Le développement des régions de l'intérieur est de loin le principal challenge de la nouvelle Tunisie, la Tunisie de la révolution de la dignité. C'est dans ce contexte que s'est tenue, hier, une conférence de presse à Tunis sous l'initiative du Centre des études stratégiques de Sidi Bouzid, et son directeur-fondateur, Dr Mohamed Nouri, dont la finalité a été de présenter le projet dit : «L'alternative libre de Sidi Bouzid». Lors de son intervention, Dr. Mohamed Nouri a commencé par présenter le Centre des études stratégiques et les causes de sa création: « Tout d'abord, on est des gens indépendants. Cette initiative de créer ce centre émane des aspirations du Tunisien pour une société meilleure où règne la liberté, la dignité et la sérénité. En effet, depuis l'avènement de la révolution, on est tous d'accord que le pays vit une situation de blocage et de stagnation généralisée dans tous les secteurs: économie, tourisme, développement, sécurité etc...Malgré les prédispositions du gouvernement provisoire pour dépasser cette situation actuelle, il s'est avéré que leurs efforts consentis à ce jour restent de loin très limités. Ceci est dû à l'absence d'un cadre idéal et adéquat pour réunir la société civile et le gouvernement de transition pour mieux inter-réagir et diagnostiquer les vrais problèmes des régionales tels qu'ils sont perçus par les habitants des régions de l'intérieur. Selon les habitants des régions de l'intérieur, ce blocage latent est à cause du hiatus qui sépare le Tunisien et le gouvernement sans parler du sentiment d'incertitude et le manque de confiance entre les deux parties. Car les décisions et le financement des projets de développement sont accaparés par le gouvernement tandis que la conscience et les besoins sont du côté du citoyen. Et jusqu'à maintenant on n'a pas pu trouver la plateforme idéale pour la réunion des deux partis afin d'unir les décisions et mettre en action tous les protagonistes pour aboutir à un développement équitable entre les régions, C'est pour cela qu'on est venu aujourd'hui vous présenter notre projet. Des instances de développement régional Pour mieux vulgariser ce concept, M. Mohsen Nouri, prote-parole du Centre, nous a donné la déclaration suivante: «Cette initiative a comme objectif la mise en place d'une instance régionale dans chaque région. Ainsi, chaque délégation aura un représentant dans cette instance qui sera présidée par M le gouverneur. Cette instance sera chargée uniquement du volet développement. Elle aura comme tâche la mise en place de mécanismes pour un partage équitable des investissements et du budget alloué à la région. Contrairement aux conseils régionaux de développement de l'époque de Ben Ali qui étaient désignés par le pouvoir, ces instances seront plus autonomes où la société aura plus de marge de manœuvre et surtout dans la prise de décisions. Ainsi les plans de développement ne seront plus imposés par le gouvernement. Les habitants de la région auront l'occasion de concevoir des mécanismes de développement selon leurs besoins et leurs attentes. De ce fait, cette instance sera investie totalement pour booster la roue du développement en étudiant les différents projets qui lui seront adressés. Et par la suite, elle essayera de créer des mécanismes pour les financer, les mettre en action et assurer leurs suivis. Et les recommandations de cette instance seront considérés comme des décisions à appliquer pour plus d'efficacité et gain de temps». De son côté, M. Rabeh Hajlaoui, promoteur d'un projet en biotechnologie dans la région et membre dans le même Centre ajoute : «Dans un pays comme le nôtre où le pouvoir a toujours été ultra-centralisé du côté de Tunis la capitale, cette alternative vise à semer les graines de la décentralisation. Ainsi, à travers cette initiative, on essaye de pousser plus le pays dans ce sens». Toujours, selon Dr Mohamed Nouri, les habitants de Sidi Bouzid cultivent l'espoir à ce que le gouvernement provisoire puisse mettre en action cette alternative à travers une prise de décision politique en sa faveur et son adoption par le ministère du développement régional. Il ajoute : «Toutefois, on appelle M. le ministre de l'Intérieur à donner des consignes aux gouverneurs actuels pour mieux s'adapter à cette nouvelle approche en se passant de gouverneurs de sécurité à des gouverneurs de développement».