• Un «art» mal exploité, parce que livré à lui-même et… incompris ! Témoignage d'un expert en la matière. D'emblée, dissipons cette ambiguïté : la différence est nette entre un décorateur intérieur et un architecte intérieur. Si le premier s'occupe seulement du volet «lifting», le second se distingue par sa spécialisation dans l'aménagement général de la construction (travaux de climatisation, chauffage central, électricité, menuiserie, fer forgé, marbre, faux-plafond, plantes de décoration, aluminium, caméras de surveillance, etc.). Autrement dit, l'architecture intérieure, c'est la fonctionnalité de l'image à tous les niveaux, et pas seulement à celui du décor intérieur. Une vérité hélàs ignorée par certains qui se hasardent à livrer leurs chantiers tour à tour à l'architecte urbain (pour les travaux du plan et des fondations), puis au décorateur intérieur (pour les travaux de lifting), alors que l'architecte intérieur est, techniquement, en mesure d'honorer, tout seul, les deux tâches, à un coût moindre, et avec la qualité garantie par-dessus le marché. «Il est bizarre de constater que l'architecte intérieur est, aux yeux des entrepreneurs, le dernier de leurs soucis», s'étonne Adel Jaâfoura, architecte intérieur, pur produit de l'Ecole des beaux-arts de Bab-Saâdoun, avant d'aller se perfectionner au Japon pendant deux ans. Artiste en la matière, follement amoureux de son boulot, il assure, d'un air triste, que «ce métier souffre encore de marginalisation, parce que livré à lui-même et incompris. Et c'est d'autant plus grave qu'un architecte intérieur est formé après de longues et coûteuses études supérieures dans les cinq écoles et instituts spécialisés que compte notre pays». L'autre bizarrerie, selon notre interlocuteur, est que «la Tunisie n'est pas encore affiliée à l'International fédération interior architect (Ifia), organisme mondial auquel sont adhérés plus de 60 pays, alors que la Journée mondiale du design, célébrée tous les mois d'octobre, passe inaperçue dans nos murs». Avocat acharné d'un métier qu'il tient absolument à démystifier, Adel Jaâfoura mène aujourd'hui son combat avec une rare détermination. Et ce n'est pas un hasard si notre TV nationale (Al-Watania 1) lui a transformé ses studios en... arène pour la poursuite de ce «combat de démarginalisation», à travers l'émission nationale quotidienne de Wadiaâ Berrehouma «Sabah Al-Khaïr».