Par Mohamed Ali ZARDOUM Je tiens tout d'abord à vous remercier pour le combat que vous avez mené à pendant des années contre le président déchu et son pouvoir despotique et qui a illuminé tant bien que mal le chemin de cette jeunesse éclairée qui a fini par renverser le despote. Etant un jeune de ce valeureux peuple qui suit les méandres de la scène politique qui a émergé depuis le 14 janvier, je trouve que le danger majeur qui guette la révolution est l'obscurantisme de certains groupuscules qui s'autoproclament les détenteurs de la vérité absolue. Ô combien j'ai peur, que dans une quinzaine d'années, lorsque mon fils me posera la question : mais pourquoi papa vit-on dans un pays dogmatique où tout est interdit et banni ? Je lui répondrais : qu'un certain mois de décembre 2010, on s'est révolté contre un despote en aspirant construire un Etat démocratique, libre, moderne et que malheureusement notre élite démocratique n'as pas su faire un front ou une coalition pour barrer le chemin aux forces occultes et rétrogrades. Mais comment peut-on discuter d'un Etat démocratique avec un mouvement connu pour ses volteface, son double langage et sa duplicité ? Et dire qu'aujourd'hui Ennahdha a émis des réserves sur le Pacte républicain, un signal fort parmi tant d'autres, comme accuser les manifestants anti-Ghanouchi à Hammamet et Kelibia d'athées. Eh oui, c'est la spirale de si tu es avec moi, tu es ‘‘muemen'' ou croyant et si tu es contre moi, tu es ‘'kefer'' ou athée avec toutes les conséquences que cela pourrait engendrer : bonjour les dégâts. Et dire qu'un des leaders d'Ennahdha n'a pas sourcillé dans une émission diffusée sur une chaîne privée depuis presque un mois en s'adressant à un professeur de sciences sociales en lui disant : mais vous voulez nous imposer le projet d'une Tunisie moderniste ? Oh, non messieurs, vous pouvez vous affubler de toutes les vertus démocratiques du monde mais je ne vous crois pas car vous portez dans vos pensées un extrémisme qui ne laisse pas de place au dialogue. La date butoir du 24 juillet arrivant à grands pas, les deux projets qui s'affronteront lors des prochaines élections seront la Tunisie selon Ennahdha et la Tunisie démocratique. Ce qui me désole, me chagrine et m'écœure, c'est que l'émiettement des forces démocratiques ne fera pas le poids contre Ennahdha (c'est ce que je constate sur le terrain car je vois de l'inconscience et de l'incompréhension chez beaucoup de mes compatriotes) et lui facilitera ainsi beaucoup la tâche. Donc je vous conjure, chers messieurs, de laisser vos querelles de côté et de vous unir dans une liste commune dans laquelle le Tunisien se reconnaîtra et pour laquelle il votera comme étant le projet de la Tunisie moderne et démocratique. Notez bien qu'avec 30% des sièges, Ennahdha sera un acteur incontournable dans la prochaine Assemblée dont l'enjeu est une Constituante : c'est-à-dire tout l'avenir du pays. La Constituante faite, j'espère d'ailleurs, selon les aspirations de la jeunesse et de la révolution, qu'il y aura d'autres rendez-vous électoraux parlementaires ou présidentiels où vous pourriez vous battre pour assouvir votre soif de pouvoir tout aussi légitime d'ailleurs, et que personne ne vous contestera, vu votre parcours contre le despote déchu.