La situation paraîssait sereine, en ce début de semaine, le long de la frontière tuniso-libyenne, mais «elle demeure cependant imprévisible, voire tendue, tant que des incidents sporadiques se produisent, de temps à autre, sur les lieux», d'après ce que répètent les fonctionnaires et autres agents de la douane. En effet, des assaillants et des contrebandiers tentaient par des actes illicites de semer la panique, de faire monter la pression et de troubler la sérénité des relations de bon voisinage qui existent entre les deux pays frères. Nos forces de sécurité étaient aux aguets hier, effectuant des patrouilles incessantes, de jour comme de nuit, le long de la frontière. Elles ont ainsi pu récupérer le véhicule du garde-frontières retenu, samedi, par un groupe libyen armé qui avait franchi le territoire tunisien au niveau de la localité de Maguissam. Toutefois, d'autres énergumènes libyens armés ont récidivé, dimanche vers minuit, en attaquant un poste de gendarmerie dans la localité d'Om Gorsane, sans faire de dégâts corporels, heureusement. «Les échanges de coups de feu ont duré une bonne demi-heure», affirme Am Belgacem, témoin oculaire et berger de son état. Hier matin, vers le coup de onze heures, des tirs ont été également entendus à El Merissa, sur la frontière, et on ne déplore pas de victimes. Au poste-frontière de Ras Jédir, «le trafic est normal dans les deux sens. Aucun dépassement n'a été enregistré, ce lundi, à ce point de passage», nous apprend un officier de l'Armée nationale posté sur les lieux. Même chose sur le tronçon qui mène vers la ville de Ben Guerdane, où quelque trois mille réfugiés africains sont toujours hébergés dans le camp de Choucha. La présence des Libyens dans le gouvernorat de Médenine est également manifeste, notamment dans les villes de Zarzis et Ben Guerdane, où ils font leurs emplettes. Point besoin de rappeler que la sécurité, assez fragile à Ras Jédir, principal poste-frontière entre les deux pays, a sûrement été évoquée lors de la première visite de travail qu'effectuera le président de la République à l'étranger depuis sa prise de fonction. Ali Laâridh joue la modération Le ministre de l'Intérieur Ali Laâridh a plaidé contre l'amplification de l'incident de l'enlèvement du chef de patrouille de la Garde nationale Walid Othmani commis, samedi, sur les frontières tuniso-libyennes, par un groupe armé libyen. «Les étroites relations établies entre les deux pays frères ne peuvent pas être affectées par de tels actes isolés», a-t-il affirmé. Le ministre de l'Intérieur qui s'est rendu, dimanche, au chevet de l'adjudant Walid Othmani, hospitalisé au centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous à la suite d'une blessure par balle à la jambe, a souligné que ce petit incident a déjà été réglé et que toutes les mesures nécessaires seront prises pour prévenir la récidive. Par ailleurs, il a démenti les rumeurs qui circulent autour du manquement du gouvernement actuel à ses obligations pour régler rapidement cet incident. «Aussitôt informé de cet enlèvement, j'ai engagé, en coordination avec les ministères de la Défense et des Affaires étrangères, des contacts avec les autorités libyennes concernées pour garantir la sécurité de l'adjudant», a-t-il précisé. La secrétaire générale adjointe du syndicat national des forces de sécurité intérieure chargée des négociations, Olfa Ayari, a mis l'accent sur le rôle important joué par le syndicat dans l'accélération de la libération de l'agent de l'ordre enlevé, précisant que le secrétaire général du syndicat Abdelhamid Jarraya s'est rendu en personne à Ras jedir et a engagé les négociations avec les insurgés jusqu'à la libération de l'adjudant enlevé. L'état de la santé de l'adjudant est stable et il est actuellement en train de subir une intervention chirurgicale pour extraire la balle qui s'est logée dans sa jambe, a précisé le frère de la victime Yosri Othmani.