Pour prendre au dépourvu le Cameroun, les Tunisiens ont besoin de ne pas tomber dans le rythme de l'adversaire En 2008, le match Tunisie-Cameroun, comptant pour les quarts de finale de la CAN, s'est soldé dans les arrêts de jeu sur le but de M'Bia. Ce fut une rencontre bien disputée entre deux équipes qui n'ont rien lâché, mais où les Camerounais furent plus réalistes. Entretemps, les «Lions indomptables» n'ont pas changé leur effectif. Les Eto'o, M'Bia, Song, Emana, Njitab et Kamiri sont toujours là comme patrons indiscutables. Pour nous, l'équipe qui joue la CAN 2010, est assez différente. L'ombre d'un Yassine Chikhaoui, magistral pour ce Cameroun-Tunisie 2008, est fort présente. Ce joueur, que l'on croit le plus doué de sa génération, reste irremplaçable jusqu'à aujourd'hui. Ceci n'empêche que l'équipe de Faouzi Benzarti ne manque de jeunes talents. Ces talents manquent encore d'exercice et de «terrain» à l'échelle africaine. Elle l'a bien montré en cette CAN 2010 où elle n'était pas capable de faire valoir son talent et d'aller prendre le dessus sur des adversaires qui n'étaient pas si impressionnants que cela. Pour le match de ce soir, la donne est très simple : ça passe ou ça casse! Nous aurons certainement du mal à remplacer Darragi et M'sakni, deux joueurs créateurs et capables d'aller porter le danger. C'est une contrainte technique à laquelle Benzarti est tenu de trouver une solution en urgence. Quel rôle à Dhaouadi? Nul doute que l'équipe de Tunisie aura un capital technique moins élevé que d'habitude. Il est difficile de compenser le vide laissé par le duo M'sakni-Darragi. Tout le profil de la sélection va donc changer. Deux points sont alors à retenir. Le premier est que l'équipe de Tunisie, et conformément à ce qu'elle a montré face au Gabon et à la Zambie, aime jouer en vitesse, c'est-à-dire qu'elle n'a pas montré des signes de jeu construit et réfléchi. On essaye de déborder vite sur le couloir droit surtout (où se trouve Dhaouadi), pour trouver aussi vite Chermiti. On essaye aussi de déclencher des courses rapides avec des passes en profondeur. La «verticalisation» du jeu est une option tactique pour les équipes qui ont des joueurs rapides et qui aiment déstabiliser leurs adversaires avec un minimum de passes et une recherche systématique du jeu direct. Les transversales pour les attaquants sont alors une composante principale dans cette option. Etant la fragilité de la défense camerounaise et la lourdeur de Song et N'jitab dans les duels, le jeu vivace et les courses vont nous permettre de créer des espaces et d'avoir des positions de tir très intéressantes. Deuxième point technique, c'est le rôle qu'on va confier à Dhaouadi, le seul atout offensif à notre avis capable de peser. Continuera-t-il de jouer à droite ou passera-t-il (même par moments) à gauche? C'est un point essentiel dans la configuration offensive. Le placement de Ben Saâda et de Jemaâ est aussi quelque chose d'inconnu. Si Dhaouadi est en grande forme, il pourra chercher avec ses courses et la qualité de ses centres, le décalage et les fautes. Jemaâ et surtout Ben Saâda, très utile dans la récupération de la seconde balle, seront alors deux atouts de soutien très précieux pour Dhaouadi. Nous attendons également que les latéraux — en premier lieu Mikari — fassent un effort pour épauler les milieux dans leur travail. C'est un match où il faudra prendre des risques et où il faudra aussi croire en son étoile. Equilibre tactique oui, mais que l'on essaye au moins de ne pas avoir peur du Cameroun!