Réunion, tout au long de la journée d'hier, jusqu'à une heure tardive de la nuit, au Palais du Bardo, siège de l'Assemblée nationale constituante, des commissions constituantes (au nombre de six), législatives (au nombre de huit) et spéciales ( au nombre de trois). Au menu, l'élection des présidents, des deux vice-présidents et des rapporteurs et des deux rapporteurs adjoints de chaque commission. Qu'est-ce que les constituants attendent de ces commissions et comment voient-ils les prérogatives qui leur sont accordées ? Comment évaluent-ils la gestion par le gouvernement de la vague de froid et la neige qui se sont abattues sur la région du Nord-Ouest du pays et considèrent-ils que le gouvernement a fait ce qu'il fallait au moment opportun ? Les réponses à ces deux questions posées par La Presse à certains constituants appartenant à diverses tendances politiques varient entre ceux qui considèrent que le travail essentiel de l'Assemblée nationale constituante a démarré effectivement, hier, avec l'élection des présidents et des rapporteurs des commissions qui s'attellent déjà à la mise en place de la méthodologie qu'elles vont suivre pour entrer dans le vif du sujet (la rédaction de la Constitution) et ceux qui estiment que «le gouvernement a eu la réaction qu'il fallait face à la neige qui a surpris tout le monde y compris les pays d'Europe où l'on déplore des centaines de victimes», alors que d'autres reprochent aux administrations centrale et régionale leur lenteur et leur manque d'expertise «puisque les décisions prises n'ont pas été appliquées convenablement et leurs effets n'ont pas été ressentis et par les victimes et par les régions sinistrées». Non à l'instrumentalisation politique de la vague de froid Amor Chetoui, président de la commission des pouvoirs législatif et exécutif et de la relation entre les deux pouvoirs (constituant élu sur les listes du CPR), précise que «la commission aura pour attribution de définir les prérogatives qui seront conférées par la future Constitution aux pouvoirs législatif et exécutif. Nous avons consacré la réunion d'hier à la discussion de la méthodologie d'action que notre commission mettra en œuvre en vue d'accomplir, dans les meilleures conditions, la mission qui lui est confiée. Quant à la gestion de la vague de froid et de la neige qui ont touché la région du Nord-Ouest, je pense que les autorités régionales ont été surprises par l'ampleur des quantités de neige qui sont tombées en un laps de temps aussi court, outre la détérioration des infrastructures de base, ce qui a empêché les aides de parvenir à temps à leurs destinataires. Tout en disant non à l'exagération et à l'instrumentalisation politique d'un phénomène naturel dont les effets néfastes ont touché, durement, les pays les plus développés et censés être à l'abri des catastrophes, je ne peux affirmer que la gestion gouvernementale de cette crise est au-dessus de la critique». Jedidi Sbouii, constituant appartenant au groupe d'El Aridha et membre de la commission constituante de la justice juridique, administrative et financière, présidée par le doyen Fadhel Moussa, s'attend à ce que la commission «parvienne à inscrire dans la Constitution un système juridique nouveau fondé sur une justice impartiale, indépendante et équitable, une justice qui servira les intérêts du peuple et qui n'obéira pas aux ordres de quiconque». «C'est là notre ambition et c'est ce que nous avons convenu dès la première réunion de notre commission», tient-il à préciser. Pour ce qui est des aides servies aux régions du Nord-Ouest sinistrées par la vague de froid et de neige, le constituant déplore le fait qu'elles aient été «très tardives et accompagnées de véritables campagnes électorales prématurées de la part des partis politiques qui se sont rendus dans ces régions. Nous considérons, pour notre part, que les habitants du Nord-Ouest n'ont pas besoin d'aides conjoncturelles mais plutôt de solutions définitives», souligne encore le constituant d'El Aridha. Néjib Hosni, constituant indépendant et membre de la même commission, tient à faire remarquer à propos de la vague de froid que sur «le plan médiatique, les moyens d'information ont révélé ce qu'on cachait auparavant, d'où l'impression