Hier, dans la salle de cinéma 7e Art, s'est tenue une conférence de presse en présence d'une grande partie du corps du métier cinématographique, autour de la présentation de l'Association tunisienne des réalisateurs de films et autour de l'annonce de la création d'un front des associations culturelles. Le front en question est une réaction des intellectuels tunisiens à différents événements qui ont eu lieu dernièrement, et qui constituent, selon eux, une menace pour la création et la liberté artistiques. L'incident central, évoqué lors de cette conférence, est survenu le 17 avril dernier quand les partisans d'Ennahdha ont fortement applaudi, lors d'un meeting au Palais des Congrès, des propos incitant à la liquidation «par Kalachnikov» du réalisateur tunisien Nouri Bouzid, propos contenus dans la chanson du rappeur au profil polémique Psyco-M, alias Mohamed Jendoubi. C'est Nouri Bouzid en personne qui est venu en parler, muni d'un manifeste dans lequel il déclare son indignation et son intention de porter plainte contre le parti et contre le rappeur. Dans la dernière phrase de son manifeste, le cinéaste appelle «toutes les parties politiques à protéger la création et les artistes de l'extrémisme et des intimidations». Les présents ont joint leurs voix à la sienne et ont demandé à s'unir pour faire face à de telles pratiques. On a même proposé que la plainte soit déposée au nom de toutes les associations culturelles. Celles-ci, dans l'intention de s'unir dans le front susmentionné, projettent également d'organiser une grande fête à laquelle les Tunisiens seront invités, pour établir un dialogue et dépasser la peur de part et d'autre. Le principal objet de la conférence reste tout de même l'annonce de la création de l'Association tunisienne des réalisateurs de films. Tout comme l'Association des cinéastes tunisiens, cette organisation a eu toutes les difficultés à exister avant le 14 janvier. «Elle aurait dû voir le jour en 2005, n'eut été le refus du ministère de l'Intérieur de nous accorder le visa», expliquent les membres du bureau provisoire qui sont Mohamed Zran, Elyes Baccar, Mounir Msallem, Fares Naânaâ, Mourad Ben Cheikh, Brahim Letaïef, Nawfel Saheb Ettabâa et Khaled Barsaoui. A l'unanimité, ils ont décidé, le 25 janvier dernier, de redéposer le dossier, mis à jour, et sont encore dans l'attente d'une réponse. Ce délai d'attente est une occasion qui s'offre aux adhérents de l'association pour discuter et émettre des propositions quant à son plan d'activité. Les objectifs annoncés sont principalement d'aider à l'organisation et au développement du métier, en amont et en aval, par l'action, la recherche et la réflexion, sur le plan régional et international. Parmi les présents, certains ont invité à étudier la possibilité de créer un syndicat de réalisateurs à la place d'une association, dans la mesure où l'identité de cette entité qui va rassembler les pratiquants du métier de cinéaste est à préciser, selon la vision qu'on veut lui donner. «A court terme, le bureau directeur devra élaborer un projet de règlement. Il sera proposé à l'assemblée générale élective qui sera convoquée au courant du mois de juillet, après le délai administratif de rigueur».