L'intervention radiotélévisée de Hamadi Jebali, chef du gouvernement provisoire, continue de susciter des réactions en chaîne. Nous-mêmes, au journal La Presse, avons consacré à cet événement tant attendu une réaction publiée à chaud le lendemain même de cette intervention. Dans notre édition du dimanche 30 septembre dernier, nous avons fourni à nos lecteurs des éclairages sur la défaillance de la stratégie de communication du chef du gouvernement. Traitant ce même événement, nous avons recueilli les réactions d'un certain nombre d'hommes politiques, que nous avons publiées dans notre édition d'hier. Seulement voilà, ces réactions ont été recueillies auprès de trois formations appartenant à l'opposition. Nos contacts avec les représentants de la Troïka, ce jour-là, se sont avérés infructueux pour des raisons d'emploi du temps des personnes touchées. Dans un souci d'équilibre et de déontologie, nous rendons compte ci-après des réactions de membres de la Troïka. Il s'agit, en l'occurrence, de MM. Ajmi Lourimi, membre du bureau exécutif d'Ennahdha, et Mohamed Abbou, secrétaire général du CPR. Ajmi Lourimi, membre du bureau exécutif d'Ennahdha : Un discours rassurant et responsable Comme prévu, le chef du gouvernement a réagi positivement aux différentes initiatives, et plus particulièrement à celle de l'Ugtt. Il a renouvelé la disposition du gouvernement à dialoguer avec les différents acteurs du paysage politique national et sa volonté de voir la phase transitoire s'achever le plus tôt possible dans l'objectif de parvenir à des institutions permanentes et stables. Il a exprimé clairement la position du gouvernement qui considère que le dernier mot revient à l'Assemblée nationale constituante, appelée à accélérer la finalisation du texte de la Constitution. L'intervention du chef du gouvernement a comporté une lecture optimiste de la situation dans le pays ainsi que du processus démocratique engagé depuis la révolution. A son actif aussi, sa franchise quant aux difficultés qu'affronte le gouvernement, surtout que sa période de gestion des affaires du pays est assez courte pour pouvoir satisfaire les attentes populaires. Quant au dialogue national, je pense que le gouvernement ne peut pas discuter avec ceux qui doutent de sa légitimité et qui se sont placés d'eux-mêmes à l'écart du contexte du consensus. D'autre part, je trouve que le discours de M. Jebali a été un discours rassurant et responsable puisqu'il a réaffirmé l'engagement du gouvernement à imposer le respect de la loi et la protection des libertés, ce qui constitue une réponse idoine aux préoccupations des créateurs, des intellectuels et des artistes. C'est aussi un engagement ferme selon lequel le gouvernement s'opposera à ceux qui ne respectent pas le mode de vie des Tunisiens et le droit des créateurs à exercer leurs activités dans la liberté totale. Mohamed Abbou, secrétaire général du CPR : Deux messages pour l'avenir L'intervention du chef du gouvernement provisoire a comporté deux messages qui méritent d'être soulignés, parce que très importants. D'abord, la nécessité de parvenir à un consensus quant à la date de la finalisation du texte de la Constitution et de la création de l'instance des élections. Pour nous, il est très important que M. Jebali insiste sur cette question. Ensuite, la nécessité impérieuse pour tout le monde de respecter les lois en vigueur. Il est vrai que cette position intervient un peu tard mais il est nécessaire de reconnaître les réalités, même si elles sont dures. Nous disons oui à la révolution pour changer les choses. Nous disons également non à l'anarchie et aux dépassements. Nous pouvons avoir des positions différentes sur tout, sauf sur le respect de la loi. Quant au dialogue national sur l'après-23 octobre, nous soutenons l'initiative de l'Ugtt qui a exprimé son attachement à demeurer à l'écart des tiraillements politiques et des calculs partisans. Cette initiative a pour objectif de mettre en place un cadre pour le dialogue et le consensus sur les questions en suspens, d'une part, et d'aboutir à un accord sur la feuille de route à mettre en place. Au CPR, nous estimons que les participants à ce dialogue doivent provenir des partis politiques représentés au sein de la Constituante et de ceux qui ont signé le document de la transition démocratique (dont certains n'ont pas de sièges au Bardo). Quant à Nida Tounès, il n'est pas représenté à la Constituante et il n'était pas encore né lors de la signature du document de la transition démocratique.