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Tunisie 2012 : les conditions d'un rebond durable (suite et fin)
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 08 - 05 - 2012


Par Mourad GUELLATY
• «Lorsqu'une porte ferme, il y en a une qui s'ouvre. Malheureusement, nous perdons tellement de temps à contempler la porte fermée, que nous ne voyons pas celle qui vient de s'ouvrir». (Alexander Graham Bell)
Il est à cet égard important d'investir, dès à présent, dans la concorde nationale, pour rassurer ces investisseurs au moins sur les trois composantes précédemment énoncées, sinon on aura, in fine, perdu inutilement douze à dix-huit mois.
Cet investissement viendrait en premier lieu des gouvernants, et des partis politiques de toutes tendances et de toutes obédiences.
Il est impératif que ces derniers, au-delà de leurs divergences naturelles, fassent preuve de maturité et de responsabilité, pour que l'image de notre pays et notre économie ne souffrent pas trop de cette période de transition.
Et compléter cette démarche par une intense communication, à l'échelle internationale : une communication ciblée, médiatique, gouvernementale, patronale, en somme celle de nos grands décideurs et personnalités d'influence.
Je suis surpris par les comparaisons à notre désavantage, que font nos partenaires européens et moyen-orientaux, avec la communication solide et très présente du Maroc voisin.
Quels que soient les efforts que nous fournirons à l'échelle nationale, nous aurons toujours besoin d'un financement étranger, tant pour les travaux d'infrastructure que pour les grands investissements dans des secteurs innovants à forte valeur ajoutée.
Le développement de nouvelles opportunités d'investissement dans ces secteurs est une priorité, car notre pays dispose d'une main-d'œuvre et surtout d'une matière grise de qualité, qui n'attendent qu'à être employées, ailleurs que dans des secteurs de sous-traitance, qui certes ont fait notre bonheur, à l'instar du textile, dans les dernières décennies, mais qui commencent à montrer leurs limites.
Améliorer la contribution qualitative des PME
Le redressement économique se fera par la volonté de doper les PME, qui constituent, en nombre, une part majeure (plus de 90%) du tissu économique tunisien, malheureusement non traduite en valeur ajoutée, et qui ont longtemps souffert de l'existence d'un secteur informel, qui perdure, d'une difficulté d'accès au financement et d'une fiscalité inadaptée et discriminatoire.
En contrepartie, il faudra qu'elles assument deux exigences incontournables : l'amélioration de leurs structures, et la mise en œuvre d'une gouvernance volontaire.
L'amélioration de leur rendement réside dans une plus grande facilité à accéder au financement bancaire et boursier, associée à une adaptation plus grande de la législation fiscale qui les étrangle actuellement.
En effet, les PME et les TPE peinent à accéder au concours bancaire qui exige des garanties réelles, et dont elles ne bénéficient que d'une part très faible, ne dépassant pas les 15%.
De plus, elles sont quasiment absentes du marché financier, en raison des coûts dissuasifs d'introduction et des incitations fiscales insuffisantes.
Etranglées financièrement, un grand nombre de PME ont un rendement très en deçà de ce que la communauté nationale attend d'elles, y compris pour les mieux loties, dont on commence à observer l'érosion des exportations sur les marchés internationaux causée par la concurrence des pays émergents.
Leurs difficultés, qui sont regrettables, car nous rappelons qu'elles représentent en nombre plus de 90% du tissu économique, ne viennent pas, comme nous venons de le voir, exclusivement de l'extérieur, elles sont pour la plupart endogènes, principalement : une configuration familiale voire amicale aux deux niveaux de la propriété et du management et une absence totale de gouvernance, qui finissent par les transformer en «bunkers», à l'intérieur desquels se mêlent les difficultés de gestion humaine et financière.
La majorité des PME sont d'essence familiale, voire des «partnerships» issus de connaissances amicales.
Dès lors qu'elles ont une bonne idée, et les tout premiers marchés, elles démarrent dans l'urgence leur activité, souvent sans plan préétabli et évolutif, de financement, de trésorerie, et parfois sans une organisation stable.
Ces situations d'urgence leur font oublier de mettre en œuvre, dès leurs premiers pas, les structures de gestion nécessaires, tant sur le plan du suivi, du contrôle, de la comptabilité, etc.
La gouvernance au sein de ces entreprises n'est pas, dans la majorité des cas, perçue comme un souci, mais bien comme un luxe réservé aux plus grandes et plus prospères d'entre elles.
D'où absence de transparence, c'est-à-dire d'une information exhaustive, situation qui dessert la maîtrise, dans des délais raisonnables, des indicateurs de gestion.
De plus, elle affaiblit la responsabilité au sein de l'entreprise, et l'obligation périodique de rendre compte de ses résultats.
Elle est par ailleurs créatrice de tensions voire de conflits aigus entre les gestionnaires et leurs différents partenaires (associés, bailleurs de fonds, etc.)
Beaucoup de PME souffrent de cet état de fait qui les mène à la fin des fins à leur disparition, pour ne pas prendre au sérieux ce risque qui pourrait être mortel si on n'y prenait pas garde.
C'est pourquoi, les bailleurs de fonds de toutes origines doivent, sans attendre, établir une sorte de «modus vivendi», une feuille de route, qui assure la mise en œuvre continuelle d'une pleine gouvernance, en échange de la libération de leurs concours.
Financer les PME est une bonne chose, les accompagner et les encadrer est encore bien mieux
Il s'agit d'une exigence ardente, compte tenu de l'importance des PME dans le paysage économique.
D'autant plus ardente que les PME tunisiennes ont cette particularité de souffrir, particulièrement, de nombreux maux, précédemment relatés, qui l'inhibent et la freinent dans son développement.
