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Elections françaises : le retour des vieux démons
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 05 - 2012


Par Mohamed Larbi Bouguerra
A dix jours du deuxième tour des élections françaises, les propos du président sortant Nicolas Sarkozy et le score enregistré au premier tour par la candidate du Front national, parti xénophobe et raciste (17,90% des voix soit 6.421.773 électeurs sur 36.585.858 votants), ont de quoi inquiéter sur la rive sud de la Méditerranée et vérifient ce mot du grand Victor Hugo : «La foule trahit le peuple». Ce qui se passe dans cette campagne électorale est d'une gravité exceptionnelle et en dépit de leurs difficultés actuelles, les Tunisiens ne sauraient rester indifférents aux appels haineux contre les immigrés, à la stigmatisation de l'Islam, à la fermeture des frontières et au mépris des règles internationales sur la circulation des personnes....
Tentant de passer sous silence les peu reluisants résultats de son quinquennat tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, Nicolas Sarkozy infléchit de plus en plus vers l'extrême droite son propos dans une tentative désespérée de récupérer les voix du nauséabond parti de la famille Le Pen – le Front National (FN) - qui rêve encore de l'Algérie française et des bataillons d'Afrique ! Sur le plan de la santé, du chômage (en augmentation pour le onzième mois consécutif selon Le Monde du 27 avril 2012), de l'éducation, du modèle social français, des délocalisations et de la désindustrialisation... M. Sarkozy accumule les mécontentements. Sa politique étrangère est loin de faire l'unanimité : son engagement en Afghanistan, son ton offensif à l'encontre de l'Iran — signataire pourtant du traité de non-prolifération contrairement à l'Etat sioniste — son feu vert à l'installation d'une forte base militaire française à Abou Dhabi dirigée contre Téhéran et son peu d'empressement à s'opposer à l'occupation et aux menées israéliennes contre les Palestiniens, sont de vaines tentatives pour redorer le blason d'une France dans un monde en mutation rapide où la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et la Russie (Brics) sont en train de se faire enfin une place au soleil.
«Si les électeurs de Le Pen me quittent, on plonge» affirmait déjà en 2007 Nicolas Sarkozy (voir le livre de Yasmina Reza «L'aube, le soir ou la nuit» cité par Le Monde du 25-26 mars 2012, p.15). C'est pourquoi, pour recueillir les voix des électeurs du FN, il s'est attaché les services d'un conseiller très spécial, M. Patrick Buisson, un authentique suppôt de l'extrême droite et un admirateur de l'OAS, organisation qui a lutté jusqu'au bout contre l'indépendance de l'Algérie et a dirigé le journal «Minute». Etudiant à Paris au début des années 1960, je me souviens des manchettes virulentes de ce brûlot fasciste contre «les Nord-Africains». Militant à l'Association des Etudiants Musulmans Nord-Africains (Aemna), j'ai vécu les péripéties d'un procès que nous avions intenté à ce journal qui avait publié d'énormes placards à l'occasion du prétendu «viol» d'une adolescente par un Nord-Africain. Or, la police devait rapidement arriver à la conclusion que la jeune fille avait menti mais «Minute» oublia de rapporter à ses lecteurs cette information. Aujourd'hui, influencé par ce sinistre mentor, M. Sarkozy va jusqu'à affirmer que ces électeurs du FN «ne sont pas d'extrême droite et qu'ils ont émis un vote de crise». Il marche ainsi sur les brisées des extrémistes de droite de Hongrie ou d'Italie (Ligue du Nord) puisqu'il a fait de la question des immigrés un thème récurrent de sa campagne — même s'il lui arrive de faire allusion à ses origines hongroises. Il reprend donc les mots d'ordre du FN et annonce qu'il divisera par deux l'immigration légale. C'est pourquoi un certain nombre d'associations de Tunisiens en France vont manifester le 1er Mai à Paris pour exiger, entre autres, «le respect par la France des conventions internationales en matière d'immigration, la révision des accords franco-tunisiens contraires aux droits des migrants et l'instauration de rapports d'égal à égal entre la Tunisie et la France». On relèvera que, pour Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche (11,11% soit 3 985 298 voix au premier tour), «les immigrés ne sont pas un problème en France» ajoutant qu'il a pour eux «affection et fraternité» (France Inter le 27 avril 2012) ; quant à M. François Hollande, le challenger de M. Nicolas Sarkozy, il esquive, à son habitude, cette question mais affirme qu' «il n'expulserait pas d'étrangers venus légalement. » et ajoute, sibyllin : «Je ne veux pas faire de l'immigration un sujet d'affrontement» bien qu'il reste bouche cousue quand on lui parle de régularisation des sans-papiers.
