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Quelle école veut-on mettre en place dans la Tunisie de l'après- révolution
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 05 - 2011


Par Slaheddine BEN FADHEL
Après la révolution du 14 janvier, l'ensemble du système éducatif de notre pays est amené à faire son autocritique et à revoir ses orientations pour pouvoir relever les défis d'une nouvelle Tunisie démocratique et en concordance avec les enjeux du XXIe siècle.
En effet, les décennies de dictatures ont affecté, de manière directe, l'école tunisienne qui n'a cessé de voir son niveau baisser inéluctablement. L'école tunisienne représentait jadis un objet de fierté nationale puisqu'elle a toujours joué un rôle déterminant dans le développement social, culturel et économique du pays en formant une élite reconnue et appréciée dans le monde entier. Cette école se trouve aujourd'hui confrontée à une véritable crise tant au niveau des valeurs qu'elle prône qu'au niveau scientifique et pédagogique.
Différentes enquêtes internationales avaient déjà émis un signal d'alarme révélant les limites de notre système scolaire et son incapacité à relever les défis du XXIe siècle.
En exemple, la dernière enquête Pisa 2009 (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) de l'Ocde (Organisation de coopération et de développement économique) qui a montré le faible niveau de nos élèves dans la maîtrise des connaissances fondamentales.
En effet, l'enquête a révélé que les élèves tunisiens de 15 ans ont un niveau scolaire en dessous de la moyenne Ocde. En culture scientifique, ils obtiennent un score de 401 pour une moyenne Ocde de 501. En culture mathématique, leur score est de 371 alors que la moyenne Ocde est de 496.
En lecture, leur score est de 404 par rapport à un score moyen Ocde de 493. A titre indicatif, le meilleur score est obtenu par la Corée avec (539), le Japon (520), la France (496), les Emirats Arabes Unis (459) et le Qatar (372).
Par ailleurs, l'enquête révèle de fortes inégalités sociales et scolaires puisque les écarts entre les établissements sont de plus en plus importants, notamment entre le milieu urbain et rural.
Aujourd'hui et à la lumière des changements survenus dans notre pays, il apparaît indispensable d'engager une réflexion en profondeur sur l'état actuel de l'école tunisienne, sur ses atouts, car ils sont réels, et sur ses dysfonctionnements afin de sortir avec un bilan général qui permettrait d'engager les réformes nécessaires et de faire face aux nouveaux défis qui nous attendent.
Nous essayons, dans cette synthèse, de mettre l'accent sur quelques-uns des enjeux auxquels notre école sera confrontée dans les années à venir.
Remettre le savoir au centre du système éducatif
Le contexte socioéconomique de ce début du XXIe siècle exige des jeunes élèves une maîtrise des savoirs de base (lecture, écriture, calcul et maniement des langues étrangères). Ces outils sont à la fois essentiels pour une société qui devient de plus en plus techno-scientifique, mais aussi pour faire face au chômage et à la marginalisation sociale. Dans cette optique, il est souhaitable de revoir les programmes dès l'école préparatoire pour les rendre plus attrayants pour l'élève et plus en concordance avec les exigences d'une société moderne. Pour cela, il est nécessaire de fixer des objectifs pédagogiques précis et exigeants pour chaque année scolaire et de mettre les moyens humains et didactiques adaptés pour les atteindre.
Changer les méthodes d'enseignement
Dans la perspective de former les élèves, sur un double plan intellectuel et psychologique, il est plus que nécessaire de revoir les méthodes d'enseignement qui pèchent trop souvent dans la simple transmission des connaissances et ne laisse que très peu de place à l'esprit critique, à l'autonomie et aux questionnements de l'élève. En effet, on oublie souvent qu'une leçon se construit toujours sur la base d'une interrogation ou un problème que l'élève cherche à résoudre et que la meilleure pédagogie à adopter est celle qui suscite l'activité réelle de l'élève.
