun bon formateur étranger n'est actuellement en chômage. Les meilleurs joueurs du pays ont été formés par nos techniciens, à Kairouan, Bizerte, Sousse, Sfax, Ariana, Gabès, Zarzis, Melassine, El Omrane, Béja ou ailleurs. A l'heure où nous devons "consommer tunisien" et alors que nous avons besoin d'être plus regardants aux dépenses, on continue à faire les fanfarons. La fédération est-elle là seulement pour gérer les calendriers? N'a-t-elle pas ressenti le besoin de prendre en main ces dossiers de fond ayant trait au "professionnalisme raté" dont les clubs n'arrivent pas à se sortir? Ne ressent-elle pas qu'il y a quelque chose à faire pour rappeler les différentes parties prenantes à l'ordre et instaurer une ligne de conduite conforme aux nouvelles réalités qui se sont imposées?