Par Hamma HANACHI Le sujet revient à un rythme irrégulier, autour des tables rondes, séminaires et autres rencontres, artistes, galeristes et responsables en débattent à chaque occasion : la cote des artistes tunisiens. Quelques-uns s'appuyant sur les ventes d'œuvres, destinées essentiellement au marché des pays du Golfe, clament haut qu'il existe un marché solide et une cote réelle. Il existe, en effet, des marchands disposant de fonds (ils se comptent sur les doigts d'une main) qui louent des stands, exposent et vendent des œuvres à l'étranger, mais le succès de ces ventes est relatif et reste confiné dans les frontières du Moyen -Orient, ce qui fait hâtivement dire que nos peintres ont la cote sur les marchés internationaux. Reçu Le marché de l'art contemporain 2010/2011, le rapport annuel Artprice, revue exhaustive qui recense les ventes aux enchères des œuvres contemporaines, la lecture est riche en enseignements sinon en informations, elle nous apprend des tas de choses. Dans le chapitre L'art comme investissement alternatif, il est écrit : «Au cours de l'année 2010-2011, la nervosité des marchés financiers et les indicateurs en berne de part et d'autre de l'Atlantique ont dopé deux valeurs qualifiées de sûres: l'or et l'art». Le marché de l'art prend une place grandissante dans le monde arabe, un chapitre lui est consacré, ce qui pique davantage notre curiosité. Dans le monde arabe ? Plutôt dans les pétro-monarchies, Abou Dhabi, le Qatar... pays «stables», qui ignorent ce que crise veut dire, ils se sont érigés en places fortes pour la circulation de l'art, Dubaï avec Christy's (2006) et Bonham's (2008) fait partie du Top 10 sur le marché mondial. Une nouvelle agora a pris pied au Maroc (Marrakech Art Fair). Et Tunis ? -*-*-*-*- Il a endossé le costume de candidat en campagne aux élections, traverse des étapes pénibles, ses gestes, sa voix, ses regards, son nom, sa bio, ses faits d'armes sont observés à la loupe, il assure sur les télés généralistes et thématiques. La course d'obstacles est longue, en marathonien, il répond à toutes les questions, naïves ou pernicieuses, bêtes ou intelligentes, encaisser les coups, comme un champion de boxe, accepter modestement les éloges, l'épreuve est cruelle et exige des nerfs d'acier, lui, réussit ses prestations, évoque des recoins de sa vie, de son pays. Pour couronner son parcours, un long papier dans le magazine Vanity Fair, la Bible de la profession et passage obligé pour les prétendants sérieux, une interview fleuve, un portrait bien enquêté, son enfance, la culture générale. Verni, il s'en sort avec maestria, son image séduit. Eloges dans les médias. Les primaires aux Etats-Unis ? Reportage sur la campagne électorale française ? C'est Jean Dujardin dans la dernière ligne droite pour l'Oscar du meilleur acteur dans The Artist, il a de fortes chances et les radios s'en font l'écho sans réserve. Verdict le 26 février, la France retient son souffle. -*-*-*-*- En préambule sur l'art contemporain arabe, Artprice cite le magazine marocain d'art Dyptik (octobre-novembre 2011) qui relève : «Considéré comme un marché émergent il y a moins d'une décennie, l'art contemporain arabe assoit ses fondations. Son marché est à l'image d'une création qui serait dans les beaux jours de son adolescence, traversant une période de mutations, d'hypersensibilité et d'hypercréativité». Voyons ce que disent les chiffres, ils sont éloquents et n'appellent pas de commentaires. Dans le Top 500 des artistes, le premier arabe coté, Ahmed Alsoudani (Irakien qui vit et travaille à Berlin), occupe le méritant 160e rang, le 2e, Baâlbaki Ayman, Libanais (vit entre Beyrouth et Paris), se situe au 441e rang et basta. Dans le Top 10 des plus fortes enchères d'art contemporain, ventes du 1er juillet 2010 au 30 juin 2011, 4 œuvres sont américaines (2 Jeff Koons et 2 Basquiat) et 5 sont chinoises (Yifei, Fanzhi, Yidong...). Les artistes arabes notablement cotés ? Ils sont loin, très loin derrière les grosses pointures. Aux côtés des valeurs sûres, de jeunes artistes investissent le marché, quelques œuvres flambent vite, le panorama pousse à l'optimisme et toujours pas de Tunisiens. Tendances? La photo gagne du terrain. Dans le Top 10 des maisons de vente, installées sur les places financières, on découvre derrière les géants Christie's, Sotheby's ou Poly International, 5 maisons chinoises, ce qui explique en partie la percée des peintres chinois. La Compagnie marocaine des œuvres et objets d'art de Casablanca est la seule maison de ventes spécialisées dans le monde arabe, ce qui n'est pas sans effets sur l'art marocain. Comment encourager la circulation et la vente des œuvres tunisiennes ?