erronée que le gouvernement a failli à sa mission. En tant que citoyen du Nord-Ouest, je pense que le gouvernement a fait ce qu'il fallait faire. La preuve, le Premier ministre s'est déplacé à Jendouba alors que Saïd Mechichi, secrétaire d'Etat au ministère de l'Intérieur, a présidé une cellule de crise installée dans la région dont il est natif. N'oublions pas que les effets de la vague de froid et de neige dépassent toutes les prévisions et surprennent n'importe quel gouvernement». Ahmed Mechergui (Ennahdha), membre de la Commission constituante chargée du préambule et des principes, affirme avoir été présent sur le terrain à Aïn Draham du 2 au 12 février et avoir suivi l'évolution de la situation depuis le premier jour du déclenchement de la vague de froid. «Ainsi, les grandes quantités de neige tombées en un laps de temps très court, l'absence des autorités régionales en la personne du gouverneur qui a quitté la région depuis quelques semaines, la multiplicité des décisions et des contre-décisions qui émanaient de plusieurs sources en même temps, la lenteur incompréhensible et injustifiée manifestée par certains agents des administrations régionale et locale (Aïn Draham et Jendouba) constituent autant de facteurs qui ont donné l'impression à l'opinion publique et aux victimes que les interventions n'ont pas été menées à temps et que le gouvernement n'a pas été à la hauteur de ce qu'on attendait de lui en de pareilles circonstances. Reste à savoir pourquoi ces agents de l'administration régionale ont-ils opté pour ce comportement, outre les agissements inadmissibles d'un groupe de délinquants qui ont bloqué, en utilisant leurs voitures, la route pour empêcher les bulldozers de déblayer la neige sur cette même route et de désenclaver les régions isolées», ajoute Ahmed Mechergui. Membre de la commission législative, de l'infrastructure de base et de l'environnement, Ali Laâridh estime que la vague de froid a constitué une occasion pour révéler «la solidarité du gouvernement et de toutes les composantes de la société civile avec nos concitoyens dans la région du Nord-Ouest. Seulement, tout le monde a constaté que l'infrastructure de base dans cette région était dans une situation de déficience totale, contrairement à ce qui était propagé durant plusieurs décennies, d'où la nécessité de conférer, par le gouvernement, la priorité absolue au développement de ces régions». Les commissions de l'ANC L'Assemblée nationale constituante compte six commissions constituantes chargées d'élaborer la Constitution, huit commissions législatives qui ont pour attributions de préparer les lois sur lesquelles se fondera le gouvernement Jebali durant son mandat et trois commissions spéciales. Voici ci-après une présentation des 17 commissions dont les bureaux ont été élus, hier. Les commissions législatives 1) La commission des droits, des libertés et des relations extérieures 2) La commission de la législation générale 3) La commission des finances, du plan et du développement 4) La commission de l'énergie et des secteurs productifs 5) La commission des secteurs des services 6) La commission des affaires éducatives 7) La commission de l'infrastructure de base et de l'environnement 8) La commission des affaires sociales Les commissions constituantes 1) La commission du préambule, des principes fondamentaux et de la révision de la Constitution présidée par Sahbi Attig (Ennahdha) 2) La commission des droits et des libertés présidée par Férida Laâbidi (Ennahdha) 3) La commission du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif et des relations entre les deux pouvoirs présidée par Amor Chetoui (CPR) 4) La commission de la justice juridique, administrative, financière et constitutionnelle présidée par Fadhel Moussa (Pôle démocratique moderniste) 5) La commission des instances constitutionnelles 6) La commission des collectivités publiques, régionales et locales présidée par Imed Hammami (Ennahdha) Les commissions spéciales 1) La commission spéciale du règlement intérieur et de l'immunité 2) La commission des martyrs et des blessés de la révolution et de la dynamisation de l'amnistie générale 3) La commission de la réforme administrative et de la lutte contre la malversation.