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Duel entre piété et pulsions
Ramadan
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 07 - 2012

Ramadan est là, chargé d'une «baraka» dont on a vraiment besoin. Ce huitième mois du calendrier de l'Hégire marque la révélation du Coran; un privilège divin accordé au Prophète Mohamed. Depuis, Ramadan se définit comme le mois saint propre à la communauté musulmane; un mois où il nous est recommandé de jeûner du lever au coucher du soleil, pour évaluer et prendre du recul avec ce que nous faisons, prendre connaissance des délices dont nous jouissons au quotidien et dont on a l'habitude de passer sous silence leur importance sur notre bien-être, voire notre existence. Le jeûne, outre sa qualification de prière, faridha, s'avère un test intelligent, nous permettant de mesurer notre aptitude à résister aux instincts et aux pulsions qu'on a souvent du mal à canaliser. Grosso modo, s'il existe un terme résumant le moisque les ménages s'organisent du mieux qu'ils peuvent pour peindre la maison, acheter de nouveaux ustensiles de cuisine dans lesquels sera concocté, un mois durant, un festin royal. Les femmes, accompagnées de leurs époux, se dirigent, comme hypnotisées, vers les marchés et les grands espaces commerciaux, pour acheter, en quantités phénoménales ,toutes les denrées qui leur passent sous les yeux, «pour que ma cuisine ne manque de rien durant le mois de Ramadan», tentent-elles de justifier une avidité insensée.
Au premier jour de Ramadan, la rupture brusque avec les habitudes quotidiennes ponctuées par la consommation s'avère rude. Pas d'express serré pour bien se réveiller, pas de croissant chaud ni de jus frais. Pas de cigarettes surtout, ni de chicha... Les hommes rejoignent leurs boulots «vexés» par la frustration. Les femmes, elles, s'impatientent, déjà, de mijoter le premier festin du soir.
La matinée semble se rallonger à l'infini. La canicule accentue la sensation de soif, de fatigue. L'irritabilité de l'Homme moderne, en proie en permanence au stress, se trouve peu à peu excitée par la dure épreuve, celle de résister aux tentations. Pour liquider le temps qu'on a tendance à trouver long, certains se rassemblent en petits groupes pour discuter de tout et de rien, médire parfois de X et de Y; un péché «blanc», sûrement, sans grande importance. Si certains arrivent, un tant soit peu, à être zen, d'autres, d'un tempérament plus fougueux, éclatent leurs frustrations (elles sont plurielles), leur colère, leur irritabilité hystérique au grand jour au détriment du premier venu. Les querelles se déclenchent pour un oui, pour un non, pour un silence déplacé. Dans un contexte favorable, comme le métro ou le marché, les badauds pourraient facilement bénéficier d'un sketch coup-de-poing. Mais bon, ils ne sont pour rien dans tout cela. C'est elle, hchichet romdhane ( encore un féminin), qui en est la cause.
La matinée s'allonge, l'aprés-midi encore plus. La sieste devient alors le seul refuge contre la soif, la faim et l'épuisement des forces. Les jeunes gâtés pointent devant le petit écran, pour regarder les émissions de cuisine, les feuilletons dernier cri. Les femmes, quant à elles, retroussent les manches et attaquent les préparatifs du dîner. D'un geste à la fois contraint et machinal, elles trient le persil, vérifient la cuisson de la soupe, trempe les tranches de pain dans la sauce piquante pour la salade-banquets, mijotent un délice sucré pour la soirée, assaisonnent le rôti, vérifient la sauce aux pâtes, le tout, sans avoir à goûter la salinité des mets, mystère...
D'autres ménages, bien plus avisés, ne sacrifient point les sorties spécial été. Les plats cuits à l'avance, ils se dirigent en famille à la plage où ils passent d'agréables moments et rentrent une heure avant la rupture du jeûnes pour mettre la table, étancher enfin leur soif et mettre fin à leur faim.
Le soulagement intervient avec l'appel à la prière d'El Moghreb. Là, comme par coup de magie, la sérénité, la bonne humeur, la joie même rejoignent les cœurs. Qu'il est bon de succomber aux pulsions !
Après un bon café turc parfumé à l'eau de fleur d'oranger ( une touche de zhar, de chance), accompagné d'une cigarette tant désirée, le Tunisien se détend. Impatient de découvrir enfin la production dramatique annuelle, limitée à Ramadan pour des raisons, semble-t-il, budgétaires, il suit, feuilleton après feuilleton, sit-com, caméra cachée, soirées d'animation. Les plus pieux se dirigent vers la mosquée pour les prières d'Ettaraouih. Ils s'adonnent, également, à des récitals de Coran qui peuvent durer jusqu'à la prière de l'aube. Le farniente s'avère langoureux, pour d'autres, ponctué çà et là par des sucreries traditionnelles.
Le duel entre la piété et les pulsions semble nul, voire inexistant. Mais la baraka sera toujours là, parce que Dieu est Clément, et parce que les Tunisiens ont un bon cœur.


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