M. Sarkozy — comme Marine Le Pen — a usé jusqu'à la corde les thèmes défavorables aux populations maghrébines et arabes : viande halal, prières dans les rues, questions sécuritaires, intégration des populations, énigmatique affaire Merah, arrestations archi-médiatisées de prétendus «terroristes» qui ont été vite relâchés par la justice... mais en l'absence des caméras ! Le dessin de Charb, dans la dernière page de l'Humanité du 02 avril 2012, résume parfaitement cette dérive : il caricature un policier, envoyé par le ministre de l'Intérieur M. Claude Guéant, s'adressant à M. Sarkozy dans une bulle : «M. Guéant vous fait savoir qu'on risque de manquer de salafistes entre les deux tours» et le Président - candidat de répliquer : «Démerdez-vous ! » Attisant la xénophobie, M. Sarkozy est ainsi revenu jeudi soir 26 avril 2012 sur France 2 sur une prétendue déclaration de M. Tariq Ramadan appelant à ne pas voter pour lui. En outre, M. Sarkozy s'aligne complètement sur Mme Le Pen quand il veut introduire la présomption d'innocence pour les policiers à la gâchette facile. Or, entre 1977 et 2001, les agents de l'ordre ont tué 196 personnes essentiellement des Maghrébins ou des Africains.
M. Sarkozy restera probablement dans l'Histoire comme le président qui a normalisé le discours xénophobe du FN en le reprenant à son compte. Il a la lourde responsabilité de la banalisation de ses thèmes nauséabonds. De ce côté de la Méditerranée, à l'heure où nos pays tournent une page et mettent à la porte les dictateurs si souvent soutenus par Paris et se réapproprient leur citoyenneté et leur dignité, cette orientation ne saurait laisser indifférents les Tunisiens et leur gouvernement étant donné les relations économiques et autres que nous avons avec la France (même en l'absence incompréhensible d'un ambassadeur tunisien à Paris depuis le 14 janvier 2011 !).
Les Français devraient enfin enterrer les vieux démons et leurs phantasmes raciaux : le maréchal Philippe Pétain, condamné pour collaboration avec l'occupant allemand et son régime de Vichy, Robert Brasillach, l'écrivain fasciste fusillé en 1945, le diplomate raciste Arthur Gobineau et autre Colonel Laroque, défenseur de la civilisation chrétienne qui inspirent l'extrême droite et la famille du tortionnaire Le Pen qui n'ont toujours pas digéré la perte de l'Empire et l'indépendance de l'Algérie.
Dimanche 6 mai 2012 , les Français devront dire s'ils se reconnaissent dans ce politicien qui veut renier les principes de la Révolution française, de la Commune de Paris, les acquis sociaux du Front populaire et de la Résistance ainsi que ceux de mai 1968, se refermer sur soi, davantage contrôler les frontières et monter les populations les unes contre les autres. Leur choix ne sera pas facile, on en convient, car contre Sarkozy, ils auront affaire à un président par défaut... mais qui a l'avantage de leur éviter un Dominique Strauss-Kahn.


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