• Proposition de découper la Tunisie en cinq entités régionales cohérentes «Quel modèle de développement et de gouvernance régionale», telle est la principale question posée au cours de la deuxième séance de la conférence euro-méditerranéenne sur «la décentralisation et le développement régional», organisée hier à Gammarth. Deux propositions ont été suggérées à cette occasion. Morched Chebbi, socio-économiste et spécialiste en aménagement du territoire a proposé, dans une intervention intitulée «le développement régional et l'aménagement du territoire», le découpage du territoire en 11 régions économiques dont chacune est gérée par un président et un conseil régional élus. Ces régions auront besoin de ressources financières et de structures d'aide et d'assistance à la création de projets. M. Chebbi a également suggéré la nomination de hauts commissaires, soulignant l'importance de ne pas reproduire le découpage politique. De son côté, M. Ghazi Boulila, professeur en économie à l'Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis a présenté un modèle de gouvernance régionale basé sur la démocratie, la décentralisation, la responsabilisation des régions, la reddition de compte et la participation des citoyens, de la société civile et du secteur privé. M. Boulila estime que la bonne gouvernance doit passer en premier lieu par un découpage régional efficient qui permet d'assurer une tendance de convergence des régions en retard vers les régions «avancées». Pour cela, le conférencier recommande le développement du transport interurbain et du cadre institutionnel outre la facilitation du processus d'expansion des agglomérations urbaines et la promotion des échanges des biens et des services avec les pays voisins. M. Boulila propose le découpage du territoire en cinq entités régionales cohérentes à savoir le Grand-Tunis (Tunis, Ariana, Ben Arous et La Manouba), le nord (Nabeul, Bizerte, Béja, Jendouba, Zaghouan, Siliana et le Kef), le centre nord (Sousse, Monastir, Kairouan et Kasserine), le centre Sud (Sfax, Mahdia, Sidi Bouzid et Gafsa) et le sud (Gabès, Tozeur, Kébili, Médenine et Tataouine). Ce nouveau découpage devrait créer de nouveaux pôles situés à l'intérieur du pays comme Jendouba, Le Kef, Kasserine, Sidi Bouzid, Gafsa et Tozeur, précise le conférencier. Il a fait remarquer que la nouvelle stratégie doit passer par la simplification radicale des structures décentralisées. M. Boulila a souligné l'importance de créer des municipalités sur tout le territoire du pays qui seraient le premier niveau de gouvernance. Au second niveau, il propose un conseil de gouvernorat élu. Au troisième niveau, il suggère l'assemblée régionale dirigée par un président élu. Comme contrepouvoir, M. Boulila propose la création de cinq cours administratives et financières régionales disposant du pouvoir d'annuler les décisions «illégales» du président ou de l'assemblée régionale et de réformer leurs décisions financières. Pour leur part, les participants à la conférence ont mis l'accent sur l'importance de la dimension sociale, soulignant la nécessité de tenir compte des propositions et des besoins des citoyens.