La conjoncture actuelle, marquée par des menaces tant intérieures qu'extérieures, nécessite une refonte totale de l'appareil sécuritaire du pays Dire que l'appareil sécuritaire du pays piétine aujourd'hui serait franchement trahir la vérité. Prétendre aussi qu'il a perdu l'essentiel de son efficacité et la totalité de sa crédibilité relève sans doute de l'ignorance. Bien évidemment, tout ne baigne pas dans l'huile et les revers essuyés sont parfois fréquents, comme nous l'avions démontré dans un précédent article. Mais, ce qui est non moins sûr, c'est ce léger mieux que ne cesse d'afficher le rendement des différentes unités des forces de sécurité intérieure. En attestent moult signes qui ne trompent pas, tels que la superbe sortie de vendredi dernier, l'augmentation sensible du nombre de descentes, d'arrestations et de saisies, ainsi que le retentissant coup de filet ayant entraîné la capture du numéro deux des salafistes. Bref, l'embellie est là, et elle a même de quoi mettre du baume au cœur, mais... Obligation de résultat Effectivement, il y a un «mais», dans la mesure où on a encore du pain sur la planche au ministère de l'Intérieur où tout reste à faire et refaire pour espérer frôler la perfection en matière de sécurité. En effet, outre la nécessité de maintenir la pression dans la gestion des affaires courantes de la criminalité, du banditisme et des trafics en tous genres (drogue, contrebande...), il faut reconnaître qu'une meilleure efficience est vivement recommandée dans le domaine — ô combien sensible — des renseignements. Chargé du rôle ingrat le plus étroitement lié à la sûreté nationale du pays, ce département est aujourd'hui appelé à relever de nouveaux défis autrement plus importants et menaçants, à savoir : — Primo : la poussée galopante et dangereuse du salafisme. Ce dernier gagne toujours du terrain et son «number one» court toujours... — Secundo : les défis extérieurs (menaces d'Al Qaïda et d'espions étrangers) — Tertio : la baisse de «la cote de crédibilité sécuritaire» dont on s'enorgueillissait jusque-là auprès des Etats-Unis, suite à l'attaque de l'ambassade US. Pour toutes ces raisons, la restructuration des services de renseignements est devenue une urgence, voire un mal nécessaire. Quitte à chambarder cette structure de fond en comble. Quitte à prendre des décisions dans la douleur. Et là, nous restons persuadés que ce département névralgique doit être doté d'un service de renseignements en bonne et due forme. Un vœu partagé par la majorité des experts en sécurité, ainsi que par la militante Sihem Ben Sedrine. Aux dernières nouvelles, l'idée a fleuri dans les locaux du ministère, dans le cadre d'une nouvelle stratégie préventive actuellement en état d'élaboration. Et le plus tôt serait le mieux.