Une conférence regroupant les étudiants des Iset et d'autres intervenants, prévue le 15 janvier Ayant débuté avec quelques milliers d'étudiants, il y a près de dix ans, les Instituts supérieurs d'enseignement technologique (Iset) en comptent, aujourd'hui, environ 50.000. Ils sont passés de 7 à 24 établissements (entre 1995 et aujourd'hui). Cette évolution n'a pas été sans causer de problèmes. Au cours de cette année universitaire, les mouvements de débrayage et les perturbations des cours dans certains de ces instituts ont été notoires. Etudiants et enseignants se sont mobilisés pour faire connaître quelques-unes de leurs revendications. En effet, pour les deux parties, l'accumulation des difficultés et les horizons incertains de l'enseignement dans les établissements ont entraîné une sorte de malaise qui n'a pas cessé de s'accroître. Les mois de novembre et décembre ont vu des grèves de la part des enseignants technologues, d'un côté, et des étudiants, de l'autre. 6.500 diplômes par an, soit 6 % de l'ensemble Plusieurs points ont été soulevés lors des réunions et des rencontres entre les différentes parties. Il s'agit, par exemple, de la qualité des diplômes délivrés par ces instituts. Les étudiants pensent qu'ils trouvent beaucoup de difficultés à s'intégrer dans le tissu économique et sur le marché du travail. La faute, selon eux, est due à ce que les employeurs ont une mauvaise opinion de la formation des étudiants des Iset. Bon an, mal an, ces instituts délivrent environ 6.500 diplômes, soit 6 % de l'ensemble des diplômes universitaires. Un autre point suscite leur intérêt : il concerne la multiplicité des filières. Mais c'est la dernière mesure du ministère de l'Enseignement supérieur de réviser le régime des études dans les Iset qui a fait déborder le vase. Une telle mesure a mécontenté les représentants des étudiants qui reprochent aux autorités de ne pas être associés à l'action envisagée d'autant qu'elle les touche de près et qu'ils sont les premiers concernés. Cela réduirait encore plus leurs chances de trouver un emploi ou de poursuivre des études en mastère. Il faut y ajouter, en plus, la possibilité de réduire le nombre de modules semestriels et la rumeur sur le rattachement prochain des Iset au ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi. Toutefois, on sait que ces établissements ont été créés, justement, dans un but très précis : former des techniciens pour répondre aux besoins des secteurs secondaire et tertiaire. La durée moyenne des études est de 5 semestres soit 2.71 ans. Le régime des études se caractérise par un (ou 2) semestre(s) de formation de base dans la spécialité, trois (ou 2) semestres de formation approfondie et de spécialisation et un semestre de formation en alternance intégrant le projet de fin d'études. La formation est complétée par une évaluation semestrielle de l'étudiant, un stage ouvrier après le premier semestre et un stage de technicien après le troisième semestre. Des possibilités sont même offertes aux lauréats pour poursuivre leurs études supérieures. Et il serait inconcevable de voir la situation dans une impasse. Le coût d'un étudiant est assez élevé pour qu'on le lâche ainsi dans la nature sans débouchés et sans perspectives. On estime, d'ailleurs, que le coût moyen de formation annuel d'un étudiant dépasse les 1.630 DT. Il s'élèverait à 2.190 DT pour le secteur secondaire et à 1.070 DT pour le tertiaire. Réhabilitation des technologues Les enseignants ont pour tâche de fournir une formation de base et dont la mission aussi est d'assurer un enseignement intégré et de participer à des programmes de formation continue, d'études, de recherche appliquée ou de transfert de technologie dans le cadre de partenariat avec les entreprises. D'autres enseignants participent à cette formation (enseignants-chercheurs, professeurs-associés, professeurs de l'enseignement secondaire, etc.). Il faut indiquer que 30% des enseignements sont assurés par des professionnels et des hommes de terrain. Pour ces technologues, les demandes sont, également, nombreuses. Une des revendications a trait à ce qu'ils appellent l'homologation avec leurs collègues professeurs de l'enseignement supérieur. Le «faible salaire» qu'ils perçoivent a poussé près de 20 % d'entre eux à chercher un autre emploi. Cette «marginalisation» des technologues leur est insupportable. Ils demandent, donc, une revalorisation de cette profession et sa réhabilitation. Les choses se sont encore compliquées avec la démission, dans quelques Iset, des membres du conseil scientifique. A cela, le ministère a réagi en multipliant les appels au dialogue et à la participation à l'action menée pour améliorer le rendement de ces institutions. Dans un communiqué en date du 29 novembre, le ministère rappelle sa disposition à faire participer les étudiants dans les réformes qu'il envisage de réaliser et de continuer à examiner les questions spécifiques à ces instituts. D'un autre côté, des directeurs d'Iset, réunis le 5 décembre dernier, ont déploré la situation à laquelle sont arrivés ces établissements. Ils ont décidé de se mobiliser et d'agir de concert avec les autorités de tutelle pour tenter de désamorcer la crise. Des mesures pratiques ont été prises dont l'organisation d'une conférence regroupant les étudiants en collaboration avec la direction générale des études technologiques et en présence des directeurs et des représentants des étudiants dans les conseils de classes. Le rendez-vous a été pris pour le 15 janvier 2013 à l'Iset de Sfax. Ce sera l'occasion de débattre des vrais problèmes auxquels ce système d'enseignement fait face, ainsi que l'avenir de la formation. A titre de rappel, ce sont les étudiants eux-mêmes qui appellent à une amélioration du rendement des Iset et à réserver un meilleur avenir aux diplômés qui en sont issus. Cela passe, nécessairement, par une réforme. Mais il nous semble que cette réforme ne peut pas se faire en dehors de la réforme attendue de tout le système de l'enseignement supérieur. Des efforts, comme on le voit, qui ne peuvent être réalisés qu'en commun. C'est-à-dire en faisant participer toutes les parties : enseignants et étudiants en tête.