Par Foued ALLANI Incontournable, urgent et facile à réaliser si volonté il y a . Un nouveau pacte interne doit absolument voir le jour au sein de chaque entreprise désireuse de faire sa révolution et répondre ainsi aux exigences minimales de survie dans un monde où la concurrence ressemble de plus en plus à une guerre totale, extrêmement violente, destructrice et sans trêves. Pour survivre à cette guerre, dont le marché est le théâtre, une autre guerre, celle dont les opérations se déroulent cette fois-ci au sein même de l'entreprise, doit cesser. Des affrontements, dont les causes sont à chercher du côté d'une culture fondée sur le conflit, la négation de l'autre et les intérêts individuels et dont les protagonistes ne sont autres que l'employeur et les employés, et ces derniers entre eux. Ces hostilités doivent cesser rapidement, car le vrai ennemi pour les uns et pour les autres est, avant tout, le fait de se tromper d'ennemi. Elles doivent céder la place à une culture de coopération, de partage et de co-responsabilité qui prône le principe que tous sont embarqués dans le même bateau et que toute faute peut en causer le naufrage. La guerre, elle doit être déclarée et conduite contre tous les facteurs pouvant affaiblir l'entreprise par rapport à ses concurrents réels et potentiels dans la course pour la séduction du client et sa fidélisation. Un pacte qui sera le prolongement, car se réclamant de la même philosophie, de celui qui doit être conclu entre l'entreprise et son environnement (voir La Presse Economie du 28 septembre 2011 : «Pour un nouveau pacte»). Pour cela, les entrepreneurs et ceux allant le devenir doivent comprendre (ou se rappeler) qu'une entreprise ne se résume pas en une série d'opérations comptables, mais qu'elle est avant tout un corps social et économique vivant, possédant des fonctions, parfois hélas occultées, qui conditionnent, d'une manière décisive, la paix sociale, le progrès du pays et son invulnérabilité et qui participent au renouvellement des générations. Nouvelles relations employeur-employés C'est cette œuvre-là qui, au-delà de la recherche des bénéfices dans la légalité, objectif immédiat de l'entreprise qui ne doit d'ailleurs pas devenir sa seule raison d'être, doit être visée. Bénéfices voulant ici dire réinvestissements, consommation productive et nationale, soutien aux activités culturelles sportives, sociales, humanitaires dans et hors de l'entreprise et non au financement de forces politiques dans l'optique d'orienter les choix de l'Etat et les décisions du gouvernement en sa faveur, et non aussi corruption de l'administration afin de se dérober à ses responsabilités. Le nouveau pacte interne signifie aussi de nouvelles relations employeur-employés, c'est-à-dire la possibilité sérieuse et engagée d'associer le personnel au capital de l'entreprise de façon à ce qu'il se sente impliqué dans l'avenir de celle-ci (stratégique) et son association (le personnel) à la prise de décision quotidienne (tactique et opérationnelle). Cela grâce, notamment, à la méthode participative permettant le partage équitable des informations, des connaissances et des fruits de la productivité qui doit être constamment améliorée. Des règles du jeu claires et pertinentes doivent être fixées à l'avance et en commun accord avec l'ensemble des partenaires au sein de l'entreprise. Celles-ci doivent, par la même occasion, clarifier les rôles et les responsabilités de tous et de chacun, et ce, afin de prévenir et d'éviter les conflits. Règles qui doivent permettre aussi d'écarter les éléments perturbateurs par eux-mêmes. Que d'énergies sont, en effet, dilapidées à cause de malentendus, de calculs mesquins, de conflits d'égos, de batailles pour un leadership fictif, sinon négatif, de règlements de compte composés, etc. Car performance ne peut jamais rimer avec méfiance, insouciance, nonchalance, indolence, vacances, etc. Encore moins avec incompétence, insolence, suffisance... mais plutôt prévoyance, pertinence, efficience et bonne gouvernance. Entreprise-providence, entreprise-tribu, entreprise épanouissante Ce nouveau pacte doit donc permettre une loyauté totale envers l'entreprise qui, de son côté, s'engage à promouvoir son personnel sur tous les plans. Il s'agit donc d'une nouvelle entreprise qui va remplacer la tribu de la société traditionnelle, pour en faire une tribu des temps modernes, mais sans les valeurs d'exclusion de la première. Une nouvelle entreprise qui ne doit pas être considérée comme une entreprise-providence (qui épaulait l'Etat-providence), mais comme une entreprise épanouissante. C'est-à-dire permettant un épanouissement maximum avec pour apogée l'essaimage. Symbole de cette nouvelle entité, l'université d'entreprise qui va permettre au personnel une promotion, non dictée par l'ancienneté ou l'allégeance, mais par l'apprentissage et le perfectionnement (certifants et diplomants). La nouvelle entreprise nécessitera donc la refonte totale des systèmes de valeurs, de fonctionnement interne et de développement, et l'abandon du modèle classique basé, entre autres, sur la hiérarchie castratrice, donc la servilité, le cloisonnement, l'opacité, l'attentisme, l'absence d'initiatives et où le principe de Peter, qui fait que chaque employé tend à atteindre son niveau d'incompétence, est la règle.