"Notre situation demeure à la fois pénible et incertaine", indique un gardien de nuit dans un lycée Toujours la même demande: un emploi décent, en contrepartie d'une rémunération stable, assurant une couverture sociale et médicale ainsi que des conditions de travail respectables. En effet, il ne s'agit pas seulement d'une demande des sans-emplois, mais aussi de plusieurs travailleurs précaires, évoluant sous plusieurs formes d'intérim, et qui ne cessent de revendiquer leur intégration. C'est le cas des ouvriers de chantier et des agents bénéficiaires du mécanisme n° 16 qui travaillent dans les établissements scolaires au gouvernorat de Ben Arous. Déjà, deux employés nous ont apporté une liste de 29 personnes, avec plusieurs demandes d'intégration, individuelles et collectives, auprès de différentes instances. «On a en beaucoup de promesses des différents gouvernements mais notre situation demeure à la fois pénible et incertaine», indique Mohamed, 47 ans, gardien de nuit dans un lycée de Ben Arous. A cet égard, il est à rappeler que l'ancienne équipe dirigeante a annoncé l'intégration de tous les ouvriers recrutés avant l'année 2000. Et pour le reste, une intégration progressive est en vue. M. Mohamed a été recruté en 2005. Depuis son affectation, il a passé par tous les postes, effectué tous les travaux et toutes les tâches. «Agent administratif, surveillant, concierge, gardien de nuit... j'ai répondu présent à toutes les directives, même si certaines avaient pour objectif de m'écarter d'un service ou d'une tâche particulière», ajoute le gardien. En contrepartie de ces travaux pénibles, le niveau de la rémunération est au plus bas niveau. Smigard, notre interlocuteur, comme la majorité de ses collègues, trouve toutes les peines du monde à supporter le renchérissement du coût de la vie. S'estimant chanceux, il relève que d'autres ouvriers sont rémunérés en deçà du salaire minimum. Son collègue, Ali, est plus jeune mais, avec une famille et des parents à charge, sa situation précaire ne lui procure aucune assurance. Entre-temps, un concours a été organisé pour régulariser la situation de ces employés. Bien qu'organisé en interne pour donner toutes les chances à ces travailleurs temporaires, le résultat a été largement contesté. «Le népotisme bat encore son plein», déplore l'un de nos interlocuteurs. D'ailleurs, le critère d'ancienneté n'a pas été respecté. «Plusieurs travailleurs, fraîchement recrutés, ont réussi le concours», remarque M. Ali. Les intéressés estiment qu'une telle évolution est trop belle pour être vraie. Pis, ils soupçonnent que le recrutement de certains n'a été qu'une formalité pour avoir accès à un concours biaisé. Pour certains travailleurs de ladite liste, le concours est une dernière chance pour garder leur emploi. Leurs contrats arrivent justement à terme à la fin du mois courant. Et pour tous, la demande est l'intégration dans leurs postes en tant qu'employés du ministère de l'Education. En réaction à ce sujet, le ministère de l'Education nous fait savoir que ce dossier relève plutôt du département régissant la fonction publique rattachée au Premier ministère. A ce niveau, la décision d'intégration est tributaire des formalités administratives et des budgets alloués. En somme, les salariés en situation précaire sont exposés à des conditions de travail aléatoires, notamment des horaires variables et peu prévisibles. De même, ils subissent beaucoup de difficultés physiques, sans parler du manque du soutien d'un collectif de travail. Et ils ne bénéficient d'aucune mesure de prévention des risques professionnels.