Dans un monde de plus en plus bousculé par les inventions et les recherches scientifiques et techniques, dans cette ère d'intelligence par excellence, où la création et le génie humains dominent tout, une question doit préoccuper chaque Tunisien conscient, qui rêve et qui ose: ‘'Existe-t-on dans ce monde ?''. Une telle question, si évidente qu'elle semble, est gênante et embarrassante surtout qu'elle ne pourrait avoir le cogito de Descartes pour réponse , parce que en Tunisie on ‘'pense'' sans que l'on ‘'existe'' !!! En effet, s'il suffisait de penser pour s'imposer, la Tunisie aurait sa place parmi les grands pays, car notre patrie regorge de doués, de talentueux et de compétents... Or, cette intelligence et ce potentiel, pour subsister et agir, nécessitent un environnement scientifique et professionnel favorable afin d'améliorer ces capacités, les entretenir et afin de les préparer à s'intégrer dans le domaine pratique et à être plus industrieux et plus performants. Ceci est possible grâce à des laboratoires de recherches bien équipés, et de grandes sociétés industrielles, financières et technologiques... Sans ce milieu propice, ces capacités ne serviraient qu'à augmenter le taux des chômeurs diplômés ! Malheureusement, un tel environnement n'existe pas en Tunisie. Pire encore, le niveau scientifique des universités tunisiennes est en recul incessant. Cette défaillance s'est aggravée avec la corruption du système politique précédent qui a réussi à pervertir et à paralyser l'enseignement supérieur... Et l'élite du pays est la catégorie la plus affectée par ce niveau médiocre de formation qui démolit sa créativité, et éteint son ardeur pour le travail... Il est indéniable que face à cet échec, il est urgent que des réformes radicales soient préconisées. Mais conviendrait-il de s'engager dans cette reconstruction avant de sauver l'élite qui bâtira les piliers d'une reviviscence économique retentissante ? Cette élite qui a résisté contre les vagues de banalisation et de dépravation de l'éducation et qui a pu persévérer malgré tous ces traquenards, guidée par un patriotisme et une conscience inébranlables... Et comment sauver ces capacités intellectuelles de la stagnation si ce n'est en profitant des expériences étrangères pionnières, en particulier des compétences européennes, en permettant à ces étudiants d'acquérir une formation consistante et enrichissante qui les aidera à contribuer plus tard efficacement à l'épanouissement économique et technologique de la Tunisie... Cette élite est notamment localisée à l'Institut préparatoire aux études scientifiques et techniques (Ipest). Cet institut, sans pareil en Tunisie, avait pour mission principale de préparer une sélection d'élèves brillants à accéder aux écoles françaises d'ingénieurs... Mais depuis 3 ans, le ministère a décidé d'annuler les concours CCP et INT ce qui a réduit énormément les chances des Ipestiens d'accéder aux écoles françaises et a mis en péril leur futur et le futur de la Tunisie ! Les Ipestiens ont beau revendiquer leur droit, on les a ignorés et temporisés... Et voilà qu'aujourd'hui, la nouvelle génération rappelle son éligibilité d'accéder aux écoles concernées par les concours CCP et INT, et demande limpidement au gouvernement de fournir les bourses nécessaires... (*)En grève, les élèves de l'Ipest se sont réunis le jeudi 19/4/2012, devant le ministère de tutelle. Leurs délégués ont contacté le cabinet du ministre qui a promis d'étudier le dossier et jusqu'aujourd'hui les Ipestiens, encore en grève, attendent une réponse