Par Dr Ridha Jemmali Bien sûr qu'il y a beaucoup d'éléments importants pour l'organisme, tels que le sodium, le bicarbonate, le chlorure, le sulfate, etc. Les eaux dites chlorurées sodiques intéressent surtout, dans leur usage général, la santé de l'enfant (problèmes liés à la croissance, aux affections respiratoires, à l'énurésie, etc.). Les eaux riches en bicarbonates (dites bicarbonatées) disposent de bienfaits sur le système gastro-intestinal et hépato-biliaire (relatif au foie et à la bile). Les eaux sulfurées riches en soufre sont réputées avoir des bienfaits sur les rhumatismes, le système respiratoire, les affections de la peau, etc. Mais cela suppose un usage plus étendu que celui réservé à la boisson. Les eaux dites sulfatées et caractérisées par la présence de l'anion (ion négatif) sulfate sont intéressantes dans les affections du rein et les maladies métaboliques en général. Ce qui suit ne représente qu'un résumé et l'essentiel se rapporte vraiment aux deux principaux cations cités, du moins pour les sujets sains et soucieux de leur santé. L'autre élément qu'on a cité déjà dans la première partie et dont la présence dans les eaux de boisson n'est point souhaitée, surtout chez le petit enfant et le nourrisson, c'est le nitrate. Celui-ci réagit notamment avec l'hémoglobine (protéine donnant sa couleur rouge au sang) pour former la méthémoglobine, qui est très nocive et qui peut conduire à une cyanose (couleur bleue) du corps et donc à l'asphyxie. Pour les adultes, ces nitrates se transforment déjà dans l'estomac en nitrites ; en se combinant avec d'autres substances, ils risquent de générer des toxines capables d'induire l'éclosion de cancers de l'estomac. Les nitrates étaient très présents dans les eaux minérales provenant de sources situées en pleines zones agricoles à exploitation intensive avec usage d'engrais à base de nitrate d'ammonium (amonitre). L'élevage intensif avec production importante de déjections animales, dans la zone du Nord-Ouest du pays surtout, contribuait à accentuer le risque. Des procédés chimiques et techniques (usage de filtres spéciaux) a fait presque disparaître complètement les nitrates de ces eaux. Sur le plan pratique maintenant, il convient à chacun, désirant se ressourcer en ces sels minéraux, dans un but préventif ou curatif, de comparer les teneurs en ces sels inscrits sur le tableau affiché sur chaque bouteille. Il faut remarquer que les eaux de boisson tunisiennes ne diffèrent que très peu les unes des autres en ces éléments, comparées aux eaux françaises par exemple; elles sont dites, pour cela, faiblement à très faiblement minéralisées. Raison de plus pour bien cibler son choix. Beaucoup d'entre elles sont dites de régime, et donc ont la vocation d'appuyer et de soutenir une diète observée. De tels régimes sont de plus en plus suivis dans notre pays, en particulier ceux visant une perte de poids, chez les femmes essentiellement, ou présumés traiter l'obésité, le diabète, la goutte, l'hypercholestérolémie, les calculs rénaux, etc. Les eaux de boisson gazéifiées ne sont pas très convoitées par nos concitoyens, sauf pour les quelques uns qui suivent un régime particulier. Le gaz carbonique s'y trouve dissous dans l'eau ; il exerce sur les parois stomacales une pression (pétillement) simulant ainsi une sensation précoce de satiété. L'eau plate reste, comme en France, la plus consommée. Les consommateurs allemands et germanophones préfèrent et de loin les eaux de boisson pétillantes. Rappelons, enfin, que toutes ces eaux, ou presque, sont emballées dans du plastique alimentaire transparent et elles doivent pour cela être conservées à l'abri des rayons du soleil et de la chaleur. Le stockage doit se faire au frais et à l'abri de la lumière. Les eaux minérales plates ou gazéifiées, auxquelles on a ajouté du sucre, sont considérées, bien sûr, comme des sodas et ne peuvent être conseillées aux consommateurs conscients de leur santé. Un conseil me tient, enfin, beaucoup à cœur : il est relatif à l'état de notre environnement et à la qualité de notre vie en général, compte tenu des quantités énormes de bouteilles et d'emballages en plastique (sac, bidons, béchers de yaourt, couches, etc.) qui remplissent nos parages et s'étendent même sur les terres, les mers et les océans. Le ministère compétent en la matière et l'agence qui le représente ont essayé, il y a maintenant une vingtaine d'années, de faire réussir un projet de séparation et de collecte des ordures ménagères à des fins d'assainissement et de sauvegarde de notre environnement. Il ont, en effet, prévu la collecte de ces bouteilles en plastique dans des caisses spéciales, confectionnées à l'occasion et réparties sur une grande partie du territoire. Le projet n'a pas du tout réussi, faute d'une action de sensibilisation bien menée et tablant sur le moyen et le long terme. Bien sûr, la politisation de ce projet, comme tout autre d'ailleurs, et le manque de perspectives claires, étaient toujours de nature à compromettre toutes les actions entreprises, même celles qui partaient de bonnes intentions au départ. L'information du citoyen et son éducation doivent avoir pour objectif qu'il devienne un partenaire du projet et pas seulement un exécutant. L'action écologique en Europe a trouvé son point de départ dans l'initiative des citoyens eux-mêmes, conscients déjà dans les années soixante à soixante-dix des effets néfastes de ce genre de pollution sur l'environnement et la nature. C'est ensuite qu'ils se sont retrouvés dans la politique. C'est dire l'importance d'une sensibilisation et une éducation ciblées.