L'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a organisé, hier, à Tunis, un colloque en collaboration avec sa section de l'Ariana ainsi qu'avec un certain nombre de syndicats italiens, et ce, sur le thème suivant : « La démocratie, l'emploi et l'économie, un an après la révolution ». L'allocution d'ouverture a été donnée par M. Houssine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt, qui a souligné que « la Tunisie passe par une étape transitionnelle qui peut s'étaler sur plusieurs années. Cette étape est très importante, car elle va préciser l'avenir de la Tunisie». Il a insisté, d'autre part, sur le rôle indispensable de l'Ugtt, qui a toujours défendu la cause de la liberté et de la démocratie dans l'histoire de la Tunisie. M. Abassi a expliqué par ailleurs que « le travail décent, qui représente un droit fondamental du citoyen, doit comprendre le bon salaire, la stabilité du travail, la couverture sociale du travailleur et de sa famille, la promotion dans la carrière... ». Pour lui, ce droit n'est pas moins important que l'égalité, l'équité interrégionale, la liberté de croyance et d'expression, le droit de créer des partis politiques et des organisations, le droit de manifester et le droit syndical, qui sont également des droits fondamentaux. Il a insisté, par ailleurs, sur le fait que la justice transitionnelle ne peut être réalisée qu'à travers l'instauration d'une instance indépendante et neutre, et ce, pour mieux acquérir la confiance des Tunisiens. De même, selon lui, une deuxième instance impartiale et indépendante, à l'instar de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), doit être créée pour garantir la réussite des prochaines élections. S'agissant du volet économique, M. Abassi a indiqué que «la situation difficile du secteur du tourisme, depuis la révolution, nécessite une intervention rapide. Il a été convenu avec le gouvernement, a-t-il ajouté, de créer une commission mixte visant à trouver les solutions et les mécanismes nécessaires en vue de promouvoir ce secteur et assurer la pérennité des établissements de tourisme». Concernant le développement, il est devenu nécessaire d'assurer l'équité entre les régions, la justice dans la répartition des richesses, le développement de l'infrastructure des régions intérieures afin de promouvoir l'investissement. Sur un autre plan, le secrétaire général de l'Ugtt a souligné que les négociations sociales entre le gouvernement et la centrale syndicale sont en cours. En fait, « une instance supérieure, composée de cinq membres du bureau de l'Ugtt et de cinq ministres, a été créée. Une réunion sera tenue, jeudi prochain, dont l'objectif est la mise en place d'un certain nombre de commissions telles que la commission des négociations sociales ». Toutes les parties, par ailleurs, sont appelées à s'engager dans un nouveau contrat social. L'importance de ce dernier réside dans sa vocation à soutenir la démocratie, respecter les droits individuels et collectifs, assurer l'égalité sociale, l'indépendance du pouvoir judiciaire ainsi que la liberté d'expression et de presse. Cette importance consiste aussi à garantir le droit au travail décent, la lutte contre la discrimination ainsi que la réhabilitation du rôle de l'Etat et de ses prérogatives dans l'organisation des relations au sein de la société. Participant à cette rencontre, la représentante de la Confédération générale italienne du travail (Cgil) a insisté de son côté sur le rôle important de l'Ugtt et sur sa mission nationale, consistant à veiller à ce que la révolution ne dévie pas de ses objectifs. Elle a mis l'accent, en outre, sur la nécessité de consolider les relations, non seulement entre syndicats italiens et syndicats tunisiens, mais aussi entre les deux pays. Mais quelles sont, finalement, les raisons de cette rencontre ? M. Mohamed Chebbi, secrétaire général de la section de l'Ugtt de l'Ariana, l'explique ainsi : « L'objectif de ce colloque est d'expliquer aux syndicats italiens la vraie situation politique du pays. Et ce, afin de permettre à l'investissement de revenir et d'établir d'autres partenariats qui peuvent résoudre le problème du chômage ».