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Colère sociale et cohésion sociale
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 06 - 2012


Par Souad SAYED
Les attentes nées de la révolution ne peuvent être toutes satisfaites en un ou deux ans, et probablement même pas en cinq ans. Mais le Tunisien, privé de ses droits élémentaires depuis l'indépendance, revendique, depuis le 14 janvier 2011, tout et pour tout de suite, en prenant toujours soin d'ajouter «Je sais que cela n'est pas possible !» Gardons à l'esprit que la première grève déclenchée par les enseignants a eu lieu vers le 20 janvier 2011. Bien malin celui qui arrivera à faire entendre raison à un peuple en colère.
Les revendications sont partout, dans les usines, dans l'administration, dans les tribunaux, dans les facultés, à l'hôpital : aucun espace n'est épargné et, chaque fois que l'on prête l'oreille, on leur trouve une légitimité incontestable... En fait, on découvre avec effarement l'ampleur de la faillite de l'ancien régime.
Le discours et la méthode sont toujours les mêmes : nous n'avons que trop attendu, nous avons été les victimes du système et de ses méthodes, nos exigences sont logiques et justes. Le recours aux grèves, à l'occupation des lieux de travail, au renvoi des responsables, au dénigrement de l'interlocuteur, pourraient à eux seuls occuper tous les journaux radiodiffusés et télévisés de toutes les chaînes. Ils ne s'en privent pas d'ailleurs.
Que faire ? Le pouvoir politique en place, de toute évidence, ne s'est pas organisé pour répondre à la colère sociale post- révolutionnaire. Il a été surpris par son ampleur et il n'y a pas répondu comme il devait le faire. Il faut qu'il reconnaisse son échec. Ce faisant, il aura fait la moitié du chemin.
L'inexpérience aidant, il n'a pas renforcé la cohésion sociale comme l'exigeait le climat post-révolution. Au contraire, à trop vouloir exercer une mission moralisatrice et des réformes en profondeur, mission impossible à réaliser en un an et que le peuple ne lui a pas confiée, il a cristallisé les tensions, augmenté les divergences idéologiques entre des franges entières de la société et mis en danger la cohésion sociale.
L'action d'Ennahdha, seul parti à exercer réellement le pouvoir, est perçue à tort ou à raison à travers le seul angle qu'elle a réellement développé tout au long de ses années de lutte et lors de la campagne électorale: l'Islam.
A l'exercice du pouvoir, il s'est avéré que la vie économique et sociale de notre pays à ce stade de son histoire, dans l'état où il a été laissé par des décennies de dictature, ne pouvait pas se permettre les errements que nous vivons ! Une partie non négligeable de notre société est entrée en dissidence déclarée contre un pouvoir qu'elle juge incompétent et malintentionné. Tout est devenu sujet à suspicion, pour certains tout est manipulation. N'avons-nous pas lu qu'Ennahdha est un «RCD halal» ?
Comme toujours,
les torts sont partagés
Dans un pays où l'on compte des centaines de milliers de femmes diplômées, où les jeunes vivent connectés en temps réel avec le reste du monde, où les antennes paraboliques sont devenues une nécessité vitale pour chaque foyer, nous constatons tous les jours les méfaits d'un discours idéologique à peine camouflé.
Les dirigeants ont émis un faux diagnostic sur la situation, du moins un diagnostic incomplet : plusieurs ministres l'ont avoué à propos de plusieurs dossiers, le traitement administré ne pouvait donc pas être efficace. Il a mis le pays dans un pétrin inqualifiable.
Nous avions besoin à ce stade de notre histoire d'un projet simple et clair qui renforce la cohésion sociale autour de l'unité et de la solidarité nationales. Toute l'énergie dégagée par la révolution pouvait être transformée en un ciment social. Il fallait dépasser les clivages et apaiser les tensions. A la place, nous nous sommes payé le luxe de débats idéologiques stériles, diviseurs, d'un autre temps, sur la religion, sur le niqab, sur la prière du vendredi, sur la vente de l'alcool, sur la place de la femme... et même sur l'excision, avec des prédicateurs venus du Moyen-Orient et des barbus à chaque coin de rue.
Toutes ces questions relèvent à mon sens du domaine privé et aucunement du politique : elles n'auraient jamais dû être mises sur la scène publique. Elles ont écorné l'image de notre révolution à l'étranger, fait fuir les investisseurs et divisé les familles, les quartiers, les villages et les villes. Un luxe qu'on aurait pu se payer en temps normal : pas en pleine tempête sociale. Grave erreur. Le pouvoir en place en est responsable quoi qu'il en dise, c'est le triste destin de ceux qui exercent les responsabilités.
Les colères montent, les retards s'accumulent, ce qui était possible hier ne l'est plus aujourd'hui, et ce qui est possible aujourd'hui ne le sera plus demain. La lutte des classes est observable à l'œil nu, les revendications sectorielles sont incontrôlables, le régionalisme a fait des morts. L'Etat s'affaiblit tous les jours.
Nous sommes les témoins impuissants de la dégradation du climat social, de la mise en place de réseaux parallèles : en un mot la contre-révolution est là. Voilà où nous en sommes aujourd'hui. Ceux qui nous gouvernent doivent de toute urgence remettre en question leur stratégie et se délester de leurs certitudes. La Patrie est en danger.


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