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Après les Saoudiens, des émirs qataris dans le collimateur
Chasse illégale de l'outarde houbara dans le Sud tunisien
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 11 - 2011

Durant les 23 ans du régime de Ben Ali, les émirs de la péninsule arabe, après avoir exterminé plusieurs espèces animales qui habitaient jadis leur désert, ont trouvé dans le sud tunisien leur Eldorado pour chasser, en toute impunité et malgré une loi nationale très stricte, les quelques espèces rares et menacées de disparition, telles que la gazelle dorcas, la gazelle blanche (Rim), la gazelle de montagne et aussi la gracieuse outarde houbara (connue sous le nom de H'bara sous nos cieux, Chlamydotis undulata undulata en appellation scientifique). Aux dernières nouvelles, des éclaireurs d'émirs qataris ont débarqué à Tozeur afin d'assurer la logistique pour une expédition de chasse et des parties de fauconnerie arabe dans le «Chott El Gharsa», dernier fief des outardes et des gazelles. Alarmés par cette effrayante nouvelle, les associations à vocation environnementale et les ONG locales se sont mobilisées pour stopper ce massacre. La Presse a voulu tremper sa plume dans cette affaire pour sauver les dernières outardes houbara tunisiennes des mains de ces émirs braconniers.
Béni par une faune et une flore très atypiques, l'écosystème du Sahara tunisien a toujours cristallisé la curiosité des aventuriers, des simples randonneurs et des scientifiques. Parallèlement, toujours à l'affut de cadres idylliques, les plus grands studios hollywoodiens ont trouvé dans les gigantesques dunes du Sahara tunisien et dans ses paysages pittoresques, l'endroit idéal pour tourner des films d'anthologie à l'image de la saga Star wars de George Lucas, Le Patient anglais et le tout dernier blockbuster Black Gold du producteur tunisien Tarek Ben Ammar avec la vedette Antonio Banderas. Mais qui dit paysage, dit aussi écosystème où cohabitent une faune et une flore. Or, malgré une superficie assez réduite par rapport aux déserts libyens et algériens, le Sahara tunisien se distingue de ses voisins par une biodiversité unique de son genre avec une faune très riche et variée. Hélas, voilà que depuis plus de deux décennies, la faune sauvage du désert tunisien vit un véritable cauchemar. Selon plusieurs écologistes tunisiens, «de riches princes du Golfe se livrent, en effet, à un véritable massacre qui touche plusieurs espèces rares du pays. Leurs principales cibles sont l'outarde houbara et la gazelle. Ces deux espèces en voie de disparition sont, en principe, protégées par des lois nationales et internationales. ».
Les amis des oiseaux lancent un appel
Aux dernières nouvelles, selon une lettre adressée par M. Hichem Azafzaf, président de l'Association «Les Amis des Oiseaux » (AAO), au ministre de l'Agriculture et de l'Environnement, dont la presse a pu se procurer une copie, des éclaireurs d'émirs qataris ont débarqué à Tozeur afin d'assurer la logistique pour une expédition de chasse et des parties de fauconnerie visant les dernières outardes et gazelles tunisiennes dont voici l'essentiel du contenu: « Monsieur le ministre. Je viens d'être informé que des Emirs du Golfe se préparent pour une partie de chasse à l'outarde houbara et aux gazelles dans le Sud de la Tunisie, plus précisément dans la région de Tozeur. Je me permets de vous rappeler que les espèces concernées sont strictement protégées par la loi tunisienne (arrêté annuel relatif à la chasse) et ne devront en aucun cas, être livrées au braconnage autorisé comme cela a été le cas sous l'ancien régime. Pour cela j'attire votre attention sur ces activités récentes afin que vous fassiez le nécessaire pour qu'aucune autorisation ne soit fournie et que vos services assurent l'application de notre législation. Monsieur le ministre, je vous remercie d'avance de tout que vous ferez afin d'assurer le respect de la loi tunisienne en matière de chasse et de protéger notre patrimoine naturel pour les générations présentes et futures. Toujours au service de la nature et dans la nécessité de sauver les oiseaux et leurs habitats, nous restons fidèles et solidaires pour la Tunisie».
