Apparemment, les dossiers qui attendent les responsables au ministère de l'Education sont nombreux et complexes. Beaucoup de sujets sont récurrents et attendent depuis longtemps. Jusqu'à présent, certains points importants n'ont pas trouvé leur voie vers une solution et sont donc restés en suspens. La volonté politique étant absente, il a fallu reporter ces dossiers à plusieurs reprises. Cette fois il y a des espoirs que certains de ces problèmes se dirigent vers une solution ou, à tout le moins, vers un début de sortie de crise. Le gouvernement partant léguera ces dossiers au gouvernement mis en place. C'est à ce dernier qu'échoit le rôle de prendre en charge, comme il le voit, les possibles correctifs ou réformes nécessaires. L'enseignement tunisien n'a pas connu de vraies grandes réformes depuis 1958. Tout ce qui a été entrepris jusqu'ici ne peut être que des replâtrages et des opérations de « lifting» en vue de redorer le blason sans tenir compte des réalités pédagogiques. C'est depuis 1991 que le compte à rebours du déclin a commencé. En effet, c'est la mise en place d'un nouveau système éducatif qui a tout chamboulé et fait perdre les repères aux pédagogues. Les résultats, on les voit aujourd'hui : inadéquation des marchés de l'emploi avec les promotions issues de l'enseignement, baisse flagrante du niveau des diplômés, déstructuration du système d'orientation, démotivation des apprenants, démoralisation des compétences au niveau des cadres éducatifs et démission de la société civile.Ce ne sont, là, que quelques aspects de l'état des lieux. D'où l'impératif qu'il y a à prendre les choses au sérieux et à parer au plus pressé. L'un et l'autre Sur une dizaine de chantiers ouverts dans ce secteur, on peut noter celui du temps scolaire. La question de son réaménagement s'est imposée avec plus de force depuis 2009. Des consultations se sont tenues pour essayer d'apporter la réponse adéquate à cette problématique. Divers scénarios ont été prônés. Certains, d'ailleurs, ont été retenus et proposés aux nouvelles autorités de l'éducation. Toutefois, un point essentiel semble avoir échappé à beaucoup de gens. On ne peut pas, justement, parler de temps scolaire sans parler de temps administratif. L'un ne peut pas aller sans l'autre. C'est vrai que l'on a longtemps parlé des loisirs, des repos, des examens, du contrôle continu, etc. C'est vrai, aussi, que l'on a fait des suggestions intéressantes et pratiques. Mais le lien n'a pas été clairement établi entre ces deux temps. Concernant le temps ou le rythme scolaire il y a la conviction qu'une nouvelle orientation doit être introduite. Elle permettra, surtout pour les élèves, d'alléger les charges et de les conduire vers d'autres occupations extrascolaires complémentaires. En plus des cours et des heures qui leur sont consacrées il est prévu des programmes de détente et de loisirs en vue d'accompagner l'opération d'apprentissage. Cette dernière doit, impérativement, être entourée de toutes les garanties de réussite. L'intégration d'activités sportives, culturelles ciblées (sans intervention de parties politiques), excursions et voyages, développement des talents, création de clubs, etc... sont de nature à redynamiser le rythme scolaire et à donner à l'espace scolaire plus de vivacité et de capacité à interagir avec son environnement. Or, ce dernier doit être prêt à accueillir l'école par une autre réorganisation. En l'occurrence le rythme administratif. Les autorités (le Premier ministère en particulier) avaient envisagé depuis plusieurs années d'examiner cette question. Sous la pression de l'opinion publique l'idée a pris son chemin, poussant ces mêmes autorités à imaginer deux scénarios possibles permettant de libérer beaucoup plus les travailleurs. Le fait que les responsables aient tardé à donner leur aval est compréhensible. Donner aux citoyens du temps pour réfléchir, se divertir et s'organiser présentait des risques politiques que chacun de nous peut deviner. Quand on a du temps « libre » on va s'intéresser à ce qui nous entoure et on va essayer de chercher des solutions aux problèmes ; c'est, justement, cela qui dérange le gouvernant. Aussi faut-il retenir les gens au travail. Cela les occupera et les empêchera de «mettre leur nez dans ce qui ne les regarde pas». Dans la conjoncture actuelle et avec l'ouverture devant les activités associatives la question n'est plus d'actualité. Chaque Tunisien est libre de s'organiser et de s'associer. Ce n'est que si on adopte un autre temps administratif que les potentialités pourront sûrement se libérer en synergie avec le secteur éducatif, notamment. Un des scénarios prévoit une semaine de travail de cinq jours (du lundi au vendredi). Les horaires se diviseront en deux (l'un hivernal qui va de septembre à fin juin et l'autre estival de juillet à août). La mise à disposition de deux jours de congé consécutifs ouvre la porte à de grands projets possibles en collaboration avec les différents composants du tissu associatif. L'école sera la grande gagnante puisqu'elle offrira des chances réelles aux parents d'être plus proches de leurs enfants et de mieux les encadrer. La réalisation de cette double performance entre les rythmes scolaire et administratif n'est pas impossible. Les raisons en sont multiples. Concernant le volume horaire hebdomadaire, il ne serait pas différent de celui de la semaine de 6 jours adoptée actuellement. Car ce volume sera de 39 heures par semaine en hiver et de 35 heures en été. Cette moyenne n'est pas éloignée de celle de l'Europe qui est un de nos principaux partenaires.