En plus de ses métiers de décorateur et de producteur, Taieb Jallouli s'est converti en réalisateur pour concrétiser l'un de ses rêves les plus fous: un long métrage d'animation en 3 D. Le premier, nous dit-il, en Tunisie et dans le monde arabe. Il s'agit de Les aventures de Dalila, une histoire largement inspirée des contes des mille et une nuit. Jallouli a commencé ce projet difficile, motivé par la volonté de créer, dans le paysage cinématographique tunisien, un nouveau genre qui pourrait permettre à ces milliers de ressortissants des écoles de cinéma, des beaux arts et des multimédias de trouver des débouchés. Et puis, ajoute-t-il, Hollywood a toujours puisé dans le réservoir de nos contes, pourquoi ne pas nous réapproprier notre culture et mettre en images nos histoires selon notre propre vision du monde? L'initiateur du projet parle de ses nobles intentions, avec un sourire presque amer au coin des lèvres. Car, son équipe constituée de jeunes ressortissants de l'Isamm (Institut supérieur des Arts et des Multi Médias) et de l'Institut des Beaux Arts, et lui, sont actuellement en chômage technique. Ils n'en sont qu'à 70% de matière avancée et ils ont besoin d'une aide à la finition pour achever le film. La subvention du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, et l'aide accordée par l'OIF (Organisation internationale de la francophonie) ne suffisent pas à mener cette aventure au bout. Jallouli le dit clairement «Je lance un cri d'alarme et de secours !». Il a peur que tout ce travail d'apprentissage des logiciels et des techniques ne s'avère inutile, que son équipe qui s'est beaucoup investie n'en ait marre d'attendre, et que le film ne soit avorté. Le réalisateur reconnaît que son projet «relève du défi et de l'inconscience». Mais comme tout artiste, plus son rêve est difficile, plus il s'y accroche. Il nous a montré un petit bout du film, une sorte de bande-annonce. Le travail se ressent, dans les personnages, le rythme et les décors aux formes et aux couleurs tunisiennes. Nous avons compris son désarroi. Le film existe. Il faut l'assembler, le finir...Encore trois ou quatre mois et il serait prêt à s'offrir au regard du public. L'aventure de ce long métrage en 3D ressemble étrangement à son contenu : Dalila, le personnage principal, part en quête d'un costume magique qui donne le bonheur à celui qui le porte...La fin heureuse est encore sur papier...