• Renforcement de l'apprentissage et de la formation en alternance ''Les perspectives et enjeux de la formation professionnelle en Tunisie'', tel est le thème d'un atelier de travail tenu, hier, à Tunis, à l'initiative du ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi et de l'Agence française de développement (AFD). Présidant l'ouverture de cet atelier, M. Mohamed Agrebi, ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, a souligné que la Tunisie, premier pays de la rive sud ayant signé un accord d'association avec l'Union européenne, est persuadée que la formation des ressources humaines, source de création de richesses et d'emploi, est la voie la plus sûre de l'intégration économique de la zone euroméditerranéenne. Il a passé en revue les axes majeurs du développement de la formation professionnelle dont en particulier le renforcement de l'apprentissage et de la formation en alternance, la promotion de la qualité de la formation professionnelle par les certifications de niveau international et par la création de centres d'excellence, outre l'approche partenariale dans le développement de la formation contractuelle. La Presse — Au cours de cette rencontre scientifique, les partenaires tunisiens et français ont parlé du rôle des partenariats et des modes de gouvernance dans les secteurs économiques. Les questions de l'offre et de la demande en matière de formation professionnelle et son financement ont été au centre des interventions. De même, les participants ont évoqué les voies d'amélioration de l'efficacité et de la qualité de la formation professionnelle et les méthodes fiables pour l'amélioration de son image chez le public. La Tunisie a engagé, depuis 1996, une réforme en profondeur du système de la formation professionnel. Un projet de mise à niveau du secteur a été mis en place avec la création d'un important dispositif de centres de formation professionnelle. Cette volonté politique s'est traduite par un investissement important dans les infrastructures et les équipements, le renforcement des ressources humaines, la rénovation des programmes avec adoption de l'approche par compétences, et les changements des modalités organisationnelles et de gouvernance. Entreprise et employabilité «Dans la foulée de son accord d'association avec l'UE, la Tunisie a lancé dès 1996 une vaste réforme. Il s'agit notamment du programme national de mise à niveau de la formation professionnelle et de l'emploi pour rendre le système de formation plus efficace et plus adapté aux besoins des entreprises. L'amélioration de l'employabilité et l'adaptation des compétences à l'évolution des technologies figurent également parmi les objectifs de ce programme ambitieux», indique M. Roger Goudiard, directeur de l'Agence française de développement. Les efforts consentis par la Tunisie pour promouvoir le système éducatif, y compris la formation professionnelle, sont très importants. 25% du budget de l'Etat et 7% du PIB sont alloués, chaque année, à la formation et à l'enseignement supérieur. «Mais, le défi reste considérable avec une population en âge de travailler qui va continuer à s'accroître de 140.000 personnes par an dont 40.000 issues des centres de formation professionnelle, alors que la croissance crée environ 80.000 emplois par an», a ajouté M. Goudiard. Selon le responsable français, la Tunisie a les cartes en main pour bâtir un modèle conceptuel autour des mots clés «entreprises», «employabilité», «formation professionnelle», «enseignement supérieur technique», dans une logique de partenariat public. Par ailleurs, il y a lieu de relever que les partenariats externes sont féconds. On cite, dans ce registre, la coopération entre les centres tunisiens et leurs homologues français. C'est une expérience potentiellement fructueuse. M. Mouldi Bédoui, directeur des relations avec les entreprises au ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi, a indiqué que l'atelier s'inscrit dans le cadre de l'application de la stratégie de la formation professionnelle 2010-2014 et du point 15 du programme présidentiel. «Le premier défi est la protection de nos acquis en matière de formation professionnelle. Ensuite, il faut valoriser ce système pour atteindre les normes internationales, surtout que les investisseurs étrangers demandent une main-d'œuvre qualifiée et compétente. De leur côté, nos entreprises exportatrices sollicitent de plus en plus des jeunes qualifiés», explique M. Bédoui. Réactivité centres de formation-entreprises Une étude d'évaluation de la filière a été élaborée avec l'AFD. Le but est d'identifier des solutions pour les problématiques du secteur. Une sous-étude comparative avec l'expérience marocaine a montré qu'en Tunisie le partenariat entre les entreprises et les centres de formation est réussi. La formation professionnelle au sein des sociétés dépasse 80%. «Notre objectif est de renforcer ce partenariat pour atteindre 100% et améliorer la qualité de cette formation. Dans cette orientation, nous optons pour l'installation des conseils de formation au sein des entreprises», souligne M. Bédoui. Dans cette même logique, le ministère de tutelle encourage l'adoption de méthodes fiables pour assurer une réactivité permanente entre les centres de formation et les entreprises. Cette stratégie vise la mise en place de pôles d'excellence en matière de formation professionnelle tout en intégrant tous les niveaux de formation impliquant les professionnels et en nouant des partenariats forts avec les centres européens homologues. Actuellement, cinq filières, notamment l'agroalimentaire, la télécommunication, le bâtiment, la mécanique et l'électronique, ont été choisies pour le démarrage de l'expérience des centres d'excellence. Deux régions, Tunis et Bizerte, sont concernées par cette première étape. «Les critères comme la coopération active entre la profession et l'administration, une relation avec un centre homologue européen interviennent dans la sélection des centres d'excellence. Pour le choix d'un centre homologue, l'expérience a démarré avec la France. Mais, les centres nationaux peuvent avoir des relations de partenariat avec d'autres pays comme l'Angleterre et le Canada», a précisé le responsable tunisien. Ainsi, la stratégie nationale 2010-2014 vise à atteindre une capacité de formation professionnelle de 140.000 jeunes. Elle suivra l'intégration de ces jeunes dans le milieu du travail et accompagnera ceux qui choisissent de créer leurs propres projets. Tout le processus de la culture d'entrepreneuriat sera mis en place dans les différents centres de formation. Le système actuel de formation permet aux jeunes d'avoir les trois niveaux de formation et probablement des ingénieurs. Toutefois, l'application de cette stratégie nécessite un grand travail de sensibilisation et de valorisation des métiers auprès des jeunes et des parents.