Par Mahmoud LARNAOUT Si nous avions à effectuer un inventaire des constats positifs et négatifs de l'état de la révolution, nous dirions: Pour le positif: - un retour graduel du sentiment de sécurité dû en partie aux efforts déployés par les forces de police, - un exercice, somme toute, satisfaisant de la liberté et des prestations honorables et évolutives des médias, - une attente optimiste de la démocratie à travers la réalisation des élections. Pour le négatif: - une continuation des revendications tous azimuts, des sit-in, des grèves, des entraves à la circulation et des violences diverses, - des constructions et du commerce sauvages, - des amoncellements d'ordures et de détritus qui jonchent le sol de plusieurs villes, - une manifestation de phénomènes que l'on croyait révolus à jamais: régionalisme, arouchia, houmisme, corporatisme, clanisme etc..., - un attentisme de mauvais aloi de l'administration dans la prise de décisions. Les éléments négatifs de cet inventaire, en sus de la situation encore instable sur nos frontières sud, ont un impact direct et néfaste sur l'économique et le social. Ainsi notre Produit National Brut est négatif, notre production industrielle et notre tourisme flanchent, notre chômage s'aggrave et les prix augmentent. Or c'est exactement ces ingrédients qui amplifient tous les éléments négatifs évoqués: c'est le chien qui se mord la queue. Il s'agit de savoir comment sortir de ce cercle infernal pour entrer dans un cercle vertueux ? Les voies du salut sont, entre autres : - Le retour de la légitimité le 23 octobre prochain qui va donner une assise stable aux pouvoirs publics et leur permettre de prendre les décisions adéquates qui s'imposent pour le retour à la normale, y compris la recherche d'une paix sociale par l'application, si nécessaire, d'un moratoire d'un an au minimum sur les manifestations, les sit-in et les grèves. Ces mêmes pouvoirs publics ainsi que la justice ne devront plus tolérer les écarts; ils devront sévir avec rigueur quand il le faut, - La prise de conscience des citoyens pour l'exercice responsable de leur citoyenneté et l'application stricte des règles et des lois qui régissent notre vie commune y compris le respect des feux rouges et des stop. Chaque jour qui passe compte pour sortir de l'ornière Il s'agit de donner l'image d'un peuple bien gouverné, travailleur, respectueux des lois et des règles et dont l'administration, bien structurée et efficace, respecte le citoyen administré. Il s'agit de faire montre de cités propres et de passants affables. Il s'agit de donner l'image d'un pays démocratique où les libertés sont garanties. Il s'agit de donner l'image d'un pays sécurisé doté d'un appareil judiciaire juste. C'est à ce prix que nous pouvons prétendre amener les investisseurs aussi bien nationaux qu'internationaux à promouvoir des projets propres à résorber cette grande masse de quelques sept cent mille chômeurs. Quid des devoirs des partis ? Après leur grenouillage d'avant les élections du 23 Octobre 2011, à quelques exceptions près, les partis qui prendront plus de place dans le paysage politique en se restructurant et en se regroupant par grande famille d'idées et en approfondissant leurs programmes respectifs chiffrés devraient jouer, avec les structures de la société civile, un rôle éminent auprès des citoyens pour une meilleure prise de conscience des droits et des devoirs et une plus grande vulgarisation des valeurs du travail, de l'effort, de l'équité...L'apprentissage de la démocratie est un chemin long et difficile. La tâche est dure mais accessible à un peuple qui a démontré sa capacité à déboulonner un pouvoir dictatorial et pourri en quelques semaines. A bons lecteur et entendeur salut.