La deuxième édition du Salon international du jardin, des piscines, des espaces verts et de l'environnement a pris fin hier : un salon ramassé ou plutôt bâclé, en raison du nombre de participants, de l'espace octroyé à cette manifestation, mais aussi en raison de la durée (du 3 au 6 mai au Centre des expositions de la Charguia). Certains se sont exprimés sur le choix de la période de l'organisation, en la qualifiant d'inopportune . Ils ont même trouvé le salon trop sélectif pour un domaine qui regorge de professionnels spécialisés dans l'art de la verdure. Cependant, et malgré ces critiques, le salon a été une occasion pour les professionnels, notamment les pépiniéristes, les sociétés spécialisées dans le matériel du jardinage, ainsi que certaines organisations et institutions œuvrant dans le domaine environnemental de bénéficier d'un contact direct avec le public. Contrairement aux foires commerciales organisées fréquemment au Centre des expositions de la Charguia, le présent salon ne semble pas susciter la curiosité de monsieur tout-le-monde. De rares visiteurs sillonnent les pavillons, dont la plupart sont accompagnés de leurs enfants, profitant ainsi de l'occasion pour les initier à l'amour des plantes. C'est le cas de Mme Naïma qui s'est déplacée jusqu'au salon tenant sa fille par la main. «Je viens dénicher deux plantes grasses pour le séjour et j'ai pensé à faire venir ma fille pour lui faire découvrir des flores de diverses variétés», indique-t-elle. Des plantes fascinantes confèrent, en effet, à certains stands une touche de plein-air. Il faut dire que le domaine du jardinage et de la verdure intéresse bon nombre de spécialistes ; un intérêt qui augmente au fur et à mesure de la croissance de la demande tant des particuliers que des hôteliers. «Ce domaine marche bien tant sur le plan du rendement matériel que sur celui de l'intérêt croissant du Tunisien pour la verdure. Aujourd'hui, les plantes fascinent toutes les tranches sociales sans exception. Mais l'on espère une plus grande motivation pour un domaine favorable à la cause environnementale», souligne M. Mohamed Saâdani, représentant d'une société spécialisée dans l'art du jardinage. Le stand qu'occupe M. Saâdani donne au visiteur l'impression d'être dans un magnifique jardin. Le sol est recouvert de gazon dit «paspaleur», qui résiste à l'irrigation par eau salée mais aussi au piétinement. Ce gazon se vend à 9 dt le mètre carré, note notre interlocuteur. La verdure du sol met en exergue les diverses plantes exposées, dont certaines sont des espèces importées, comme ce calisténum à fleurs rouges, le poligala, le palmier dit « cecas» ou encore le palmier appelé «cacia». L'importation de variétés non autochtones pose parfois problème. Certaines ne s'acclimatent pas en Tunisie. D'autant plus que les importateurs se heurtent parfois à la réticence de la Douane qui s'oppose à l'introduction de plantes suspectées de porter des maladies. «Certains clients recommandent des plantes durables, qui grandissent lentement et qui ne nécessitent pas un grand entretien», remarque M. Saâdani. Et d'ajouter que le Tunisien manifeste de plus en plus son intérêt pour la flore et n'hésite pas à demander conseil et renseignement afin de bien entretenir ses plantes. Outre les plantes, notre interlocuteur propose également des pots très tendance, en céramique, en aluminium ou encore en polyester. M. Saâdani ne rate pas l'occasion de souligner l'aspect bâclé du salon. «La période et la durée du salon semblent tirées par les cheveux. On a l'impression que le salon ne sert qu'à combler un vide au niveau de l'agenda du centre des expositions. En revanche, tenu en hiver, il aurait sans doute un meilleur succès», fait-il remarquer. Un pot tendance, pour une plante qui le vaut bien Un peu plus loin se trouve le stand de Mme France Carreau, directrice d'une société franco-tunisienne spécialisée dans la céramique et l'art de la poterie. Cette Tunisienne de cœur a eu raison de miser sur