Pour M. Fadhel Abdelkéfi, président de la Bvmt (Bourse des valeurs mobilières de Tunis), le plan économique et social proposé par le gouvernement tunisien pour l'année 2012 aurait omis de mettre l'accent sur l'importance du marché financier en tant que vecteur de développement de l'économie. Il pense en effet que le développement de ce marché, à travers le renforcement de la capitalisation et l'augmentation du nombre d'entreprises cotées, serait bénéfique à toutes les parties aussi bien les entreprises, la Bourse, les banques que le gouvernement. «Pourtant, nous avons rencontré les représentants des différents partis politiques afin de parler avec eux de la réalité du marché et des possibilités d'expansion qui s'y rattachent», ajoute-t-il encore. Notre interlocuteur souligne, par ailleurs, que contrairement à ce que certains pensent, la dette publique qui se situe aux alentours de 50% du PIB reste soutenable, c'est la situation de certaines entreprises endettées ou surendettées qui est critique. L'endettement de ces entreprises entraîne des crédits accrochés auprès des banques et c'est là que le marché financier peut jouer son rôle en tant qu'alternative qui permet à ces entreprises de renforcer leurs fonds propres, précise-t-il. Aujourd'hui, le marché financier ne participe qu'à hauteur de 5% au financement de l'économie contre 95% pour le secteur bancaire et le leasing. Une meilleure information sur le marché boursier et une plus forte implication des entreprises et du gouvernement permettraient, selon F. Abdelkéfi, d'atteindre les objectifs visés dans ce cadre, à savoir élever la capitalisation boursière à 60% du PIB (contre 25% actuellement) et le nombre des entreprises cotées à 250. Le président de la Bvmt trouve, en outre, que le programme économique du gouvernement souffre de l'absence de certaines démarches, dont la mise sur le marché de certaines entreprises publiques qui peut être une solution de choix pour nombre d'entreprises et la confiscation des biens illégalement acquis. D'autant plus que le volume des biens confisqués s'élèverait à 4 milliards de dinars. La combinaison de ces deux actions et les ressources qu'elles génèreront pourraient «financer un fonds régional de développement ainsi que des partenariats public-privé, le but étant d'inciter le promoteur privé à aller vers les zones intérieures», précise encore F. Abdelkéfi. S'agissant du taux de croissance de 3,5% visé par le plan économique et social, il relève que c'est un objectif qui reste tributaire de la relance de certains secteurs clefs tels le tourisme, le phosphate et l'agriculture.