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Patrimoine musical : le variable et l'immuable
Contrepoint
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 04 - 2012


Par Khaled TEBOURBI
Nous accueillons, comme à chaque printemps, le mois du patrimoine. Pourquoi un mois du patrimoine et que doit-on entendre par patrimoine?
Le mois du patrimoine se comprend, d'emblée, comme un moment d'évocation et de célébration de nos sites et de nos œuvres historiques. A priori, c'est un moment tourné vers le passé. Vers tout ce qui a constitué, au fil des siècles, de génération en génération, nos «réceptacles mémoriels» collectifs, les repères «constants» de notre identité culturelle et artistique.
Seulement vers le passé? Seulement, comme il s'explique de façon courante, vers le respect et l'hommage à la tradition, vers «la sauvegarde», «la conservation»?
Il y a, à l'évidence, incompréhension sur ce point. Le patrimoine est passé et devenir en même temps. Hier et demain à la fois. C'est un ensemble «achevé», historiquement circonscrit, consigné, mais en perpétuelle reconstitution.
Revitalisé, aussi
Prenons l'exemple de la musique. Nous avons des musiques séculaires qui ont traversé les époques et qui perdurent dans les écoutes, des musiques en continuelle transmission, pérennes, intemporelles. On songe au malouf, aux chants des mausolées, aux chansons de «l'âge d'or», celles des pionniers du siècle sonore, aux arias populaires anciennes, aux modes, aux rythmes et aux instruments qui meublent sans jamais dépérir nos us et nos coutumes festifs. Ces musiques- là, existent, persistent, mais elles sont insensiblement, forcément, relayées, peut-être même remplacées, par les musiques qui se créent et se propagent ici et maintenant. Des musiques qui préfigurent le patrimoine musical à venir.
Une convention de l'Unesco, du 17 octobre 2003, à laquelle adhère la Tunisie, précise dans son article 2-3 ce qui doit être entendu par sauvegarde du patrimoine musical. Il y est question non seulement «d'identification» (inventaire et reconnaissance), de «documentation», de «préservation», de «protection» et de «diffusion», mais aussi de «revitalisation» de ce patrimoine. Revitaliser le patrimoine musical c'est, toujours selon cet article de la convention de l'Unesco, «le recréer en permanence», c'est-à-dire «le revisiter» pour l'enrichir. C'est encore, et c'est un «détail» qui a toute son importance, y intégrer la création contemporaine, les œuvres actuelles, en somme le patrimoine musical en cours de constitution.
Le patrimoine n'est pas une entité historique figée, susceptible seulement d'évocation, de célébrations ou d'hommages «posthumes». C'est une notion dynamique qui appelle, à la fois, à l'ancrage et au renouvellement. Ce «point d'incompréhension» doit être dissipé. Cela devrait être une des premières préoccupations du mois du patrimoine cette année.
C'est la société qui décide
Il est une difficulté néanmoins : à quoi peut-on reconnaître le patrimoine musical de demain? Qu'est-ce qui, dans les musiques actuelles, les musiques «variables», celles d'ici et de maintenant, préfigure «l'immuable», «le permanent»?
Sont-ce des qualités esthétiques propres? Sans doute, oui. Les chansons de Ahmed El Ouafi, de Tarnane, de Jouini, Jamoussi ou Riahi avaient, à coup sûr, de la valeur. C'étaient, dès leur apparition, des œuvres distinguées, appréciées et approuvées par le public et la critique. On ne les jugea et ne les adopta, pourtant, que selon les critères et les sensibilités de l'époque qui les a vu naître. En ce temps, le classicisme musical était la référence absolue. Et elles s'y conformaient parfaitement. Le problème, cependant, reste de savoir pourquoi ces chansons ont survécu, duré, perduré, par-delà les transformations de styles, d'écoles et de goûts? Pourquoi, en un mot, sont-elles définitivement enracinées dans notre mémoire historique?
Il y a plus que de la qualité en cela, répondent les musicologues. Il y a surtout, soulignent-ils, que c'est la société qui décide de ses «repères mémoriels», c'est la société, indépendamment des époques, des styles, des écoles et des goûts, qui reconnaît dans les arts ceux qui sont représentatifs de son identité culturelle.
Nous risquons donc de tomber dans l'erreur aujourd'hui quand nous nous empressons de nier tout «potentiel patrimonial» aux musiques nouvelles qui se proposent à notre écoute. Nous ne le faisons, en vérité, qu'à partir de critères strictement esthétiques qui ne traduisent pas, nécessairement, nos projections. Nous avons, par exemple, quelques réserves, sinon parfois, quelque mépris, à l'adresse du mezoued. Nous sommes, aussi, dubitatifs sur l'avenir du rap tunisien, de la world music et autres formes de musiques dites alternatives. Nous ne savons rien, en fait, de leur véritable ancrage dans la mémoire collective, et encore moins de leurs évolutions futures.
Le patrimoine appartient à «la gestation mystérieuse des temps». Mieux vaut ne rien en anticiper, ni n'en exclure quiconque ou quoi que ce soit. Conservons, préservons, sauvegardons nos sites et nos œuvres, mais soyons attentifs, réceptifs aux arts et aux artistes du moment. Il en subsistera, peut-être, ce que nul d'entre nous n'aura ni compris, ni perçu, ni prévu.


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