Il convient donc de renforcer, au niveau de toutes les matières, les travaux pratiques, les analyses et les échanges sur des projets scientifiques et éducatifs, ce qui implique nécessairement un nouveau rôle pour les enseignants. D'un autre côté, consolider l'enseignement des matières de réflexion comme la philosophie permettrait aux élèves de développer des compétences intellectuelles indispensables dans toutes les filières.
Revoir les programmes
Réviser les programmes, aussi bien dans leur contenus que dans leur formulation, semble aujourd'hui une nécessité. En effet, dans toutes les matières, les programmes doivent être ouverts sur les grandes questions de nos sociétés et sur les enjeux géopolitiques du monde moderne. En histoire, par exemple, l'enseignement doit ouvrir sur les grandes questions qui ont marqué l'humanité et sur les fondements de l'histoire contemporaine. L'importance de cet enseignement nécessite son renforcement, particulièrement dans les sections scientifiques.
Renforcer la maîtrise des langues
Un constat général attesté par de nombreux observateurs est la maîtrise insuffisante par nos élèves des langues, et particulièrement du français et de l'anglais. Cette difficulté, observée à tous les niveaux scolaires et qui est très visible à l'université, est un véritable handicap pour l'élève qui se trouve privé d'un certain nombre d'acquisitions cognitives et culturelles. Dès l'école primaire, l'élève doit retrouver le plaisir d'apprendre et de maîtriser une langue en accédant aux richesses culturelles qu'elle peut lui offrir. L'enseignement des langues ne doit pas être réduit aux seuls aspects techniques mais il doit prendre des formes attractives et diversifiées qui accrochent l'élève et font de lui un véritable utilisateur actif. L'intégration des moyens audiovisuels modernes (vidéo, informatique...) est à ce titre indispensable.
Soutenir la formation des enseignants
Le système scolaire s'appuie en grande partie sur les compétences des enseignants et la réussite de toute réforme à ce sujet passe obligatoirement par une bonne formation, aussi bien initiale que continue, de ce corps de professionnels. Il est indéniable qu'à ce niveau les besoins sont considérables et qu'une formation de qualité pour les enseignants constitue la meilleure garantie pour le développement des compétences des élèves. L'association des institutions universitaires à ces programmes de formation peut offrir, à ce titre, des solutions réelles aux insuffisances du système.
Intégrer des psychologues scolaires dans le dispositif éducatif
Face aux différents problèmes auxquels sont confrontés aussi bien les élèves que les enseignants ou les parents, il n'existe pas de dispositifs d'aide spécifique qui permettrait d'éviter que ces problèmes ne prennent des formes préjudiciables pour le fonctionnement de l'école. L'intégration d'un professionnel de la psychologie scolaire dans le dispositif éducatif à l'école primaire et dans les lycées pourrait réduire significativement les taux d'échec et d'abandon scolaire, limitant ainsi les tensions au sein de l'école et apportant une réponse concrète aux différents partenaires. En plus de ce travail, le psychologue scolaire pourra jouer un rôle majeur dans la prévention des inadaptations des élèves en agissant sur l'environnement scolaire et en menant des actions de formation des personnels par exemple.
Rien ne peut se faire en l'absence d'une réelle volonté politique
Il est évident que de tels objectifs ne peuvent se réaliser en l'absence d'une réelle volonté politique qui situerait l'éducation parmi les priorités de l'état et de la politique globale du pays. Les prochains gouvernements auront pour défi de remettre tout le système éducatif en marche en renforçant les programmes de collaboration internationale à tous les niveaux du système, en développant par des moyens divers une véritable culture scientifique au sein de tout le système éducatif (séjours linguistiques des élèves, échanges et jumelages entre nos institutions et les établissements étrangers reconnus, mise en œuvre de programmes de formations initiale et continue en collaboration avec des organismes internationaux …).
La Tunisie de demain, telle que rêvée par tous les Tunisiens au lendemain du 14 janvier, est une Tunisie libre, démocratique et loin de toute forme de dogmatisme idéologique et dans laquelle une école de qualité jouerait le rôle de système régulateur formant les citoyens de demain.


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