Séparer l'Etat actionnaire de l'Etat employeur
Mais notre économie a aussi besoin des grandes entreprises nationales, que la politique de prééminence de l'emploi a transformées en «vaches à lait» à son service.
Ces grandes entreprises devraient être gérées avec les mêmes exigences que les entreprises privées, en privilégiant la réalisation de résultats excédentaires, par la mise en œuvre des règles managériales et de gouvernance requises.
Nos entreprises publiques doivent être comptables en premier lieu et devant l'Etat actionnaire des résultats obtenus, laissant à l'Etat, puissance publique, de mettre en œuvre une politique d'optimisation de l'emploi par des mesures de soutien plus adaptées, et qui ne les sollicite que si elles en ont besoin.
A cet égard, l'Etat devrait donner l'exemple de la bonne gouvernance en évitant de confondre ses attributs d'actionnaire et d'employeur. Cette confusion entraîne un découragement des gestionnaires, devant l'avalanche des interventions de l'Etat en faveur de l'emploi.
Comment l'Etat peut-il demander des résultats à des entreprises dont les charges salariales sont alourdies de recrutements inappropriés et de complaisance ?
D'ailleurs, l'Etat actionnaire devrait penser sérieusement à ouvrir le capital des entreprises publiques, soit sur le marché financier pour celles qui y sont éligibles, soit à des actionnaires privés nationaux ou internationaux à qui il confierait la gestion, car dans ce domaine ils sont généralement plus performants, et se limiter à ce qu'il sait mieux faire, c'est-à-dire la supervision.
D'un autre côté, l'Etat devrait recourir à des formules plus adaptées et plus spécifiques à l'amélioration de la situation de l'emploi : création de fonds spécifiques, mise en œuvre d'un partenariat public-privé (PPP) et amélioration de la capacité des sans-emploi à s'intégrer dans l'entreprise par eux-mêmes et leur propre capacité.
De plus, il devrait aider à l'émigration de travailleurs tunisiens dans des marchés captifs.
Il est à cet égard étonnant que le Tunisien s'entête à braver la mer et ses tumultes, pour mettre sa vie en danger sur des embarcations de fortune, à la recherche d'un eldorado introuvable et qu'il ne prenne pas le risque, nettement moindre, de rejoindre les travailleurs jordaniens, syriens et autres, en Libye voisine. Mystère !
Conclusion
Notre pays traverse, personne ne peut le nier, une période difficile, normale en période post-révolutionnaire.
Les dépassements : incivisme, déni d'autorité et parfois violence, que nous observons ici et là ont leurs racines qui plongent profondément dans un passé d'absence de libertés et d'inégalités sociales et interrégionales.
Ils sont aidés par le caractère provisoire de nos institutions, qui n'est pas propice au retour au calme des esprits, et par notre classe politique, de la majorité et de l'opposition, émiettée, disloquée, qui n'a pas encore trouvé ses repères, son rythme de croisière, et qui offre un spectacle peu exemplaire au citoyen tunisien.
Notre économie est sortie affaiblie de cette période difficile, mais pas effondrée, ce qui nous laisse espérer son prochain rétablissement et pourquoi pas son envol, à plus lointaine et raisonnable échéance, avec des taux de croissance largement supérieurs à ceux connus dans le passé.
A court terme, il faudra en priorité faire face à l'urgence du moment et panser les plaies du chômage, des éclopés de la révolution, des entreprises confisquées qu'il faudra très vite sauver du naufrage, sans pour autant négliger le travail en profondeur du redressement économique de notre pays.
Notre budget pour l'année en cours dégage un déficit de 6,6% de notre PIB, ce qui est significatif mais pas prohibitif.
Cela veut dire que pour faire face aux dépenses de fonctionnement et de développement du pays, déjà programmées pour 2012, il faudra que l'Etat tunisien arrive à combler ce déficit par le recours à l'emprunt.
Notre dette cumulée se situe autour de 48% de notre richesse nationale, ce qui est élevé mais une fois encore pas insoutenable.
Une dette se creuse très vite mais peut être résorbée avec le temps, à la condition que son utilisation soit vertueuse, et qu'elle participe au regain de vivacité du pays.
A cet effet, les gouvernants, quels qu'ils soient, doivent avoir une vision claire de l'utilisation de la dette à des fins de développement économique, social et régional, tout en s'assurant d'y associer la double contrainte de visibilité et de rentabilité à court et moyen termes, dont ils ont besoin pour améliorer la valeur ajoutée de notre production, et pour répondre à l'attente des bailleurs de fonds.
Notre pays a des richesses insoupçonnées, voire occultées: la beauté et la variété de ses paysages, dont seules celles des régions côtières ont été valorisées, son patrimoine archéologique, multimillénaire, ses ressources du sol et du sous-sol qu'il convient d'exploiter avec plus d'efficience, ses hommes et ses femmes accueillants, humbles et de tout temps ouverts à l'autre.
Il dispose d'autres ressources, pour les industries du futur, comme l'éolienne, et notre soleil éclatant, qui seront demain, dès lors qu'on aura minimisé les problèmes liés à leur coût et à leur stockage, les pourvoyeurs de notre énergie et de celle des pays du Nord grâce, notamment, à ce projet prometteur qu'est «Desertec».
Certes, rien n'est simple, il nous faudra beaucoup d'effort de volonté et d'audace, pour venir à bout de toutes les difficultés des temps présents.
Mais partageons cette vérité assénée il y a bien longtemps par Sénèque et toujours tellement actuelle : «Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles».
Nous avons entre les mains notre présent et notre futur. A nous de savoir oser !


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