Aucun débat sportif en vue. On continue à parler de scandales et de méfaits… C'est vrai que le pays vit une période difficile, particulière, exceptionnelle, exaltante. Appelez-la comme vous voulez, mais il ne faut pas non plus exagérer : nous ne sommes pas en guerre; nous ne sommes ni en Libye, ni en Syrie, ni au Yémen. Nous sommes en Tunisie messieurs dames. C'est vrai que le dialogue est difficile, le débat compliqué et les passéistes encore à l'œuvre, mais nous allons finir par les avoir et quelque part, nous les avons déjà eus. Certains pourtant — et c'est tout à fait normal — continuent à gigoter et profitent de ce vent de liberté pour s'inventer un passé révolutionnaire, se racheter une conduite, se fondre dans la foule ou encore brandir une légitimité. Bien sûr qu'ils n'impressionnent personne et que leur marge de manœuvre se rétrécit de jour en jour comme une peau de chagrin. Mais on ne peut nier que ce sont des empêcheurs de tourner en rond et que ce flou artistique et très créatif qui traverse le pays leur permet d'exister encore ou de chercher une raison d'exister ou de… nuire. Débats escamotés ou ultérieurement reportés sur le plan politique, culturel, philosophique, économique, idéologique, social et… sportif. Débat escamoté Prenez le sport : le débat est aujourd'hui inexistant. On se cache derrière le régionalisme et l'insécurité pour maintenir son petit commerce. A une année des Jeux olympiques, nous naviguons à vue et nous nageons en plein flou. Et quand on parle de sport, c'est pour évoquer les errements du bureau fédéral de football, la «résistance héroïque» de Ali Abbès (natation), les manœuvres de Mehrez Boussayane (tennis), le petit commerce de Chékib Brahmi (motos), les scandales de Anouar Gallass (cyclisme) et bien d'autres personnages et sports. Le football? Il n'y en a que pour la dernière décision fédérale de ne pas avoir recours à la relégation et que pour la polémique qui bat son plein entre l'Espérance et l'Etoile. Pas même le réflexe et le loisir d'analyser et de savoir si le futur champion mérite son titre et quelles sont ses chances en Ligue des champions, pas même l'opportunité de discuter des raisons objectives de la perte du titre par une Etoile qui a pourtant du talent… Puis, la saison ratée du Club Africain et les limites de l'ESHSousse, de l'ASGabès ou encore de l'Olympique de Béja et de l'ESZarzis. Et croyez-nous, nous ne sommes pas près de voir s'ouvrir le débat nulle part ailleurs : ni en handball, ni en boxe, ni en athlétisme et encore moins dans les sports mineurs. Pour quand le pacte républicain du sport? Quand appellera-t-on les journalistes pour parler programmes, projets et performances? Quand nos champions et leurs exploits seront-ils à la «une» des journaux plutôt que les scandales et les méfaits des dirigeants sportifs? Quand notre sport cessera-t-il d'être un tremplin politique, social, professionnel et financier pour des personnages en manque de reconnaissance? Quand rendra-t-on le sport aux sportifs et l'argent du sport au seul but de réussir des performances? Trêve de gâchis et d'hypocrisie. Que cesse le massacre!