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«Mettre enfin le secteur de la plaisance sur la bonne voie...»
Entretien avec M. Moëz Ben Zid, président du conseil d'administration de Marina Bizerte
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 06 - 2012

• Quand on analyse la situation du secteur de la plaisance en Tunisie, c'est un mélange de frustration et d'espoir qui prédomine. D'une part, nos forces représentent des atouts déterminants, capables de rivaliser avec la concurrence existante. D'autre part, les obstacles, même s'ils paraissent ‘‘plus faciles'' à surmonter (changement du cadre juridique), reflètent surtout l'incompréhension de la valeur ajoutée de ce secteur.
• Il est évident que certains pays ‘‘concurrents'' craignent une menace de leurs intérêts économiques dans le secteur de la plaisance, et font du thème de l'environnement un cheval de bataille pour ralentir le développement de notre pays dans ce secteur.
En quoi, selon vous, le développement du secteur de la plaisance peut-il être un atout pour la Tunisie dans la région Euro-Méditerranée?
Selon la Fédération française des ports de plaisance, chaque nuitée passée dans un port est valorisée en moyenne à 150 euros par bateau. Dans le département des Alpes Maritimes en France, le tourisme de plaisance génère plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires par an (en croissance annuelle de 6%) ; avec notamment 33 ports et 17.452 places de bateaux. Quelques chiffres de référence (bateau de 30 m) : le budget annuel pour l'entretien est de 1-2 millions d'euros ; plein d'essence (réservoir de 50.000 l) : 80.000 euros... L'économie maritime en France (construction et réparation navale, équipements, ports, plaisance) a généré en 2007 un chiffre d'affaires d'environ 52.7 milliards d'euros et a représenté environ 311.300 emplois directs. Les ventes de super-yachts (plus de 24 mètres) ont explosé en 2011 : quelque 263 géants des mers se sont vendus en 2011 (augmentation de 29% par rapport à 2010). A eux seuls, ils représentent un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros. Les destinations «phares» de la plaisance (France, Espagne et Italie) sont aujourd'hui confrontées à une saturation des infrastructures (marinas et maintenance). En France, même avec une capacité d'accueil estimée à plus de 250.000 places, le nombre d'inscrits sur les listes d'attente des ports de la Ffpp est de 67.604 (41.775 demandes individuelles). De plus, ces listes d'attente sont payantes (20 euros par an en Bretagne et 40 euros par an sur la Côte d'Azur). 22.000 postes en attente ont été recensés en Provence-Alpes-Côte d'Azur et Corse. Pour mesurer le manque à gagner dû au manque de postes, un bateau de 30 m qui séjourne à l'année, c'est 500.000 euros injectés dans l'économie locale. Un bateau sur 3 ne se vend pas à cause du manque de places. Ce que recherchent les plaisanciers pour identifier une nouvelle destination, c'est une facilité d'accès depuis les destinations principales de navigation (Côte d'Azur, Italie, Baléares) et des plaisanciers (principales villes européennes). Une infrastructure de qualité : aéroports, autoroutes, ports de plaisance, chantiers de maintenance (avec main-d'œuvre qualifiée), services plaisanciers... et, enfin, un cadre réglementaire incitatif. La position centrale en Méditérranée de la Tunisie par rapport à ses concurrents, Malte, Turquie, Monténégro... est à cet égard un grand atout. Il est cependant nécessaire de mettre à niveau le secteur de la plaisance, d'encourager l'investissement dans ce secteur et surtout une législation adéquate qui soit plus attractive et plus compétitive par rapport à ses concurrents.
Le secteur de la plaisance semble être potentiellement porteur d'une grande plus-value pour l'économie et la société tunisienne dans son ensemble. Dans quelle mesure, cependant, peut-on concilier le respect de l'environnement avec les exigences de développement de nouvelles plateformes, à l'instar de la Marina de Bizerte?
Il est important de rappeler avant tout (contrairement aux idées reçues), qu'un projet de port de plaisance se doit d'être développé en parfaite harmonie avec son environnement : d'abord parce que c'est un projet qui «s'installe dans la durée» (concession) avec un profil de rentabilité plus long qu'un projet immobilier par exemple ; ensuite, pour répondre surtout aux attentes de la clientèle exigeante et habituée aux plus hauts standards de la qualité des services.
