Abondance en attaque, pénurie en défense : pour composer son onze rentrant demain contre la Guinée équatoriale, Trabelsi est confiné au fameux exercice de funambule. Tous les chemins mènent à Rome, mais pas forcément à Rio pour laquelle les billets paraissent très chers, voire mis aux enchères. Le Continent noir va, en effet, distribuer tout juste cinq tickets pour les plages de la cité cosmopolite brésilienne et pour Ipanema, le fameux quartier immortalisé par les chanteurs de jazz. Mais qu'il est long le chemin jusqu'au Mondial «Brésil 2014» ! Après un premier tour d'écrémage, le second — qui représente le clou de ces éliminatoires et sera ouvert aujourd'hui même — se poursuivra jusqu'au 10 septembre 2013. Soit quinze bons mois d'un passionnant feuilleton animé par dix poules de quatre équipes. Il sera, ensuite, temps de conclure par des matches-barrages, cinq en tout, opposant en aller et retour les dix premiers des groupes du second tour : matches aller entre le 11 et le 15 octobre 2013, retour entre le 15 et le 19 novembre 2013. Bien évidemment, les vainqueurs de ces barrages représenteront l'Afrique au 2e Mondial à se jouer au Brésil, après celui de 1950. On ne peut pas dire que le onze national ait manqué de chance au tirage du 2e tour qui lui propose la Guinée équatoriale, le Cap Vert et la Sierra Leone, trois nations de second plan quand bien même il y a intérêt à se méfier des progrès accomplis par le premier adversaire de demain et traduits par une présence en quarts de finale de la CAN 2012 qu'il avait coorganisée. Les Equato-guinéens furent éliminés (3-0) par plus fort qu'eux, la Côte d'Ivoire. Logiquement, ils constituent le rival le plus sérieux pour les hommes de Sami Trabelsi, d'où toute l'importance de marquer son territoire d'entrée de jeu, demain (18h00) au stade Ben Jannet de Monastir. Abondance en attaque Sur la durée du marathon qui attend l'équipe de Tunisie sur le chemin de la Coupe du monde, il ne serait point superflu de disposer d'un effectif solide et riche aussi bien quantitativement que qualitativement. Le cru actuel paraît répondre suffisamment à ce besoin, d'autant qu'il peut puiser aussi bien dans le réservoir local que dans celui des expatriés, qu'ils soient le produit exporté à partir de la Ligue 1, ou plutôt les enfants de l'immigration, la fameuse 2e ou 3e génération. Le foot national compte actuellement le meilleur club du continent, l'Espérance de Tunis, et une imposante colonie d'expatriés qui n'évoluent certes pas dans les meilleurs clubs du Vieux continent, mais n'en assurent pas moins les vertus de la rigueur, du professionnalisme et du réalisme propres au foot européen. Le staff de Sami Trabelsi ne doit, a priori, éprouver aucune difficulté à établir une pré-liste de 35-40 joueurs capables de faire tout le chemin du second tour éliminatoire. Cette abondance s'exprime différemment selon les secteurs. Il est ainsi étonnant de constater que c'est le compartiment généralement le plus avare en grands talents qui offre aujourd'hui une incroyable palette de choix, à savoir l'attaque. Sur les 25 joueurs convoqués au stage de Monastir, au moins neuf, soit plus du tiers appartiennent à la précieuse catégorie des attaquants, ou des demis offensifs: Hadhria, Bouazzi, Allagui, Harbaoui, Ben Hatira, Jemaâ, Khlifa, Msakni et Nouioui. En fait, ils ne sont plus que huit du fait que Youssef Msakni est hors service, sa blessure le contraignant à une dizaine de jours de repos. Et peut-être même sept, quand on sait que le buteur du Deportivo La Corogne, Lassaâd Nouioui, n'a rejoint le quartier général de Monastir que mercredi dernier et qu'il a dû suivre un travail physique spécifique. De plus, il met vraiment un temps fou à s'intégrer dans le moule de la sélection, c'est-à-dire dans le jeu prôné par Sami Trabelsi. Depuis sa première cape du temps du Portugais Humberto Coelho, il y a voilà trois ans, il n'arrive toujours pas à convaincre et à arracher une place de titulaire. Le 29 février dernier, lors du dernier test disputé par les Aigles de Carthage contre le Pérou (1-1), avant celui de dimanche dernier contre le Rwanda (5-1), Nouioui avait vécu tel un corps étranger le temps qu'il joua avant d'être remplacé par Allagui. A bien y réfléchir, il y a cinq jours face aux Amavubi du Rwanda, Sabeur Khlifa et le dernier convoqué, ,Hamdi Harbaoui, ont marqué des points précieux en vue de la sortie de samedi. Pour compléter le trident, Issam Jemaâ (ou Sami Allagui) se tient prêt à apporter sa petite pierre à l'édifice offensif. Ça coince derrière Plusieurs incertitudes persistent dans les deux autres compartiments. Traoui, Saïhi et Ben Hatira animeraient la zone médiane avec des chances supérieures pour les deux «pros» de Montpellier, sacré champion de France et du Hertha Berlin relégué en Bundesliga 2. En défense, la retraite internationale prise (provisoirement?) par Karim Haggui, et la suspension d'un match de Aymen Abdennour ouvrent la porte devant toutes les formules possibles à l'axe d'autant que Boulaâbi, aligné dimanche dernier en association avec Jemal, s'est blessé et que Bilel Ifa, souvent recyclé dans la charnière centrale, est lui aussi indisponible en raison d'un hématome contracté dimanche. Dès lors,une association quasiment inédite Jemal-Hicheri pourrait constituer une surprenante formule à laquelle serait astreint le staff national, faute de possibilités de choix et de réelle marge de manœuvre. L'entame des éliminatoires mondialistes verra ainsi l'équipe de Tunisie entretenir le paradoxe d'une variété de gammes en attaque et d'une pénurie de solutions en défense. On ne peut pas vraiment dire que Sami Trabelsi se trouve au bout de ses peines…