Hier, les militants des droits de l'Homme de tous bords se sont donné rendez-vous à la maison de la culture Ibn-Rachiq pour donner ensemble dans une ambiance de convivialité et de retrouvailles entre des activistes qui ne se sont pas rencontrés depuis des années, le coup d'envoi de la consultation nationale placée sous la devise «Pour prévenir et éradiquer la torture et les mauvais traitements». Organisée par le Réseau euro-méditerrannéen des droits de l'Homme présidé par Kamel Jendoubi (dont l'allocution a été prononcée par Me Mokhtar Trifi) en collaboration avec l'Organisation mondiale contre la torture représentée par son vice-président Dick Marty, la rencontre a permis de mesurer ce qui a été fait en matière de lutte contre la torture depuis la révolution et surtout ce qui reste à faire «pour que la culture de l'acceptation de la torture par certains de nos concitoyens soit bannie à jamais». Les échanges auxquels les présents ont assisté ont révélé que le gouvernement, les associations et les organisations spécialisées ont un grand travail à mener pour que «la dignité de l'individu soit consacrée, comme l'a souligné M. Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, y compris pour les anciens responsables emprisonnés actuellement et dont les droits doivent être respectés et qui bénéficieront d'un traitement digne de la Tunisie révolutionnaire, loin de tout esprit de vengeance ou de vindicte». Le ministre n'a pas manqué de souligner qu'il est «du devoir de tous de se mobiliser en vue d'éradiquer la torture et les mauvais traitements qui ont continué malheureusement après la révolution». «Nous sommes condamnés à vaincre les réticences de ceux qui n'ont pas encore saisi que l'ère de l'impunité est révolue à jamais et qu'une société dont la dignité d'une partie des citoyens est bafouée ne peut en aucune manière assurer sa migration vers la démocratie», a-t-il conclu. Pour Dick Marty, vice-président de l'Organisation mondiale contre la torture (Omct), «le peuple tunisien qui a gagné admirablement son combat contre la dictature et qui a réussi à organiser des élections démocratiques et transparentes jugées supérieures à des élections organisées dans des pays européens considérés comme des références en matière de démocratie, doit rester vigilant et en veille constante. Car le mépris de la dignité de l'homme est toujours aux aguets, la lutte contre la torture est un combat de tous les jours et la démocratie et le respect des droits de l'Homme ne constituent pas des cadeaux offerts par quiconque, mais bien des valeurs pour la concrétisation desquelles l'engagement doit être quotidien». Me Mokhtar Trifi, président d'honneur de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (Ltdh), a appelé au nom de M. Kamel Jendoubi, président du Réseau euroméditerranéen des droits de l'Homme (Remdh), à la dynamisation du décret-loi du 16 février 2011 par lequel le gouvernement a annoncé sa ratification du protocole facultatif inhérent à la convention internationale de lutte contre la torture, soulignant, notamment, que «cette ratification oblige le gouvernement à mettre en place, dans un délai d'un an, les mécanismes requis en vue de permettre aux organisations des droits de l'Homme d'exercer leur mission de contrôle de respect des droits de l'Homme comme visiter par exemple les lieux d'arrestation des citoyens, sans autorisation préalable». «Malheureusement, depuis le 16 février 2011 et à une semaine de l'expiration du délai (soit le 15 février 2012), le gouvernement n'a rien fait pour que cette ratification soit effective», a-t-il martelé. Il est à préciser que la consultation se déroulera, les 9 et 10 février, entre représentants gouvernementaux et non gouvernementaux. Une conférence de presse sera donnée demain, vendredi 10 février, en vue de révéler à l'opinion publique les principales recommandations issues de la consultation.