En Tunisie, et au-delà même de l'alignement d'intérêts entre les projets de marinas et le respect de l'environnement, nous sommes en mesure de concilier encore plus ces deux aspects et surtout par rapport aux concurrents. En Europe, la majorité des marinas ont été développées dans les années 70-80 sans pratiquement aucune attention au respect de l'environnement. Aujourd'hui, nous devons exiger les normes les plus strictes pour le respect de l'environnement pour tout nouveau développement. A titre d'exemple, pour la Marina Bizerte, tous les ouvrages maritimes (digues, pontons, quais..) ont été construits sur des «pieux» (et non avec les techniques d'enrochement classiques et sensiblement moins chères) pour préserver le système existant de circulation de l'eau. De plus, un système d'avivement des eaux a été prévu pour améliorer encore plus la propreté des eaux dans le bassin de la marina et même dans le Vieux port de Bizerte qui ne fait pas partie de la concession. Il s'agit là d'un problème séculaire et à la résolution duquel nous nous sommes engagés dans un esprit citoyen et volontariste à lui trouver une solution. Mais cela exige cependant une réglementation qui nous autorise à opérer plus efficacement .Pour ce qui est de la procédure d'obtention de la concession, dans la plupart des pays méditerranéens, la concession est attribuée par les autorités locales. En Tunisie, non seulement cette procédure est centralisée (conseil ministériel et attribution par décret), dans le cas de Marina Bizerte, le ministère représentant du gouvernement était bien le ministère de l'Environnement .C'est de loin la procédure la plus exigeante parmi tous les concurrents.
Nos concurrents méditerranéens les plus proches sont aujourd'hui tout particulièrement attentifs, pour ne pas dire inquiets, quant à une expansion d'envergure en Tunisie des ports de plaisance. Le projet intégrateur de la Marina de Bizerte est en particulier en point de mire. Qu'en est-il de la position du gouvernement à ce sujet? Et, bien au delà, au sujet de la portée qu'il entend donner au secteur tunisien de la plaisance?
Il est évident que certains pays «concurrents» craignent une menace de leurs intérêts économiques dans le secteur de la plaisance, et font du thème de l'environnement un cheval de bataille pour ralentir le développement de notre pays dans ce secteur.
D'ailleurs, «un cri d'alarme» a été lancé récemment par une association d'un pays concurrent contre les soi-disant effets «négatifs» du projet Marina Bizerte sur l'environnement. Mais quand on prend le temps de comprendre les circonstances, on ‘‘découvre'' que le pays en question dispose de 1.000 fois plus de places de bateaux que notre pays et qu'il appelle publiquement à préserver son industrie maritime «stratégique» contre les «menaces de délocalisation» en Tunisie... on comprend alors mieux les enjeux.
En résumé, quand on analyse la situation du secteur de la plaisance en Tunisie, c'est un mélange de frustration et d'espoir qui prédomine. D'une part, nos forces représentent des atouts déterminants, capables de rivaliser avec la concurrence existante. D'autre part, les obstacles, même s'ils paraissent «plus faciles» à surmonter (changement du cadre juridique), reflètent surtout l'incompréhension de la valeur ajoutée de ce secteur (due à la situation existante) et le manque de considération par rapport à une industrie considérée stratégique par la concurrence. Une marina n'est pas une «animation touristique» pour «mieux vendre» un produit immobilier ou touristique, c'est une industrie à part entière. Comment peut-on tirer profit de ce secteur si les structures existantes ressemblent plus à des «parkings», alors que les revenus proviennent surtout des services et de la maintenance? Comment lutter contre une compétition consciente des enjeux et de plus en plus agressive : (Turquie, Croatie, Monténégro). A Malte, les propriétaires des super yachts disposent d'un statut spécial et sont exempts de toute taxe (y compris les taxes d'enregistrement de l'immobilier). En Turquie un plaisancier qui dépose 3 millions de dollars US dans une banque turque obtient un statut de résident pour toute sa famille et il est dispensé de toute taxe pour son yacht pendant 5 ans.
Depuis son lancement en 2008, le projet Marina Bizerte s'est engagé à relever le défi de communication pour faire mieux connaître ce secteur et son importance pour notre économie et surtout pour le développement de la région de Bizerte et du nord de la Tunisie.
Aujourd'hui, nous pouvons en plus compter sur l'appui des équipes du ministère de Tourisme avec un esprit de partenariat établi avec les responsables de la plaisance et de la région de Bizerte. Espérons que ces efforts seront suffisants pour remettre ce secteur sur la bonne voie...


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