• Après six ans de travail, le chômage garanti Le message inscrit sur l'une des banderoles «Rendez-moi mon emploi !… Pour ma dignité… Pas de pitié !» résume les demandes du sit-in organisé, hier, au siège du ministère de l'Enseignement supérieur, par les assistants technologues. Venus de toutes les régions, tous chômeurs, les assistants technologues semblent déterminés pour faire prévaloir leurs causes. Dans la foule, M. Mourad Chaouech, ex-assistant technologue de l'Iset Kairouan, s'est inquiété : «Notre situation est catastrophique. Au seuil de la quarantaine et sans expérience professionnelle, mon profil est loin d'être intéressant pour les chefs d'entreprise. L'université nous a manipulés. Elle nous a pressés comme un citron pendant 6 ans et puis on s'est retrouvé au chômage, paraît-il de longue durée». Pour expliquer l'ampleur de leur peine, il a rappelé brièvement, avec amertume, ses années de travail «après avoir été sélectionné pour le poste d'assistant technologue, mon enthousiasme et mon dévouement m'ont permis d'honorer 13 heures d'enseignement (cours et travaux dirigés), avec tout le travail de préparation nécessaire, 11 heures d'encadrement des travaux de recherche des étudiants, ainsi que l'accompagnement des étudiants stagiaires au sein des entreprises. Cette énorme charge m'a essoufflé. D'où, aucun avancement dans nos travaux de recherche, aucune préparation pour aucune autre alternative. Résultat, le chômage après 6 ans de travail. On a été sanctionné sur la base d'un concours biaisé dont 80% des admis sont des adhérents de l'unité de recherche du président des jurys, statistiques à l'appui. Ensuite, ledit concours a été suspendu. Avec tout ça, j'ai réussi l'épreuve écrite deux fois. Mais à l'oral, ce sont les moins expérimentés qui passent». Son collègue, Nader Ayadi, ex-assistant technologue en gestion à l'Iset de Sfax, a expliqué : «Le 22 février, le conseiller de l'ancien ministre s'est montré compréhensif et au courant de toutes les ficelles de notre dossier. Il nous a promis de trouver des solutions. Toutefois, après quelques semaines, tous nos contacts pour le suivi de la situation ont été rejetés. Une réticence manifeste de la part du ministère et des autres institutions, voire même ceux censés défendre nos intérêts». Et d'ajouter : «Aujourd'hui, notre action vise à faire entendre notre voix aux responsables, notamment le ministre de l'Enseignement supérieur. En effet, à vocation essentielle pour l'enseignement et avec une moyenne d'âge dépassant les 35 ans, les ex-assistants technologues n'ont pas de réelles chances pour intégrer d'autres fonctions. On ne cesse de rappeler qu'on a milité pour la Tunisie. On a formé plusieurs promotions. On a enseigné, encadré, supervisé, accompagné… Nous faire ‘‘dégager'' après 6 ans d'expérience est contradictoire avec toutes les valeurs et les lois». Au chômage aussi, et en colère, Mme Jihen Gabsi, ex-assistante technologue de l'Iset Sfax, a avancé : «Je me sens victime d'une discrimination inacceptable. D'ailleurs, l'ancien ministre a programmé un concours interne pour régulariser la situation de nos collègues, titulaires d'un diplôme spécifique, alors qu'on a été assimilé à des externes. Rien ne justifie cette position. On a signé le même contrat (durée, traitements et salaires, charge horaire) et on a honoré tous nos engagements, voire plus. Après une dizaine d'années d'enseignement, je me vois mal dans un autre travail». Accueillis par le ministre de l'Enseignement supérieur, les représentants des assistants technologues ont été informés de la formation d'un comité pour étudier leurs dossiers. Au chômage, malgré leurs études supérieures avancées et leur longue expérience dans l'enseignement, les assistants semblent peu satisfaits par les promesses du ministre. Les manifestants s'organisent pour d'autres actions.