De son côté, M. Abdelmajid Dabbar, un militant-écologiste et ornithologue, nous a précisé: «Oui, des éclaireurs d'émirs du Qatar ont débarqué à Tozeur pour la préparation du terrain et de la logistique dans «Chott El Gharsa», dernier fief des outardes et des gazelles. De ce fait, une manifestation a été organisée par des amis de la nature et des chasseurs de Tozeur devant le siège du gouvernorat de Tozeur pour arrêter cette atteinte à notre patrimoine fragile [...]. Que les militants écologiques, les ONGs, les chasseurs et tous les sympathisants soient unis pour défendre et dénoncer toute atteinte et agression des espèces protégées. »
Chassée pour ses vertus aphrodisiaques
Ainsi malgré une farouche opposition de l'ancien président Habib Bourguiba contre ces pratiques, depuis la fin des années 80 et l'arrivée de Ben Ali au pouvoir en 1987, des émirs saoudiens défient toutes les lois du pays qui interdisent la chasse de ces espèces. «Armés jusqu'aux dents et accompagnés d'équipes de fauconniers et d'une armée de serviteurs, ils ont fait main basse sur le sud tunisien où ils ont pratiqué la chasse au faucon sacré. Cette forme de chasse, importée de Chine à travers la Perse, est devenue une tradition séculaire chez les arabes. Aujourd'hui, grâce aux moyens modernes de locomotion, elle prend l'allure d'un massacre généralisé», atteste Slim Alileche, un jeune écologiste tunisien sur sa page facebook. Il ajoute : « Au nom de cet « art ancestral », les émirs ratissent le désert dans de puissantes Toyota et Range Rover climatisées, se livrant à un massacre sans merci de tout ce qui bouge. Les animaux qui échappent aux faucons sont abattus au fusil. Une partie du gibier est consommée sur place. Le reste est conservé et ramené au pays dans des congélateurs mobiles alimentés par des groupes électrogènes. La flore elle-même n'est pas épargnée. La végétation éparse de la région est arrachée pour faire des méchouis au feu de bois. Plus aucune vie animale ou végétale ne subsiste après leur passage, c'est la destruction totale. Les émirs armés de leurs faucons ont une prédilection pour l'outarde houbara. Cet oiseau haut sur pattes, de la taille d'un coq, est apprécié pour sa chair. Il semblerait que les princes lui attribuent des vertus aphrodisiaques. ».
Une espèce au bord de l'extinction
Selon les dernières publications scientifiques, lors du Symposium international sur la Chlamydotis undulata (Outarde houbara) qui s'est déroulé en 1979 à Athènes, les scientifiques estimaient la population tunisienne de l'outarde houbara autour de 3.900 individus (Anonyme, 1979). Dans un rapport non publié, le département national des forêts montre que, en 1979 et 1982, respectivement, la population de cet oiseau est passée de 1.253 à 875. En 1997, un chercheur estimait la population tunisienne à plus de 300. Et des études récentes publiées en 2003 ont montré que l'espèce est au bord de l'extinction en Tunisie malgré qu'elle soit protégée par une loi nationale (arrêté annuel relatif à la chasse, sous le titre de l'article 7) et une multitude de conventions internationales à l'image de la convention de Washington ratifiée par la Tunisie en 1974 : la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES), la Convention sur la diversité biologique (CBD), la Convention sur la lutte contre la désertification (CCD), la Convention sur les espèces migratrices (CMS), la convention africaine (AC), Convention de Barcelone (BC) et la Convention sur les zones humides d'importance internationale (Ramsar). Espérons que les gazelles et l'outarde houbara n'auront pas le même sort que le dernier lion tunisien, tué en 1890, ou bien du léopard et des grandes antilopes qui ont résisté jusqu'en 1930, ainsi que le dernier guépard dont la dernière présence sur le territoire tunisien était signalée en 1967.
Enfin, selon M. Azafzaf, le ministère de l'Agriculture et de l'Environnement vient de refuser aux émissaires des émirs qataris l'autorisation de chasser l'outarde houbara dans nos contrées. Or, d'après les histoires qui circulent à Tozeur du côté du «Chott El Gharsa», les émirs qataris ont menacé d'annuler leurs investissements prévus dans la région si les autorités tunisiennes continuent à afficher leur veto. Si les défenseurs de la nature et les écologistes sont catégoriques contre cette expédition qatarie, d'autres habitants de la région ne voient pas du mal à sacrifier les dernières outardes houbara et gazelles contre quelques projets financés par les pétrodollars des émirs du Qatar. Alors, les chasseurs qataris vont-ils bénéficier d'une carte blanche de la part des nouveaux décideurs tunisiens comme c'était le cas avec les émirs saoudiens durant l'ère Ben Ali ? Wait and see...


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