• Saisie d'importantes quantités de denrées alimentaires, des milliers de descentes effectuées, des P.-V. à gogo, mais gare au triomphalisme Partis, cet été, pour franchement limiter les dégâts, nos services de contrôle d'hygiène ont frappé fort. Si fort qu'ils ont brouillé les cartes de tous ceux qui leur prévoyaient une campagne «sans». Il est vrai que ces services ont été durement touchés par les retombées de la révolution qui, la fuite sécuritaire aidant, les ont privés d'une bonne partie de leur force de dissuasion. «Au lendemain du 14 janvier 2011, se souvient l'un d'eux, notre activité était pratiquement paralysée. Nos descentes, jusque-là fréquentes et efficaces, se faisaient de plus en plus rares, en raison de l'absence de sécurité rendue inévitable par le comportement répréhensible et aventurier d'une large frange de commerçants qui s'enhardissaient, au nom de la révolution, à transgresser la loi et, parbleu, à nous chasser au seuil même de leurs boutiques. Et dire que les policiers qui nous tenaient compagnie répugnaient à nous aider, ayant eux aussi peur pour leur peau». Bref, c'était l'anarchie, avec un grand «A», puisque toutes les plaintes déposées par des consommateurs outrés et escroqués étaient sans lendemain. Come-back fracassant C'est seulement au cours des dernières semaines qu'on a enregistré une amélioration sensible de la situation, à la faveur d'un léger mieux sur le plan sécuritaire. Ainsi revigorés et remis en selle, les agents de contrôle d'hygiène relevant du ministère de la Santé ont enfin pu reprendre du poil de la bête en retrouvant un semblant de punch. Désormais omniprésents dans les points de vente (marchés municipaux, grandes surfaces, dépôts frigorifiques, marchés de gros, merceries, etc.), ils sont à créditer, en un mois seulement et rien que dans le district de Tunis, de pas moins de 9.260 visites d'inspection sanctionnées par 414 P.-V., et la saisie de 1.370 kilos de produits alimentaires périmés, ainsi que 500 litres de boissons gazeuses et 460 œufs. Sur le plan national, on a fait mieux, avec un mois de Ramadan pléthorique en «gibier». Jugez-en : 10.270 descentes, 380 P.-V., 5 décisions de fermeture, saisie de 3.170 kilos de marchandises, de 92 litres de lait et de boissons gazeuses et 446 pots de yaourt, en plus de 860 analyses et de 2.894 séances de sensibilisation alimentaire. Ce score tout à fait flatteur pour les raisons qu'on a citées ci-haut est dû à trois facteurs principaux, à savoir‑: – Primo : la collaboration étroite entre les ministères concernés (Santé, Intérieur, Commerce, Agriculture et Tourisme). Ainsi, les équipes mixtes de contrôle ont-elles travaillé de concert, ce qui a eu pour effet de combler tant de failles. – Secundo : la présence plus imposante des agents de l'ordre qui n'a pas manqué, faut-il le souligner, de redonner des ailes aux agents de contrôle. – Tertio : la campagne ramadanesque de cette année — et c'est là une première — a frappé un peu partout. Y compris dans les établissements hôteliers et hospitaliers, dans les centres d'hébergement des personnes âgées et même dans les… camps des réfugiés dans le Sud du pays. Continuer sur sa lancée A la faveur de ces trois facteurs, la moisson ne pouvait pas ne pas être abondante. Et à cet égard, il faut rendre hommage aux agents de contrôle et à leurs escortes policières pour leur courage et leur capacité d'endurance, surtout que leur tâche n'a pas été de tout repos, particulièrement dans les camps des réfugiés où les abus étaient (ils le sont encore‑?) flagrants et, parfois même, difficilement réprimés. Mais, attention, pas question de s'endormir sur ses lauriers. Gare au triomphalisme, les services de contrôle ayant encore bel et bien du pain sur la planche, quand on sait que la fête de l'Aïd est à nos portes et que l'été, saison de tous les excès par excellence, n'a pas fait ses adieux. N'a-t-on pas si bien dit que mieux vaut prévenir que guérir‑?