C'est une véritable machine de guerre rodée par un éclatant succès en championnat de Tunisie 2011 qui va tenter de relever le défi de la Coupe, demain (18h00) à Radès. L'Espérance de Tunis carbure à plein régime : neuf victoires consécutives pour conclure le championnat de Ligue 1, une qualification sans bavure pour la finale de coupe et un nul ramené d'Alger en Ligue des champions. • Point de vue confiance, certitudes, sérénité et repères psychologiques, les «Sang et Or» ne peuvent pas être mieux nantis. Cela peut les mettre parfois dans une position d'excès de confiance et de facilité comme le démontrent certaines attitudes (de Hichri, par exemple) face au Stade Tunisien. Mais on peut croire que, eu égard à la qualité de l'opposition, une Etoile qui leur a refilé une véritable correction (5-1), les hommes de Nabil Maâloul ne vont pas se présenter la fleur au fusil. Loin s'en faut, d'autant que l'adversaire sera revanchard, puisqu'il va s'employer à sauver sa saison et à trancher une affaire de suprématie. • Volet physique, la série de résultats positifs a le don d'inspirer la confiance aux joueurs, mais en même temps de booster leurs ressources et d'apporter de nouvelles précieuses énergies. La saison se fait-elle interminable? Qu'à cela ne tienne : les organismes résistent, dopés par l'élixir du succès et soutenus par un formidable travail de récupération. Les copains de Darragi mènent une existence de véritables «pro», ce qui n'est pas très évident dans l'univers d'un foot tunisien laxiste de ce côté-là. Certes, l'accumulation des rencontres risque de générer quelques coups de pompe, notamment en cette période estivale propice à la récupération et au fameux repos du guerrier. Mais en même temps, cette cascade de rencontres installe les Espérantistes dans une dynamique de compétition dont ont pâti, par exemple, jeudi dernier les joueurs du ST restés sur une douzaine de jours d'inactivité. • Rayon technique, la paire de meneurs de jeu composée de Darragi et M'sakni domine régulièrement partenaires et adversaires : c'est l'arme fatale de «Tarajji» comme en attestent la dizaine de buts inscrits par chacun des deux playmakers en championnat. Traoui, Bouazzi et le joker Afful apportent par ailleurs un précieux bonus technique qui rend la manœuvre inspirée, imprévisible et spontanée. De ce point de vue, l'EST et l'ESS constituent tout ce qui se fait de mieux dans le foot national. Et ce serait vraiment dommage si les deux fers de lance n'exprimaient pas tout ce talent à l'occasion de l'apothéose de la saison. Tous ces atouts, tous ces moyens et tout ce potentiel sont investis au service d'un collectif solidaire et soudé à souhait. En passant en revue les différents compartiments, on mesure davantage de solidité de l'édifice généralement tourné vers l'offensive, la prise de risques, le souci de l'initiative, la maîtrise du ballon et la recherche des buts adverses. Défense : Hichri, le pilier Walid Hichri passe depuis son arrivée au Parc «B» pour être un pilier indéboulonnable qui réussit à compenser une certaine lenteur par de grosses qualités physiques, par une dévastatrice présence physique et par un impérial jeu de tête. Il reste que son alter-ego à l'axe a souvent changé : Mohamed Ali Ben Mansour, Yaya Banana et tout récemment Mohamed Bachtobji, lequel n'avait plus joué depuis la 11e journée de Ligue 1. Le Camerounnais parti au Mondial juniors avec la sélection de son pays, Ben Mansour n'ayant pas totalement récupéré de sa blessure, on verra à coup sûr demain Bachtobji confirmé. Sur les flancs, Samah Derbali et Khalil Chammam ont fait le plus gros de la saison. Mais on reverra probablement en finale Afful, hyper-offensif et très technique, un véritable excentré et Aymen Ben Amor animer les deux couloirs. • Milieu de terrain : équilibre et inspiration. Le carré magique, un entrejeu royal, c'est là où se construit la suprématie «sang et or». C'est même l'archétype parfait d'un subtil équilibre entre les tâches défensives (Korbi et Traoui) et offensives (Darraji et M'sakni: le tandem de charme). Le retour de Traoui, forfait jeudi dernier, est vital pour assurer la reconversion et la «distribution» du jeu et les transversales précises dans le dos de l'arrière-garde adverse. Mais on sait que le socle du succès du club de Bab Souika réside dans la forme et l'inspiration du jour du duo Darraji-M'sakni. Deux solistes qui savent se retrouver et supporter le poids de la manœuvre offensive et de la pression à mettre sur la défense adverse. Attaque : cruelle absence des «Africains» Avec la cinquantaine de buts inscrits en championnat, c'est la première ligne offensive du pays. La plus dévastatrice, percutante et efficace. Elle a longtemps su compter sur la puissance athlétique de l'inénarrable Michael Enéramo (dans la phase aller) et sur la ruse et le métier de Dramane Traoré (dans la phase retour). Il se trouve portant que la résiliation du contrat du Malien avant les deux derniers tours de la coupe a brouillé les cartes du coach «sang et or», lequel ne pouvait pas compter sur la nouvelle recrue, Yanick N'djeng, non qualifié. Du coup, devant le précieux Wajdi Bouazzi, il y a comme une impression de chaînon manquant, Khaled Ayari (au Driss Mhirssi) n'assurant pas, en termes de volume et de qualité, la même puissance, adresse et efficacité que les deux avants africains.