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Ne mettons pas en péril l'espérance née le 14 janvier 2011
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 05 - 2012


Par Abdou BA*
Il y a maintenant presque quatre mois, la Tunisie célébrait le 1er anniversaire de la révolution. Les festivités commémoratives, commencées le 17 décembre, date du déclenchement des manifestations populaires, se sont poursuivies le 14 janvier, jour qui marque la chute du régime de Ben Ali. Cette célébration fut un moment fort de l'histoire du pays. Elle est la preuve, on ne le répétera jamais assez, que le peuple tunisien aspire profondément à une vie meilleure, à une société libre, plus juste et plus solidaire.
Depuis cette commémoration, la situation d'ensemble du pays s'est considérablement dégradée et la Tunisie se trouve aujourd'hui hélas en pleine tourmente. Pour mieux comprendre la réalité du moment, un regard sur l'année écoulée est nécessaire.
En effet, beaucoup d'événements se sont produits en 2011. Une analyse de l'An I de la révolution et une projection sur l'avenir proche s'imposent. Nous retiendrons au cours de cette période les faits marquants suivants :
– Le gouvernement de transition, après celui éphémère de M. Mohamed Ghannouchi, dirigé par M. Béji Caïd Essebsi et sous l'autorité de M. Foued Mebazaâ, a réussi en un laps de temps à conduire le pays aux élections du 23 octobre 2011, nonobstant les multiples problèmes, sociaux, économiques, sécuritaires... apparus au lendemain de la révolution.
– L'Isie, sous la direction de M. Kamel Jendoubi, a organisé de manière remarquable les premières élections libres et démocratiques du pays, lesquelles élections ont vu un nombre record de partis et formations politiques briguer les suffrages de plus de la moitié des électeurs potentiels tunisiens ayant participé au scrutin.
– Les élections à l'Assemblée nationale constituante ont vu la nette victoire du parti Ennahdha qui, dans le cadre d'une coalition avec les formations politiques du CPR et d'Ettakattol, appelée la «Troïka», a obtenu la majorité absolue au Parlement, condition nécessaire pour être chargé de gouverner le pays pendant cette nouvelle période de transition.
– La situation globale du pays s'est trop rapidement détériorée, ceci dès la mise en place des nouvelles institutions politiques issues des élections. De fait, les nouvelles autorités du pays n'ont pas bénéficié d'un délai de grâce, comme c'est souvent le cas après un changement important de régime politique. Il n'y a pas eu en fait ni trêve sociale, ni trêve politique. Les divergences entre la majorité au pouvoir et l'opposition légale sont allées crescendo. Les mouvements sociaux se sont multipliés de façon vertigineuse, aggravant ainsi la conjoncture économique déjà préoccupante. La violence verbale et physique s'est carrément installée. L'insécurité, l'extrémisme, pour ne pas dire la terreur, ont gagné tout le pays, au point que l'inquiétude, voire la peur, habite bon nombre de Tunisiens. Bref, la Tunisie, disons-le, est actuellement en proie à de sérieuses difficultés.
Naturellement, la question qui vient aussitôt à l'esprit est de se demander pourquoi la Tunisie, berceau du printemps arabe, qui a réussi admirablement à organiser des élections démocratiques, qui s'est ensuite dotée d'institutions politiques nouvelles, a du mal à gérer la période post-révolutionnaire de son histoire ?
Nous allons tenter à travers les lignes qui suivent d'apporter une réponse à cette problématique, autrement dit de vous faire part de la vision d'un ami et observateur attentif de la société tunisienne, laquelle réponse sera assortie de propositions pour un changement qualitatif du climat politique et social dans le pays.
La révolution du 14 janvier 2011, rappelons-le, est la résultante d'un soulèvement populaire généralisé qui a dégagé un pouvoir politique dictatorial et arbitraire qui gouverna le pays pendant plus deux décennies. Ses motivations sont essentiellement économiques et démocratiques. La société civile, les travailleurs et les chômeurs, et plus particulièrement la jeunesse d'une façon générale, en sont le fer de lance.
Dès lors, il apparaît que la liberté, la justice et la solidarité sont au cœur des aspirations du peuple tunisien. Le déroulement des faits en est l'illustration, avec la nomination d'un gouvernement de transition crédible, l'organisation d'élections sérieuses et transparentes avec comme corollaire la mise en place de nouvelles instances politiques. La révolution, disons-le aussi, est un événement exceptionnel dans l'histoire d'un pays et qui se produit sous certaines conditions. Pour cette raison, tout pouvoir qui en est l'émanation se doit d'être exceptionnel. Autrement dit, à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Par conséquent, nous estimons à notre humble avis, qu'une gouvernance fondée sur un consensus général sied le mieux à la situation actuelle de la Tunisie. Pour «soigner» un pays malade de plus de trente ans de l'autoritarisme et du népotisme de ses dirigeants, de l'injustice sociale, de ses inégalités régionales, de la pauvreté et de la précarité d'une partie importante de sa population, il faut absolument la mise en pratique d'une politique qui requiert l'adhésion de toutes ses forces vives.
