Par Samia BELAJOUZA Quelle fut ma stupeur puis mon dégoût lorsque je lis à la page «politique» les articles suivants : «La fortune du président déchu estimé à 90 millions de dinars» puis «Saisie de 37 pièces dans la maison du gendre de B.A». Ainsi la politique d'après votre journal n'a pas plus d'importance qu'un fait divers. Vous auriez dû choisir plutôt la page 2 avec les nouvelles «De bonne source» par exemple. Franchement, vous dévaluez gravement votre journal, vous en faites un journal de «cancans». Bien sûr, vous allez croire que j'ai des intérêts personnels ou des affinités avec les personnes citées, car je suppose que c'est ainsi que vous fonctionnez comme «toute presse qui se respecte…». Eh bien, que vous vouliez le croire ou pas, je vous jure sur mon honneur, car moi j'en ai, que je n'ai rien à voir, Dieu merci, avec la famille du président déchu et pourtant je me lève pour crier haut et fort. Arrêtez, arrêtez d'écouter un seul son de cloche et arrêtez de vous comporter aujourd'hui comme si vous ignoriez le passé. Non seulement vous n'ignoriez rien mais en plus vous applaudissiez comme tous les courtisans que vous avez été. Alors un peu de décence s'il vous plaît. A propos des vestiges romains, au lieu de crier au scandale et de l'écrire dans votre journal, allez jeter un coup d'œil dans n'importe quel jardin de votre choix dans une des villas construites à Carthage. Toutes ont trouvé des vestiges en creusant les fondations ou en installant une piscine et personne, je dis bien personne, n'a demandé à l'Etat tunisien de venir les récupérer. Ils en ont tous garni leurs jardins et leur intérieur. Et ce n'est pas du vol puisque toute maison a été construite avec l'autorisation de la municipalité qui était loin d'ignorer ce phénomène et n'a jamais mentionné sur l'autorisation de bâtir de leur remettre ce qu'ils trouveraient dans les fondations. S'il vous plaît, que votre journal arrête de raviver des rancœurs et des méchancetés. La haine engendre la haine et la liberté d'expression que nous avons acquise après tant d'efforts ne doit pas servir d'outil aux règlements de comptes et au lynchage car c'est de cela qu'il s'agit aujourd'hui. Et c'est regrettable. Messieurs, je vous supplie d'avoir du respect pour chaque Tunisien, quel qu'il soit, car comme le dit la loi, tout accusé a droit à la présomption d'innocence. Respectez ce droit et respectez cette loi. Essayez, dorénavant, de vous comporter en journalistes plus sérieux, plus raisonnables et surtout plus constructifs, nous en avons tellement besoin. Nous ne voulons plus de journalisme de bas étage. Relevez le niveau et faites-nous vite rêver. Pour me prouver votre impartialité, publiez par exemple le texte que je viens de vous envoyer et laissez les lecteurs libres de réagir… Merci d'avance et mes respects quand même… Ndlr : Chère Madame, les deux informations que vous évoquez dans votre article sont deux câbles de l'Agence Tunis- Afrique Presse (TAP) et qui ont été relayées par notre journal. Bien que leur publication vous ait inspiré «stupeur et dégoût», permettez-nous de vous rappeler ceci : - Les 90 millions de dinars que le président déchu a détournés dans les banques suisses ont été évoqués par la présidente de la Confédération suisse, venue en visite officielle dans notre pays. Si une information pareille n'a pas sa place dans les pages politiques... - Concernant les 37 pièces déterrées dans le jardin de la maison du gendre de Ben Ali, vous affirmez que tous les habitants «ont trouvé des vestiges en creusant les fondations ou en installant une piscine»! Sans commentaire.