De notre envoyé spécial à Alexandrie Sami AKRIMI La Révolution, tout le monde la souhaitait, tout le monde en a peur aujourd'hui! Ça fait un peu bizarre de revenir en Egypte.Que pouvait-il en effet arriver à un peuple brimé par ses gouvernements et par la fatalité? Pas grand-chose. Ou plutôt si : Oum Kalthoum, une victoire controversée en octobre 1973, des écrivains, Abdelhalim, Faïza Ahmed, Abdelmottaleb, Cheïkh Imam. Quelques victoires d'Al Ahly, d'Ezzamalek ou d'Al Ismaïlia... Puis ce quotidien bouffe tout de cet habitant du Nil qui se bat pour Al aïch (le pain), sa survie et celle de ses enfants. Avant et après la révolution, la vie n'a jamais été un long fleuve tranquille pour nos frères d'Egypte. Il y a plein de crocodiles dans le Nil et ils ont fini par tout bouffer. Quelle belle révolution! Quelle belle revanche sur les pharaons des temps modernes! J'étais heureux et fier en foulant à nouveau le sol de l'Egypte. Deux révolutions sont passées par là. Ou plutôt quatre, même si la quatrième (celle syrienne) est plus tragique que la troisième (celle libyenne) et la seconde, celle égyptienne, plus meurtrière que la première, la nôtre, celle tunisienne. Mais qu'importe, Tunisiens, Egyptiens, Libyens et Syriens ne sont pas à un sacrifice près. L'important, c'est que le temps des humiliations est à jamais révolu et que les apprentis tyrans y repenseront à deux fois avant de penser à aliéner leurs peuples. Nous en avons presque oublié que nous sommes là pour la finale de la plus belle des coupes africaines. Al Ahly-Espérance : vous vous rendez compte du génie du destin! A la différence que, cette fois-ci, les politiques n'ont rien à voir dans l'affaire, ne pourront rien récupérer et qu'ils sont face à leurs responsabilités. Faire de la sorte que cela se passe bien à Alexandrie comme à Tunis, même si ce n'est pas évident, quelques apprentis-sorciers, illuminés et voyous de tous bords ayant confondu révolution et anarchie, manifestation de joie et violence, foot et guerre. On multiplie les gestes... Visas gratuits pour les journalistes tunisiens dont quelques-uns ont été reçus par l'ambassadeur d'Egypte en Tunisie; arrivé en léger retard à l'aéroport de Tunis-Carthage, votre serviteur n'aurait jamais embarqué sans le consul égyptien, démenti catégorique du directeur technique d'Al Ahly, Houssam Badry, d'avoir accordé une interview au journal tunisien Assabah et d'avoir attaqué Tarak Bouchammaoui (président de la Commission centrale de l'arbitrage à la CAF) et de l'avoir accusé de favoriser l'Espérance. Respect pour Tarak Bouchammaoui, respect pour Nabil Maâloul, respect pour l'Espérance. Ce serait tout de même dommage qu'on en arrive au pire entre Al Ahly et l'Espérance. A Alexandrie ou à Radès. Mais ce sera une confrontation entre hommes, virile et sans merci. Habitué à être favori, Al Ahly ne l'est pas cette fois-ci, mais ne nous y trompons pas : grand d'Egypte et d'Afrique, Al Ahly l'a été, l'est et le sera toujours. Tout comme cette Espérance aux dents longues et à l'ambition dévorante. Il est 11h00 du soir au Caire, bruits de sirènes pour les préparatifs «d'Al Maliounia Assalafia». En Egypte comme en Tunisie, on est saoul de révolution et de liberté. Attention au réveil!