La Tunisie n'est pas favorite. Ce n'est pas pour lui déplaire A force de jouer avec le feu, nous avons fini par nous brûler un peu. Les angoisses de la qualification, les matches de la dernière chance, les calculs surréalistes, nous y sommes de plus en plus abonnés. Nous avions même réussi le pari de ne pas être dans une phase finale de Coupe du monde après trois qualifications consécutives. Vivants malgré tout C'est dire que la chute a été dure et que nous espérons que cette qualification miracle pour la phase finale de la CAN 2012 marquera la fin de la descente aux enfers de notre football. D'ailleurs, le cadre n'est plus aussi noir et cette qualification, conjuguée à celle de l'EST et du Club Africain pour les deux trophées continentaux mis en jeu sont autant de prémices de renouveau pour un football maltraité par les siens, excessivement et scandaleusement récupéré par un système qui a fini par le broyer. Cela, en tout cas, prouve au moins quelque chose : en dépit de tout et malgré tous, le football tunisien possède d'énormes ressources de régénération et pour peu qu'on se remette à travailler sur des bases plus solides et plus saines, ce football décrié pourrait et devrait retrouver la place qui est la sienne. Au passage, nous sommes tout de même frustrés que, lors d'une campagne électorale post-révolutionnaire, on ait si peu parlé d'une activité, le sport, qui concerne des millions de Tunisiens, consacrant ou même légitimant un statu quo insupportable car, comme tous les secteurs de la vie publique du pays, le sport a un sérieux besoin d'une grande lessive et de moralisation. Cartes brouillées Pour en revenir à l'Equipe de Tunisie et au tirage au sort de la phase finale de la CAN 2012, il faut dire que nous ne sommes pas les seuls à traverser une crise d'identité ou même de croissance, une crise qui a fait des victimes et des malheureux parmi les grands du continent et plein d'heureux avec une carte footballistique africaine en plein chambardement, même si, à l'arrivée, ce sont toujours les grands qui s'imposent. Examinons de plus près le groupe de la Tunisie avec une petite remarque au passage : la Tunisie a été rarement à l'aise quand elle est donnée favorite. Par contre, elle peut être redoutable quand on lui prête peu de cas. Or, elle n'est pas parmi les favoris lors de cette CAN 2012… Respectables, sans plus Maroc, Gabon, Niger : voici nos trois adversaires, même si l'on sait qu'il faudra tout d'abord compter sur ses propres forces pour aller de l'avant. Un groupe qui n'est pas prohibitif mais qui n'est pas non plus facile. Le Maroc est actuellement l'une des toutes meilleures équipes du continents avec l'arrivée d'Eric Gerets qui a remis de l'ordre dans la maison et qui a fait l'unanimité autour de lui. Mais ça reste un derby et un derby c'est toujours jouable. Le Gabon est le pays organisateur. Un football qui monte, mélange de finesse technique et de physique, une belle équipe capable sur ses terres d'effectuer le saut de qualité. Mais il ne faut pas non plus exagérer, ce n'est pas non plus le… Brésil. Le Niger enfin, au football explosif, sans véritables calculs avec tout ce que cela comporte comme forces et faiblesses. Jouable aussi. Après tout, nous sommes mieux lotis que l'Egypte, le Nigeria, le Cameroun et l'Algérie qui ne seront tout simplement pas là! Puis, nous bénéficions tout de même de quelques points de repère: le Chan, un nouvel état d'esprit, un entraîneur avec un énorme vécu puis enfin cette absence de pression. Une chose est sûre: l'équipe de Tunisie et son groupe sont à découvrir.