A l'approche de l'Aïd, tous les foyers s'activent jour et nuit afin de trouver les moyens susceptibles qui leur permettent d'accueillir cette fête dans les meilleures conditions possibles. En fait, il faut le reconnaître, la plupart des familles ont tendance à s'endetter sans le moindre souci pour faire face aux dépenses supplémentaires et parfois excessives en vue de fêter cet événement. Mais en vérité, cette pratique d'endettement est-elle devenue, désormais, une issue indispensable pour pallier les carences de la bourse familiale ? Faut-il aussi se rappeler qu'on vit des circonstances économiques difficiles et une conjoncture sociale très sensible. Le citoyen est, par conséquent, appelé à revoir certains réflexes et améliorer son comportement quotidien, dont notamment le recours peu probant pour une consommation abondante et souvent injustifiée en dépit de la régression du pouvoir d'achat et la montée fulgurante des prix constatés durant le mois de jeûne. Ces interrogations s'imposent incontestablement pour d'éventuelles leçons à retenir avant d'aborder une étape préélectorale qui s'annonce indécise et très mouvementée. J'estime, à ce propos, que le rôle du citoyen est déterminant afin de contribuer avec une certaine conscience à réduire l'impact de cette consommation et participer au redressement d'une situation économique qui dépendrait non seulement de l'adhésion de toutes les composantes de la société civile mais aussi d'une volonté politique. Elle est, à mon avis, la seule qui puisse combattre ce fléau de la spéculation, œuvre de gens inconscients et nullement concernés par l'intérêt national et qui sont très actifs dans le secteur du commerce parallèle, le véritable ennemi du développement de l'économie. D'ailleurs, on attend toujours une intervention décisive et urgente du gouvernement pour démanteler ces réseaux plutôt destructifs et anéantir toutes les chances de se manifester de nouveau. Cela dit, je pense que le cycle des dépenses va poursuivre son cours, puisque la rentrée scolaire et universitaire pointe à l'horizon, faisant accentuer davantage les craintes et les soucis matériels des familles tunisiennes. On se souvient, à travers l'histoire de l'humanité, que l'essor de l'économie d'un pays relève essentiellement des sacrifices consentis par le peuple lui-même et la marge de sa civilité pour qu'il apprenne à patienter et surtout accepter une stratégie d'austérité, l'une des solutions retenues par de nombreuses nations plus affûtées à la démocratie que nous, pour sortir du gouffre de la détérioration des institutions sociales, et l'instabilité des indices économiques. Dans ce contexte, je pense que chaque Tunisien a intérêt à prendre en exemple la volonté, l'abnégation et la sagesse des Coréens et des Japonais au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et qui se sont remis au travail malgré leurs malheurs dus aux pertes humaines et l'atrocité de la ruine de leurs infrastructures. Certains affirment que ces gens-là sont irréprochables par leur civisme et une discipline rigoureuse propre aux peuples asiatiques qui leur a valu l'estime de tout le monde. Mais, à ce que sache, ce sont bien des êtres humains et non des martiens. J'estime que la différence réside dans cette mentalité qui nous fait encore défaut. On doit apprendre à souffrir en travaillant plus, pour satisfaire notre conscience afin de se hisser au niveau des pays démocratiques où les droits de l'Homme et la liberté d'opinion seraient sauvegardés. Il serait merveilleux d'apprendre aux jeunes le sens de l'appartenance et les valeurs du patriotisme, sans oublier toutefois qu'il faudrait promouvoir une éducation sociale et civique chez toutes les franges de la société, afin qu'elles défendent les acquis de la révolution et transmettent le message aux prochaines générations.