Pour les raisons ci-dessous énumérées, le pays a tout à gagner à être dirigé par un gouvernement d'union nationale; en d'autres termes, la «Troïka» devrait s'élargir en s'ouvrant à d'autres courants et sensibilités politiques. Ce qui signifie :
– L'implication de tout le monde, à l'exception bien entendu des personnes nettement de connivence avec l'ancien régime et les nostalgiques d'un passé révolu, dans la gestion des affaires du pays, à savoir la majorité actuellement au pouvoir, l'opposition légale, les représentants des organisations syndicales et patronales, des associations de chômeurs et jeunes, des intérêts régionaux, de la société civile, sans oublier les éminences grises...
– L'instauration d'un débat national généralisé par la création de structures appropriées et dont la finalité est de proposer au gouvernement des solutions concrètes aux défis majeurs auxquels la Tunisie fait face. Cette démarche a l'avantage de donner un cadre organisé aux discussions et propositions pour l'amélioration de la situation du pays. Elle a surtout le mérite d'arrêter cette «guéguerre» dans laquelle la société est plongée depuis des mois et qui a pour noms bras de fer, joutes oratoires et querelles partisanes au sein de l'ANC, débats et polémiques sur les plateaux de télévision, les antennes de radio, le Net et les réseaux sociaux, sit-in, grèves et autres manifestations, provocations, menaces, intimidations et agressions répétées, bref tout ce climat pesant d'insécurité et de violence qui empoisonne la vie de la population.
Ainsi, tous les sujets sans exception et qui préoccupent les Tunisiens, notamment quel type de société il faut au pays, seront abordés, sans doute avec passion, mais certainement avec le souci de faire prévaloir avant tout l'intérêt supérieur de la nation.
C'est là que l'appel de la Tunisie lancé le 20 avril 2012 par M. Béji Caïd Essebsi revêt une importance capitale. Il peut être considéré comme étant un projet de plateforme de mesures pour sortir le pays de cette passe difficile.
En tout cas, une chose est sûre. La Tunisie a besoin aujourd'hui d'un climat général apaisé, du temps et de la cohésion de sa population pour réaliser les objectifs exigés par la révolution. Faire fi de cet impératif, c'est méconnaître les risques auxquels le pays peut être exposé. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas le droit de mettre en péril l'espérance née le 14 janvier 2011, ni de compromettre les espoirs de la jeunesse qui rêve d'une Tunisie nouvelle. Cette nouvelle Tunisie à bâtir, de notre point de vue, doit être envisagée sur la base des trois (3) principaux axes suivants :
– L'élaboration et l'approbation par référendum d'une nouvelle Constitution qui fait de la Tunisie un pays démocratique, arabe et africain, musulman et moderne, enraciné dans son environnement et ouvert sur l'extérieur.
– La mise en place au cours de cette période de transition d'une politique de réformes dont la finalité à moyen terme est de hisser la Tunisie au rang de pays économiquement avancé.
– L'adoption de mesures d'urgence dictées par la situation pour assurer la stabilité et la sécurité intérieure et extérieure du pays, endiguer l'extrémisme et toute forme de violence, privilégier la négociation dans la résolution des conflits d'intérêts entre parties, combattre la hausse illicite des prix et préserver le pouvoir d'achat des consommateurs, assister les plus démunis et indemniser les martyrs et leurs proches, etc. Dans cette dynamique, le pays qui est regardé de partout peut compter sur ses nombreux frères, amis et sympathisants pour leur aide et leur soutien multiformes.
Si nous aimons vraiment la Tunisie, c'est-à-dire prêts à la servir et non à profiter seulement de ses richesses, il nous faut nous extirper de cette dictature du quotidien, qui nous «presse» trop la tête et nous laisse peu de temps pour réfléchir, afin de prendre le recul nécessaire pour pouvoir assumer pleinement notre responsabilité envers le peuple. Parce que des gens sont morts pour une bonne cause, parce que d'autres, désespérés, continuent hélas de s'immoler par le feu ou cherchent à émigrer, pendant que d'autres encore plus nombreux s'interrogent sur leur avenir, sont tristes ou pleurent tout simplement, parce qu'enfin, nous sommes croyants, musulmans et savons que personne n'a le monopole du savoir et de la vérité. A nous tous de consentir les efforts nécessaires pour engager résolument le pays dans la voie de la démocratie, de la justice, de la solidarité et du progrès économique et social.
Vive la Tunisie et vive le 14 Janvier 2011.
* (Cadre mauritanien et ami de la Tunisie)


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