la spécificité locale de la poterie de Tabarka. «J'ai fait la promotion de l'argile tunisienne à l'échelle internationale; une argile qui suscite toujours l'étonnement et l'admiration des concurrents. Certains ont tenté de l'imiter en vain. D'autres me demandent toujours la recette exacte des couleurs. Or, cette poterie couleur saumon clair doit son originalité à l'art de cuisson de la terre et non au mélange de couleurs», souligne -t-elle, amusée.Toutefois, elle ne cache pas son inquiétude quant au problème de ravitaillement qui contraint les fournisseurs de matière première à limiter l'offre. Mais cela ne gâche point sa passion pour la poterie. Pour elle, l'art de la poterie est un destin tout traçé, un choix quasi évident. Il oscille entre l'authentique et la création moderniste. En effet, outre les pots en argile naturelle, elle propose des pots de forme géométrique très tendance. «Nous avons des produits qui se marient bien avec la décoration d'intérieur et d'extérieur moderne. Nous optons également pour des couleurs à la page comme le blanc et le noir», ajoute Mme Carreau. «Labib» ou la mascotte damnée! M. Mohamed Kchaou figure également parmi le nombre restreint des participants au salon. Il détient une société spécialisée dans la sculpture, dans la conception des mascottes ainsi que dans la fabrication des factices promotionnelles. Au seuil de son stand, une mascotte célèbre est cagoulée, portant aussi une enseigne la qualifiant de «sniper». Il s'agit du fameux personnage de sensibilisation environnementale «Labib». « Depuis la révolution, le travail des rares spécialistes en matière de mascottes environnementales a été détérioré. Jadis, notre principal client était bien le ministère de l'Environnement. Après la révolution, ce même ministère nous a interdit de fabriquer et de commercialiser les mascottes environnementales. Comme si ces dernières étaient responsables de la corruption qui a marqué le régime déchu!», explique M. Kchaou. Aujourd'hui, le sort de ce domaine se trouve limité aux commandes isolées de certains parcs d'attraction et de quelques institutions. Pourtant, il connaît un succès notable sous d'autres cieux. A côté de «Labib», une girafe de grand format séduit enfants et adultes; un produit qui nécessite l'enchaînement de plusieurs phases de conception. La girafe coûte 1.200dt. Mais la demande n'est pas à en couper le souffle. «Pour remonter la pente, je mise, désormais, plus sur les factices publicitaires, ou encore sur des thèmes qui n'ont rien à avoir avec l'environnement comme les mannequins de vitrine et les poteaux d'éclairage», nous confie notre interlocuteur. La BNG: mission environnement Par ailleurs, et outre les sociétés à caractère commercial, certaines institutions œuvrant dans le domaine environnemental ont répondu présent à cette manifestation. C'est le cas, par exemple, de la Banque nationale des gènes. Cet organisme a été, en effet, créé en 2008, mais son démarrage effectif ne fait que commencer. C'est pourquoi il a été intelligent de le présenter au grand public et de rendre compte de sa mission. «Beaucoup de gens— y compris les personnes les plus impliquées dans le domaine environnemental — ignorent l'existence de la Banque nationale des gènes. Pourtant, sa mission est à la fois compliquée et fort importante», note Mme Houda Kourda. En effet, la BNG tend à réaliser un objectif majeur, à savoir la conservation des ressources génétiques autochtones. «Pour y parvenir, nous nous appliquons à un travail de prospection mais aussi de rapatriement des gènes. Nous nous déplaçons jusqu'aux petits agriculteurs qui détiennent des gènes devenus rares ou en voie de disparition et nous les incitons à nous aider afin de les conserver et de les multiplier. Nous n'hésitons pas, également, à interpeller les banques de gènes internationales afin de nous livrer des gènes autochtones qui ne sont plus disponibles dans notre environnement», explique M. Amine Slim, attaché de recherche à la BNG.